La sélectionneuse des Bleues Corinne Diacre a annoncé jeudi avoir confié le brassard de capitaine à la Lyonnaise Wendie Renard, à qui elle l'avait retiré au début de son mandat en 2017, en vue de l'Euro-2022.
« Le capitaine à partir de demain et jusqu'à l'Euro sera Wendie», a annoncé la patronne des Bleues à l'Equipe et l'AFP, présents à Patras à la veille de Grèce-France vendredi en début des qualifications pour le Mondial-2023. « On pense d'abord à l'intérêt général, à l'équipe. Cette nouvelle a été annoncée et acceptée par tout le monde de manière top», a-t-elle ajouté.
Cette annonce surprise intervient alors que Diacre a fait le choix de ne pas convoquer en septembre Amandine Henry, sa capitaine au Mondial-2019 avec qui elle est en froid, ni Eugénie Le Sommer, une des vice-capitaines et par ailleurs meilleure buteuse de l'histoire des Bleues.
La sélectionneuse avait retiré le brassard à Renard peu de temps après son arrivée sur le banc tricolore, à l'été 2017, estimant que la défenseuse centrale de Lyon devait se concentrer davantage sur ses performances individuelles.
Dans son autobiographie "Mon étoile", parue fin 2019, la joueuse raconte l'annonce brutale de cette décision: « On souhaitait te voir par rapport au brassard de capitaine car je trouve que tu es à 40% de tes capacités en équipe de France. À Lyon, tu te balades, le niveau est facile, en Coupe d'Europe aussi, mais le niveau international, tu ne l'as pas encore franchi. Je tombe des nues, sonnée. Quatre ans de capitanat balayés en moins de cinq minutes.»
Interrogée jeudi sur cet épisode, Diacre a préféré se projeter sur l'avenir: « On continue notre marche en avant» , a-t-elle déclaré.
A 31 ans, Renard est une figure incontournable de l'Olympique lyonnais, dont elle est capitaine et avec qui elle a remporté sept fois la Ligue des champions.
Wendie Renard, cheffe étoilée
Wendie Renard est devenue une référence mondiale à son poste de défenseuse centrale, doublée d'une buteuse redoutable (136 buts). La liste de ses titres est vertigineuse, à l'image de sa longiligne silhouette: quatorze Championnats de France, neuf Coupes de France et sept C1, entre autres. Deuil précoce Son histoire avec le foot débute à la fin des années 1990. Une période assombrie par la mort de son père, emporté par un cancer alors qu'elle n'a que huit ans. Une drame précoce qui a "endurci (son) caractère", explique-t-elle au Parisien en 2019. «Son premier match, c'était un tournoi U13 à Bellefontaine», se souvient Patrick Cavelan, son cousin et entraîneur à l'Essor Prêchotin. «Elle jouait avec les plus grands mais elle était déjà une pièce principale de notre équipe. On avait fini troisièmes et Wendie avait émerveillé par son talent». Hégémonie européenne Devenue capitaine de l'OL à 23 ans, elle a déjà quatre titres nationaux en poche quand elle dispute sa première finale de Ligue des champions en 2010 contre Potsdam. Les Lyonnaises s'inclinent aux tirs au but, mais l'année suivante elles prennent leur revanche (2-0) avec une ouverture du score signée Wendie Renard. Hormis une demi-finale à la Coupe du monde 2011, les Françaises sont abonnées aux quarts, à l'image de celui des JO de Londres en 2016. «On a fait un match indigne. C'est frustrant de tout gagner avec l'OL et rien avec l'équipe de France», résume alors celle qui est également devenue capitaine tricolore. Lors de son Mondial à la maison en 2019, la France chute à nouveau en quart face aux Américaines, futures championnes. Wendie Renard finit meilleure buteuse des Bleues (quatre buts), mais vit un tournoi difficile marqué par plusieurs bourdes. « Quatre ans de capitanat balayés» Ses relations avec la sélectionneuse Corinne Diacre sont compliquées, au point que le brassard de capitaine lui est retiré en mars 2018, au profit d'Amandine Henry. Wendie Renard « tombe des nues». Dans ce livre, Renard (125 sélections, 28 buts) préfère toutefois s'étendre sur son rôle d'ambassadrice et sur l'essor du football féminin. «Jamais je n'aurais rêvé de voir une petite avec mon maillot sur le dos. C'est une fierté. Aujourd'hui des petites peuvent s'identifier», se félicite-t-elle. Adolescente, elle n'a pas eu de modèle féminin, faute de médiatisation des joueuses. Mais un attaquant suscite son admiration: Cristiano Ronaldo. «Je l'adore, son histoire est un exemple pur de détermination, confie-t-elle à Libération en 2017. Il est parti de son île de Madère sans un rond et, après des années de galère, il est devenu le meilleur. Personne ne se rappelle les années où il pleurait tout seul dans sa chambre. Moi, si.» L'insularité, la perte du père, l'abnégation, les titres, les records... et les buts de la tête, comme autant de jalons communs au service d'une insatiable ambition. |
Avec AFP