Guyane : L'Est Guyanais dispose d'une meilleure couverture vaccinale

© C.Joseph

Guyane : L'Est Guyanais dispose d'une meilleure couverture vaccinale

Une disparité marquée en Guyane concernant la couverture vaccinale. Dans l'Est Guyanais, où le contexte frontalier amène à de nombreux déplacements sur le fleuve Oyapock qui marque la frontière avec le Brésil, les taux de vaccination apparaissent bien supérieurs au reste du territoire, et ce malgré une inconnue dans l'équation, puisque des personnes vivant sur la rive brésilienne du fleuve ont pu effectuer la traversée pour obtenir un vaccin.



Selon Santé Publique France, à Saint-Georges, Camopi et Ouanary, entre 64 et 93 % des plus de 12 ans sont complètement vaccinés.
Des données qui peuvent être tempérées en raison de la situation géographique et démographique de l'Est Guyanais. À titre d'exemple, les 20 et 21 mars 2020, début de la campagne de vaccination en Guyane, 307 personnes avaient reçu leur première dose de vaccin au Centre Délocalisé de Prévention et de Soins (CDPS) de Saint-Georges, pour une région de 4200 habitants. Un nombre important comparé au reste du territoire, mais qui trouve une explication dans le fait que des habitants de la rive brésilienne de l'Oyapock avaient effectué la traversé pour bénéficier du vaccin.

Si cette donnée peut influer sur le calcul de la couverture vaccinal, Santé Publique France a effectué plusieurs calculs basés sur différents scénarios. Quel que soit le calcul utilisé, une constante demeure : l'Est Guyanais est bien mieux vacciné que le reste du territoire.

Dans le premier scénario, 30 % des personnes vaccinées au CDPS de Saint-Georges habitent sur la rive brésilienne.
Dans le second, 60 % des personnes vaccinées au CDPS de Saint-Georges habitent sur la rive brésilienne.
Dans le troisième, intermédiaire, 45 % des personnes vaccinées au CDPS de Saint-Georges habitent sur la rive brésilienne.

Au bilan, pour Santé Publique France, “sous ces hypothèses, la couverture vaccinale de la population éligible (plus de 12 ans) de l’Est guyanais varierait de 64 à 93 % pour les personnes avec un schéma complet et de 68 à 100 % pour les personnes ayant reçu une dose. Les résultats pour le scénario intermédiaire indiquent que 84 % de personnes éligibles ayant reçu une dose et 78 % deux doses".

Une différence notable de couverture vaccinale comparée à l’ensemble de la Guyane, où un tiers des plus de 12 ans sont complètement vaccinés et 37,9 % ont reçu au moins une dose.
Ces chiffres peuvent également être comparés aux résultats provisoires de la troisième vague de l’enquête sérologique Epi-Covid, menée par l’Institut Pasteur : deux tiers de la population de Saint-Georges vaccinés et les quatre cinquièmes ont des anticorps anti Sars-CoV-2.

Santé publique France insiste sur l’importance de prendre en compte le bassin de vie que représente le fleuve : “Dans un contexte de pandémie au cours de laquelle le virus circule dans toute la population de l’Oyapock, et au vu des échanges réguliers entre les 2 rives du fleuve, la meilleure approche serait de pouvoir calculer la couverture vaccinale de l’intégralité de la population résidant sur le fleuve. Dans tous les cas, les efforts d’immunisation se complètent et se renforcent mutuellement, et réduisent le risque d’une reprise épidémique ayant un impact sévère”.

Santé publique France souligne donc que “la situation début octobre 2021 est encourageante puisqu’elle montre un important effort bilatéral de la vaccination avec environ 15 000 personnes ayant reçu au moins une dose pour 34 000 résidants recensés par les deux régions frontalières, soit environ 44 % des personnes vaccinées ou en cours de vaccination”.

À noter, le très faible nombre de cas de Covid-19 diagnostiqués dans l’Est pendant les troisièmes et quatrièmes vagues du virus, et la rareté des cas graves au sein de la population de l'Est, sont autant d'indicateurs de la bonne immunité au sein de la population, qu’elle ait été conférée par les infections lors de la première vague et/ou par la vaccination. Cependant, le nombre de personnes non vaccinées reste toutefois trop élevé pour empêcher toute nouvelle épidémie dans l’est, précise Santé Publique France.

Damien CHAILLOT