« On ne peut pas laisser mourir ce foyer, c’est le patrimoine de la Nouvelle-Calédonie » : Interview de Lydia Galuola, calédonienne engagée pour sauver le Foyer de Montpellier

Lydia Galuola, présidente de la La Case Calédonienne de Montpellier (photo : Jean-Luc Uedre) / Pendant les travaux de rénovation de mars 2022, des dizaines de bénévoles ont donné de leur temps et de leur énergie. (photos : FB)

« On ne peut pas laisser mourir ce foyer, c’est le patrimoine de la Nouvelle-Calédonie » : Interview de Lydia Galuola, calédonienne engagée pour sauver le Foyer de Montpellier

Depuis plus de 50 ans, c’est un lieu d’accueil incontournable pour les étudiants originaires du caillou établi à Montpellier, aujourd’hui le foyer calédonien est esquinté par le temps, plus personne ne s’y rend. La présidente de l’association La Case Calédonienne de Montpellier (LCCM), Lydia Galuola, nous éclaire sur le devenir de cet endroit et son combat pour préserver ce patrimoine de la Nouvelle-Calédonie.

« C’est pour l’intérêt public et les étudiants calédoniens que je me suis engagée ». Lydia Galuola a été élue présidente du bureau de la LCCM en 2021. À son arrivée, elle déplore l’état d’un foyer vétuste et abîmé par le temps, abandonné par les autorités : « d’année en année le foyer s’est dégradé. En 2020, il a failli être fermé définitivement, du fait de son état et des plaintes du voisinage liées aux nuisances sonores. Les anciens membres de l’association ont fait preuve de négligence. Et le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie n’a pris aucune mesure pour limiter la casse ».

Foyer Calédonien de Montpellier (photo : Lydia Galuola) 

Propriété de la Nouvelle-Calédonie, c’est en décembre 1972 que le foyer des étudiants calédoniens de Montpellier est inauguré. L’objectif de cette structure était d’accueillir et de proposer un hébergement provisoire pour cette population, afin de faciliter leur installation dans l'hexagone. Une association d’étudiants calédoniens est devenue gestionnaire à part entière du foyer. Aujourd’hui, cette fonction, c’est l’association LCCM qui l’assure, faisant du foyer son siège social.

Le foyer du « vivre ensemble »

Situé dans le quartier du « Plan des 4 Seigneurs » au Nord de Montpellier. C’est en 2022, au moment de la célébration des 50 ans du foyer, que Lydia Galuola se rend compte du poids historique que ce lieu porte pour la Nouvelle-Calédonie. « Je me suis intéressée à l’histoire de l’endroit, j’ai pris conscience des enjeux et je me suis dit qu’on ne pouvait pas gâcher tout ça. Ce terrain nous a été donné dans les années 70 par la ville de Montpellier, il faut entretenir ce lien historique qui rattache cette commune à notre territoire. On ne peut pas laisser mourir ce foyer, c’est le patrimoine de la Nouvelle-Calédonie ».

Pendant les travaux de rénovation de mars 2022, des dizaines de bénévoles ont donné de leur temps et de leur énergie. (photos : FB) 

La présidente de la LCCM souligne que durant des décennies, le foyer a été un lieu de rassemblement et de convivialité : « après la période des événements en Nouvelle-Calédonie, la paix s’est construite dans ce foyer. Toutes les ethnies se rassemblaient ici. Peu importe le statut des gens, militaires et étudiants ou encore famille, c’était le lieu du vivre ensemble. Un endroit qui rassemblait les calédoniens, mais pas uniquement. Des gens comme José Bové ou encore l’ancien maire de Montpellier Georges Frêche, ils étaient tous familier du foyer. Les sculptures qui ornent les murs de ce bâtiment témoignent de ce temps où la paix régnait ».

Un appel à la responsabilité

« Ce foyer c’est un symbole d’ordre et de discipline, vous n’avez pas attendu qu’on vienne vous bouger, vous vous êtes pris en charge. Je suis impressionné de votre engagement pour ce foyer, maison de tous les Calédoniens. Je vous en félicite ». C’est ce qu’avait déclaré le sénateur Robert Xowie au moment de sa visite sur les lieux, le 24 avril dernier. En effet, Lydia Galuola, accompagnée d’une équipe de bénévoles déterminés ont entrepris des travaux de rénovation du foyer en mars 2022. « Avec l’association, notre objectif est de faire en sorte que ce lieu puisse de nouveau accueillir et recevoir les gens ». Par l’organisation de tournois sportifs et d’autres ventes, la LCCM a financé elle-même, les coûts de ces travaux, au détriment d'autres projets associatifs. 

Rencontre entre Lydia Galuola, présidente de la LCCM et le Sénateur Robert Xowie en visite au foyer le 24 avril dernier. (Photo : Jean-Luc Uedre)

Courant 2023, face à l’épuisement des bénévoles, la présidente décide d’en appeler à la responsabilité du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, propriétaire du foyer. Un projet de réhabilitation émanant de l’association a été proposé au gouvernement. Trois pistes de réflexions sont envisagées : la rénovation totale d’une part. La démolition de l’édifice, puis la construction d’un nouveau bâtiment avec un étage d’autre part. Ou encore la revente intégrale de la parcelle du foyer et de la bâtisse, pour possiblement acquérir un autre terrain. Peu importe l’issue de ce projet, pour la présidente une chose est sûre : « l’association doit continuer d’être l’utilisateur principal et prioritaire du foyer. On est capable, et on ne cesse de le démontrer » affirme Lydia Galuola. . 

Regard positif tourné vers l’avenir 

Le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie assure que le dossier est en cours de traitement. L’institution a d’ores et déjà annoncé qu'il y aura un remboursement des factures avancées par l’association dans le cadre des rénovations engagées. De même qu’un interlocuteur privilégié présent à Montpellier a été nommé par le gouvernement en janvier 2024, pour faire le lien entre les doléances de l’association et l’exécutif. 

« Grâce à cet interlocuteur, on est en communication permanente avec le gouvernement, c’est une bonne chose » confirme Lydia Galuola. Elle comprend que le dossier du foyer prend du temps « il y a d’autres priorités pour le gouvernement surtout avec la situation actuelle de la Nouvelle-Calédonie. Mais je suis positive de la tournure que prend le dossier ». Affaire à suivre…

Jean-Luc Uedre