Climat, Armées, aides au Pacifique : France et Australie poursuivent la « reconstruction » d’un « partenariat ambitieux »

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Climat, Armées, aides au Pacifique : France et Australie poursuivent la « reconstruction » d’un « partenariat ambitieux »

Les ministres des Armées et de la Défense et les ministres des Affaires étrangères de France et d’Australie se sont réunis lundi à Paris autour d’une réunion en « format 2+2 », première du genre, afin de « poursuivre ce travail de reconstruction » d’un « partenariat (…) ambitieux » entre les deux pays.

« Nous portons une communauté de valeur en tant que pays démocratiques profondément attachés au respect de la règle de droit, de l’ordre international, fondé sur notre charte commune, celle des Nations Unies » a déclaré Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse ce lundi à Paris, en compagnie de son homologue australienne Penny Wong, mais aussi des ministres Sébastien Lecornu et Richard Marles, tous deux ministres des Armées et de la Défense.

Cette réunion s’est inscrite dans la continuité de la bilatérale entre Emmanuel Macron et le Premier ministre australien, Anthony Albanese, en juillet dernier, toujours à Paris. Une réunion qui a été tenue peu de temps après l’élection d’Anthony Albanese à la tête du pays, dans le but de repartir sur de bonnes bases après l’épisode du contrat des sous-marins français. « Nous voulons poursuivre ce travail de reconstruction de ce partenariat que nous voulons ambitieux entre nos deux pays », a ainsi abondé Catherine Colonna, soulignant « un partenariat fondé sur le respect mutuel, la confiance et l’ambition ». 

Augmentation du budget de l’AFD pour le Pacifique

Expié donc l’incident diplomatique qui avait refroidi les relations entre les deux pays qui partagent plusieurs frontières communes, dont celle avec la Nouvelle-Calédonie. « Nous avons pu constater à quel points nos positions sont proches sur les grands enjeux internationaux, qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine ou des grands défis qui s’impose au monde (…) notamment dans la région indopacifique » a assuré Catherine Colonna qui, avec ses collègues, travaillait à « une feuille de route » commune, à la demande d’Emmanuel Macron et Anthony Albanese, et reposant sur trois piliers : « la défense et la sécurité, l’action pour le climat, l’éducation et la culture ».

« Nous avons convenu que nos nombreux intérêts commun (…) dans le Pacifique devaient nous conduire à faire un approfondissement de nos coopérations dans la région et avec les pays de la région, un axe transversal de l’ensemble de nos relations bilatérales » a poursuivi la ministre Colonna, annonçant que la France consacrera davantage de moyens à l’aide aux pays de la région. « Nous multiplierons cette année par 2 et demi le budget de l’AFD pour les projets dans le Pacifique » a-t-elle ainsi déclaré, ajoutant que la France prendra part pour la première fois au financement d’infrastructures avec le projet de port vert en Papouasie-Nouvelle-Guinée. 

Soutien de la France pour la COP31

Sur le climat, « le gouvernement australien a pris des engagements ambitieux » a assuré la ministre, alors que le gouvernement de l’ancien Premier ministre australien était vivement critiqué sur ce sujet. Pour Catherine Colonna, ces engagements « justifient à nos yeux la candidature de l’Australie pour accueillir la COP31 ». Soulignant une « excellente candidature », « en partenariat avec les pays insulaires et territoires du Pacifique », la ministre confirme ainsi le soutien de la France à l’Australie pour l’accueil de la COP31. 

Mandat aux Armées du Pacifique et soutien à l'Ukraine

Sur les sujets de défense et de sécurité, Sébastien Lecornu a naturellement souligné la position française dans la région, à travers la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et Wallis et Futuna, justifiant une « intimité stratégique » avec l’Australie. L’occasion donc ce lundi de « faire un point sur les opérations et entraînements en commun maritimes et aériens » dans la zone. Des entraînements et opérations nombreuses et de longues dates, couvrant à la fois la lutte contre la pêche illégale, la surveillance maritime ou encore l’aide en cas de catastrophe climatique.

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« Nous allons donner mandat à nos armées respectives de bâtir un agenda d’entraînements opérationnels pour les années qui viennent (…), regarder ce qui peut être fait, en respect de la souveraineté », à la fois de la France et de l’Australie mais aussi des États insulaires du Pacifique. Autre annonce : « La présence militaire française dans le Pacifique sud va être renforcée » avec un chapitre consacré à la région dans la future loi de programmation militaire comprenant un « renforcement des capacités navales, des transports, avec des avions de transports stratégiques » ou encore le déploiement dans la région d’avions de chasse. Les deux pays ont également conclu un partenariat commun « inédit » pour la fabrication de munitions de 155 mm à destination de l'Ukraine. 

Lettre d’intention sur le spatial

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a aussi évoqué une « lettre d’intention », signée lundi avec son homologue Richard Marles, actant un « début d’une nouvelle coopération » sur le spatial. « L’étendu des distances, les capacités à avoir une vision globale dans ce continent d’eau » font du « spatial un des points d’efforts majeurs pour nos armées ». « La taille de nos Outre-mer nous présente un défi pour assurer cette souveraineté et cette sécurité » a ajouté Sébastien Lecornu. Il a aussi rappelé se rendre à Nouméa cette année pour le Sommet des ministres de la Défense du Pacifique qui aura lieu, pour la première fois, sur le sol français.

« La France est une puissance de l’Indopacifique » a estimé la sénatrice et ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, selon qui la feuille de route développée ce lundi représente un « axe directeur pour les relations France – Australie, en particulier dans l’Indopacifique ». Richard Marles a de son côté salué le « retour de l'amitié » et de la « chaleur dans les relations France et Australie ». Le ministre australien n’a pour autant pas échappé aux questions des journalistes sur les difficultés américaines à fournir les sous-marins promis au précédent gouvernement australien : « nous attendons d’être en mesure d’acquérir ces sous-marins à propulsion nucléaires et nous y travaillons ».