Polynésie : 105 ans après, les honneurs militaires à deux « poilus » tahitiens

©Capture / Radio 1 Tahiti

Polynésie : 105 ans après, les honneurs militaires à deux « poilus » tahitiens

Les honneurs militaires ont été rendus aux dépouilles de deux soldats tahitiens engagés en 1916 et dont les tombes ont été retrouvées récemment à Sydney, avant leur inhumation avec les honneurs militaires dans le mausolée de l’Union des anciens combattants du cimetière de l’Uranie. Pour les militaires et les anciens combattants qui ont contribué à leur retour, le sentiment du devoir accompli ; pour les familles Maurirere et Teamo, la joie de voir les leurs reconnus et revenus au fenua. Un reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Ramenées d’Australie, les dépouilles de Mamoura a Maurirere et Tiavairau a Tamo ont quitté la base aérienne tôt ce samedi, chargées sur des véhicules qui sont passés devant le mur des Poilus, puis le monument aux morts de l’avenue Pouvanaa a Oopa, avant de se diriger vers le cimetière de l’Uranie. Plusieurs dizaines de membres des familles étaient présentes, ainsi que le haut-commissaire Dominique Sorain, le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, le président Édouard Fritch et de nombreux représentants des associations d’anciens combattants. 

Le cortège a été accueilli par un retentissant haka des volontaires du RSMA, avant de remonter l’allée principale de l’Uranie vers le mausolée de l’Union des anciens combattants. « C’est une aventure extraordinaire pour ces deux soldats et leurs familles, parce que pendant un siècle on n’a plus entendu parler d’eux (…). C’est un juste retour des choses qu’ils reviennent chez eux et qu’ils soient enterrés ici », dit Édouard Fritch.

Dans les familles, on savait que ces ancêtres étaient partis à la guerre et qu’ils étaient décédés en Australie, mais ce n’est que récemment que les tombes ont été localisées à Sydney. Dans la famille de Maurirere, on compte plusieurs militaires, dont certains étaient présents. Le propre fils du défunt, qui n’était qu’un petit enfant quand son père est parti, est lui aussi enterré dans le carré militaire.

Le long voyage de Mamoura-A-Maurirere et Tiavairau-A-Teamo

L’histoire de ces deux soldats français commence par leur incorporation au détachement de la compagnie d’infanterie coloniale de la Nouvelle Calédonie à Papeete le 15 mars 1916 pour Tiavairau-A-Teamo et le 8 mai 1916 pour Mamoura-A-Maurirere. Ayant été déclarés aptes au service armé, ils rejoignent leur formation d’affectation : le soldat Tiavairau-A-Teamo embarque alors le 28 mars 1916 et le soldat Mamoura-A-Maurirere le 9 mai 1916 à destination de la Nouvelle-Calédonie, où ils débarquent respectivement le 19 avril et le 14 juin 1916. 

Ils vont ensuite servir la France, alors en « campagne de guerre contre l’Allemagne », sur le sol de Nouvelle-Calédonie.

Le 3 décembre, après de longs mois d'entraînement, le soldat Mamoura-A-Maurirere embarque à Nouméa sur le vapeur Gange à destination de la France. Malade, il est débarqué et hospitalisé lors d’une escale à Sydney. Après des semaines de lutte contre la maladie, il rend son dernier soupir le 31 mars 1917 et est enterré dans un cimetière civil de Sydney, le Rockwood Catholic Cemetery.

Le soldat Tiavairau-A-Teamo, également victime de problèmes de santé récurrents, est finalement réformé et réembarque à Nouméa sur le paquebot Pacifique à destination de Papeete le 1er mai 1917. Malheureusement, pendant la traversée, son état se dégrade et il doit quitter le bord pour être hospitalisé lors de son escale à Sydney. Il décède finalement le 2 juin 1917 à l’hôpital et est inhumé au même endroit que son camarade, décédé deux mois plus tôt.

Ils reposent ainsi pendant près de 100 ans, avant qu’Olivier Schillé, historien du bataillon du Pacifique, ne découvre au cours de ces recherches en 2012 que 3 poilus polynésiens sont décédés en Australie : le caporal Ceran-Jerusalemy, le soldat Mamoura-A-Maurirere et le soldat Tiavairau-A-Teamo. Le caporal Ceran-Jerusalemy sera d’abord enterré dans un cimetière civil de Fremantle avant que sa dépouille ne soit rapatriée au fenua en 2012.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti.