Mayotte : Préserver le patrimoine mahorais à travers un concours d’écriture

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Mayotte : Préserver le patrimoine mahorais à travers un concours d’écriture

Le « Récit de vie », c’est ainsi que s’intitule le nouveau concours d‘écriture de l’association lire à Mayotte. Cette première édition a pour objectif de préserver les us et coutumes mahorais en les mettant à l’écrit et par la même occasion de dénicher des nouveaux talents. Un sujet de notre partenaire Mayotte Hebdo.

 

Écrire encore et encore pour préserver la mémoire de Mayotte. C’est en ce sens que l’association lire à Mayotte (ALIM) lance la première édition du concours d’écriture « Récit de vie ». Il est ou-vert à tous ceux qui résident à Mayotte ou qui sont originaire de l’île et qui veulent raconter une partie de leur histoire. « Il s’agit de récits qui parlent des coutumes mahoraises, ou de personnalités connues, des évènements, ou encore du vécu de l’écrivain dans le contexte local », précise Aïcha Abdallah Ali, la présidente adjointe de l’association. Ces écrits peuvent être sous forme de témoignage, de mémoire, de roman, de nouvelle, de biographie ou encore de journal intime… « C’est très diversifié parce que l’objectif est d’accroître les pratiques d’écriture chez les écrivains », indique Aïcha Abdallah Ali.

Les récits peuvent raconter une histoire vraie, mais les plus imaginatifs ont la possibilité de s’engager dans une fiction. Cerise sur le gâteau, les participants ont également la liberté de choisir leur langue de prédilection puisqu’ils peuvent rédiger en français, en shimaoré ou en kibushi. Les candidats ont jusqu’au 2 mars pour envoyer leurs manuscrits. Un jury, composé d’un auteur, d’un éditeur, d’un universitaire et d’un membre institutionnel, se réunira ensuite pour déterminer trois gagnants. Ils auront la chance de voir leurs écrits publiés par une maison d’édition locale.

Écrire pour ne pas oublier 

Les écrits n’ont jamais fait partie de la culture mahoraise. Dans ce bout de terre de l’océan Indien, l’oralité est la norme depuis toujours. Les traditions se transmettent avec la parole, mais l’occidentalisation de la société mahoraise a mélangé les mœurs et certaines de l’île ont complètement disparues. ALIM souhaite sauver ce qu’il reste pour les générations à venir en enrichissant les archives de Mayotte. « Nous ne pouvons plus nous permettre de nous appuyer uniquement sur l’oral. Il est important d’écrire sur Mayotte, encore plus aujourd’hui car beaucoup de choses se perdent. N’oublions pas que les écrits restent et les paroles s’envolent », rappelle la présidente adjointe de l’association. Les manuscrits qui seront envoyés dans le cadre du concours « Récit de vie » contribueront à préserver le patrimoine mahorais et la mémoire locale.

Des talents à faire émerger

Le dernier concours « Écrire au féminin » organisé par ALIM avait généré une soixantaine d’ouvrages. Pour l’heure, une vingtaine de candidats ont envoyé leurs textes pour cette première édition. Et l’association s’attend à en recevoir encore davantage grâce aux modalités de participation. « Maintenant, les hommes peuvent participer, ce qui n’était pas le cas avec Écrire au féminin, et nous n’avons pas de limite d’âge parce que lors du précédent concours, les très jeunes personnes nous ont offert de très beaux écrits », précise Aïcha Abdallah Ali.

Ceux qui ont peur de se lancer ou qui ont besoin d’un regard extérieur sur leurs travaux pourront participer à des ateliers d’écriture organisés par l’association à partir de la fin du mois d’octobre jusqu’à la fin de l’année. « Il y aura des écrivains qui vont aider les participants à avoir confiance en eux, à ne pas abandonner… La formation est également censée donner quelques éléments à connaître dans le travail d’écriture. » Un travail essentiel selon la présidente adjointe de l’association puisque Mayotte a des talents cachés et l’organisation des concours d’écriture permettent de les détecter. Ces écrivains en herbe qui n’osent pas se dévoiler peuvent sauter le cap puisque les manuscrits sont tous anonymes.

Par Rainat Aliloiffa pour Mayotte Hebdo