Pacifique : « Kivi Kuaka », une étude des oiseaux migrateurs pour mieux appréhender les catastrophes naturelles

©Kivi Kuaka

Pacifique : « Kivi Kuaka », une étude des oiseaux migrateurs pour mieux appréhender les catastrophes naturelles

Initié en 2017 par le Muséum national d’Histoire naturelle en partenariat avec les ministères des Armées et de la Transition écologique, l’AFD, l’Office français de la biodiversité et Météo France, le programme « Kivi Kuaka » a pour objectif d’évaluer la capacité de certains oiseaux migrateurs trans-pacifiques à déceler la formation et l’évolution des cyclones pour anticiper les catastrophes naturelles.

« Kivi Kuaka est un programme scientifique novateur qui souhaite étudier les éventuelles réponses comportementales des oiseaux aux cyclones, séismes et tsunamis, afin de développer de nouveaux systèmes d’alerte précoce de ces catastrophes naturelles », explique-t-on sur le site de l’opération.

« Les tempêtes tropicales et les tsunamis peuvent avoir des conséquences dramatiques sur les populations humaines et leurs biens matériels. Les changements climatiques actuels, associés à l’élévation du niveau de la mer et à l’intensité accrue des tempêtes, devraient augmenter ces impacts dans le Pacifique ».

Plus concrètement, les équipes de Kivi Kuaka vont capturer des centaines d’oiseaux migrateurs dans le Pacifique pour les équiper de balises GPS d’une nouvelle génération, qui transmettent leurs données via la station spatiale internationale (ISS). Cinq espèces ont été choisies en fonction de leurs capacités de migration : le Courlis d’Alaska (Kivi en polynésien), la Barge rousse (Kuaka en Maori), le Pluvier fauve, le Chevalier errant et la Sterne fuligineuse. 

Les balises posées sur les oiseaux collecteront également des données météorologiques qui pourraient améliorer la modélisation du climat et les prévisions météorologiques dans cet océan. Pour étudier ces espèces, des missions de terrain sont prévues en 2021 et 2022 en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande et en Alaska.

En Polynésie, l’opération a débuté en janvier dernier, avec le soutien de l’Armée. Une équipe de scientifiques a embarqué depuis l’atoll de Fakarava, dans l’archipel des Tuamotu, en direction des atolls de Tahanea, Haraiki, Reitoru, Tekokota, Tikei et Rangiroa, sites Polynésiens de migration des oiseaux pendant la mauvaise saison.

Un Courlis d'Alaska, Kivi en langue paumotu, bagué en Polynésie française ©Kivi Kuaka

Tout au long de leur mission, les scientifiques du programme ont pu bénéficier du soutien logistique du Bougainville, un bâtiment de la Marine nationale, ainsi que de l'aide et du savoir-faire d'une équipe de baleiniers et de leur baleinière, une embarcation permettant le franchissement des vagues et des barrières de corail.

Sur chacun des atolls, les scientifiques ont capturé un panel d'espèces cibles afin de les équiper de bagues d'identification et de balises avant de les relâcher. 56 oiseaux ont été équipés. Ces balises permettent de récupérer des données météorologiques et GPS qui sont envoyées à la Station spatiale internationale, et traitées par les équipes du Muséum d'histoire naturelle au sol.

Ces données permettront d'étudier le lien entre le déplacement de ces oiseaux lors de leur migration et les événements climatiques pour prévenir au plus tôt les catastrophes naturelles. Sur le long terme ce programme pourrait également contribuer à une meilleure protection des populations et à la préparation des forces armées face aux catastrophes d'origine climatique. Cette deuxième phase de terrain, qui durera jusqu’en 2022, est financée à hauteur de 400 000 euros par le ministère des Armées.