À Mayotte, l’ARS veut vacciner jusqu’à l’immunité collective

©ARS Mayotte

À Mayotte, l’ARS veut vacciner jusqu’à l’immunité collective

Lors d'un point presse jeudi après-midi, la directrice de l'Agence Régionale de Santé de Mayotte, Dominique Voynet, est revenue sur la campagne de vaccination sur l'île, désormais ouverte à toutes et à tous. Compte rendu de notre partenaire France Mayotte Matin. 

L'heure était à l'apaisement, jeudi après-midi à l'ARS, même si les portes de l'agence étaient encore recouvertes des banderoles des grévistes de la CFDT, qui dénonçaient une « ARS des copains », mais qui stopperont néanmoins leur mouvement social durant le Ramadan. Même si Dominique Voynet a évoqué cette crise interne durant la discussion, la priorité était à la situation sanitaire. 

« Le taux d'incidence reste sous les 50 pour 100 000 et le taux de positivité sous 5%, mais nous ne devons pas relâcher notre vigilance en cette période de Ramadan », a-t-elle déclaré. Hier, encore six personnes étaient en réanimation au CHM de Mamoudzou, et un décès supplémentaire a été recensé. C'est la 168ème personne trouvant la mort des suites du Covid à Mayotte (dont 113 depuis la seconde vague), tandis que l'ensemble de la France vient de dépasser la barre des 100 000 morts. 

Malgré des hospitalisations toujours présentes, Dominique Voynet semblait assez satisfaite, notamment vis-à-vis de la vaccination, désormais ouverte à toutes les personnes de plus de 18 ans sur l'île. « On a eu beaucoup de monde ces derniers jours, et nous avons dépassé la barre des 20 000 personnes vaccinées hier », affirme-t-elle. « C'est une bonne chose, car nous avons rattrapé un peu du retard que nous avions accumulé au départ, et rassurant, parce que les réticences très fortes que l'on observait sont en passe d'être dépassées ». 

Au sujet de l'ouverture de la vaccination à tous les majeurs, la directrice s'en félicite, en affirmant que « nous avions suffisamment de vaccins pour sortir des limites d'âge imposées en métropole ». « Le but est de vacciner un maximum de personnes pour atteindre l'immunité collective », continue-t-elle. « C'est dans ce but que nous avons mis en place une offre mobile, avec des camions qui vont à la rencontre de la population ». L'un de ces camions de tests Covid est d'ailleurs désormais équipé d'un congélateur, pour pouvoir vacciner celles et ceux qui viennent d'être testés.

©ARS Mayotte 

Dominique Voynet tient aussi à adresser un message aux Mahoraises et Mahorais, qui ont parfois « honte de revenir en retard pour la seconde dose du vaccin ». « Même si la date est passée, il faut revenir », leur adresse-t-elle. En effet, un délai de six semaines est aussi efficace que quatre semaines. « On n'est pas à un jour près », affirme la directrice de l'ARS, même si 80% des vaccinés reviennent pour se faire administrer la seconde dose. L'agence remarque aussi que le samedi attire plus de volontaires à la vaccination, c'est pourquoi les cinq centres de vaccination de l'île sont désormais ouverts du mardi au samedi, et non plus du lundi au vendredi. 

Dominique Voynet a enfin annoncé un programme de recherche de séroprévalence à l'échelle de Mayotte, une première en France*. Des milliers de personnes seraient alors tirées au sort pour subir un prélèvement, afin de compiler des statistiques convenables, qui pourraient servir au-delà des frontières du département. Ce projet, qui coûterait tout de même entre 1 et 1,2 million d'euros, est actuellement sur la table du gouvernement. En cas de réponse positive, le lancement de cette opération aurait lieu avant les grandes vacances 2021. 

Axel Nodinot pour France Mayotte Matin 

*Ce possible programme de recherche de séroprévalence ne sera pas une première en France. En effet, la Polynésie française, Collectivité d’Outre-mer, a déjà mené une étude de séroprévalence à son échelle. Les résultats ont conclu que 25% de la population de Tahiti et Moorea, les îles les plus peuplées, aurait eu le Covid-19