Le Guadeloupéen Bertrand Dicale commissaire d’une exposition sur les musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française

Bertrand Dicale ©Radio France

Le Guadeloupéen Bertrand Dicale commissaire d’une exposition sur les musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française

Du 19 juin 2024 au 5 janvier 2025, le Centre des monuments nationaux et la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts vont célébrer la langue française à travers une exposition intitulée « C’est une chanson qui nous ressemble, succès mondiaux des musiques populaires francophones ». Le journaliste d’origine guadeloupéenne Bertrand Dicale, qui présente entre autres, depuis 2010, sa fameuse chronique « Ces chansons qui font l’actu » sur France info, sera le commissaire de cet événement.

Bertrand Dicale était la personne idoine pour organiser cette exposition. Il explore en effet depuis plusieurs décennies les musiques populaires francophones. Outre « Ces chansons qui font l’actu », il a présenté des séries documentaires quotidiennes en été (« Ces chansons qui font l’histoire », « Derrière nos voix », « Un été 68 »), réalisé « La vie secrète des chansons » pour France 3 et des documentaires (sur Juliette Gréco et l’Olympia). Il est également l’auteur d’une trentaine de livres, partagé entre biographies (Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Charles Aznavour, etc.) et d’ouvrages critiques (« Le Dictionnaire amoureux de la chanson française » et « Ni noires, ni blanches, histoire des musiques créoles » notamment).

« Le français est à la fois une langue de prestige, de littérature, de diplomatie et de tradition mais aussi une langue populaire mondiale », explique Bertrand Dicale dans le dossier de présentation de l’exposition. « Je suis de culture bilingue parce que francophone et créolophone. J’ai toujours considéré la langue française comme une bénédiction absolue, je suis extrêmement heureux de parler cette langue. Je la vois comme une proposition offerte au monde d’avoir une certaine manière de nous relier. Ce que porte très bien la chanson. »

Le titre de l’exposition a été repris des « Feuilles mortes », une chanson du poète Jacques Prévert (1900-1977). Pour Bertrand Dicale, « C’est une chanson qui nous ressemble » est réellement une espèce de prescience de Jacques Prévert, parce que Les Feuilles mortes n’a d’abord pas été un succès. Cette chanson qui raconte une histoire de couple avec nostalgie et mélancolie est un prototype de la chanson moderne. Toutes les chansons en langue française qui circulent dans le monde sont aussi des discours sur la francophonie, sur la France, sur ce que Roland Barthes appelait la francité, cette façon singulière d’être amoureux, de le dire, et cette image de la liberté qui s’attache à notre patrimoine ».

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Le parcours de l’exposition recouvre quelque 400 m2, à travers cinq salles et ambiances : le Cabaret, la Rue, le Music-Hall, le Club et le Dancing. Dans la salle du Cabaret, l’on retrouvera les figures de Juliette Gréco, d’Aya Nakamura, du Guyanais Henri Salvador ou de Georges Moustaki. Dans les objets emblématiques présentés, des disques d’or et de platine d’Aya Nakamura, l’artiste française la plus écoutée dans le monde actuellement et qui a atteint des tops à l’étranger, jusque-là inaccessible à des chansons en français. La Rue sera consacrée aux libertés, combats et résistances en France à travers des chants populaires comme La Marseillaise, devenue hymne national.

La salle du Music-Hall a pour but d’incarner un romantisme français universellement reconnu, à travers notamment des chansons populaires d’Édith Piaf, dont la vie fut marquée par de nombreuses épreuves et qui connut le succès aux États-Unis. Le Club veut montrer que la langue française peut jouer un rôle de création, d’innovation et d’avant-garde dans l’actualité de la pop culture, avec par exemple Françoise Hardy dans les années soixante, ou plus récemment le célèbre Stromae. La salle du Dancing fait la part belle aux cultures issues de la colonisation, et entre autres celles issues des cultures créoles. Le français devient ici langue-monde et entremêle les héritages.

On pourra y admirer la guitare en forme de continent africain de Jacob Desvarieux (1955-2021), l’un des fondateurs et leaders du groupe Kassav’, créateur d’une musique, le zouk, qui allait déferler sur les Antilles, l’Afrique, l’Amérique latine, l’océan Indien puis le monde dans les années 80 avec une rythmique puissante et novatrice. Jacob Desvarieux commanda cet exemplaire unique de guitare en configuration « Afrique » au luthier français Jacobacci au début des années 90. On la voit notamment dans le film « Siméon » de la Martiniquaise Euzhan Palcy, dans lequel il joue son propre rôle.

PM