En Polynésie, plus de 2 000 personnes disent « non » aux grands projets immobiliers et hôteliers

©Nicolas Perez / TNTV

En Polynésie, plus de 2 000 personnes disent « non » aux grands projets immobiliers et hôteliers

Plus de 2 000 manifestants, selon la presse locale, se sont donnés rendez-vous ce samedi, sur une plage de l’île de Moorea, pour dire « non » aux grands projets immobiliers et hôteliers prévus sur cette île attractive en Polynésie française.

C’est une plage bien connue des touristes et des familles de Moorea et Tahiti notamment. Accessible en moins d’une heure en ferry depuis Papeete, la plage de Temae, qui fait face à l’île de Tahiti, est au cœur d’une contestation générale des grands projets immobiliers et hôteliers de « l’île sœur ». Ses habitants et les associations sportives, environnementales et culturelles de l’île émettent des inquiétudes face à la flambée des prix de l’immobilier sur cette île et la privatisation d’un lieu apprécié du public. 

Mis en vente en 2017, le domaine de 54 hectares du Sheick Hassan Enany, jusqu’ici resté ouvert au grand public, a été racheté cette année par le groupe polynésien Wane (grande distribution et hôtellerie), propriétaire du Sofitel attenant à cette grande plage, et qui souhaiterait ainsi agrandir l’hôtel en laissant une mince bande de sable de 130 mètres ouverte au grand public. Le lieu dispose également d’une route d’accès pour les habitants de Temae, où l’on trouve également un aérodrome et un golf.

Bien connue des Polynésiens, la plage publique de Temae, reste pour l'heure ouverte au public. Elle dessert aussi les habitations de Temae

« Nous sommes contre la privatisation de cet espace public que nos anciens politiques ont eu la lucidité de garder pour la population. Tous les jours, des gens profitent de cet endroit. C’est un lieu où il y a aussi de l’économie puisqu’il y a plusieurs personnes qui exploitent cet endroit. C’est tout ce qu’on demande qu’on laisse libre cet endroit que la population puisse venir tous les jours, les week-end et ainsi de suite » a expliqué Rahiti Buchin, membre du Collectif d’Associations sportives, culturelles et environnementales de Moorea, interrogé par nos partenaires de TNTV. 

Autre inquiétude des habitants de l’île : la spéculation foncière et les projets immobiliers prévus sur cette île où les prix ont déjà augmenté ces dernières années. « Se loger c’est de plus en plus cher. Ce que la CASCEM avait prédit on le vit actuellement. On vit la spéculation foncière. Sur Pae tou (un terrain vendu pour un projet immobilier) on a actuellement 2 000 m² à 119 millions. On avait prédit avec tous ces projets qu’on allait retirer du droit à la population. On va nous retirer bientôt le droit de pouvoir se baigner ici à Temae », a ajouté Rahiti Buchin. La proximité de Moorea avec Tahiti et ses paysages idylliques font d'elle une île très attractive pour le développement touristique.  

Le collectif, qui ne se dit pas opposé au projet hôtelier du groupe Wane, demande à être associé afin de préserver l’environnement de cette plage fréquentée par les habitants de Moorea et Tahiti depuis plusieurs décennies. Les discussions entre les parties sont actuellement au point mort, et les ultimatums commencent à tomber, précisent nos confrères de TNTV. En attendant, un « pou tapu » (pillier sacré) a été érigé sur cette plage, lors de cette grande manifestation qui s’est avant tout voulue culturelle. 

La manifestation culturelle contre la privatisation de la plage de Temae a rassemblée plus de 2 000 personnes selon la presse locale ©Nicolas Perez / TNTV

« Certains ont dit qu’on était incapables de réunir plus de 400 ou 500 personnes, mais on était plus de 2 000 aujourd’hui » a salué Rahiti Buchin au site Tahiti-infos. « Notre message est aussi de dire que l’argent est une chose, mais la volonté du peuple est une autre » a-t-il poursuivi, appelant la partie adverse à « s’asseoir autour d’une table avec nous pour qu’on puisse discuter sereinement et tranquillement du développement de Moorea ».