Guyane :  Avec Tumeplay, un millier de jeunes ont été informés sur la santé sexuelle et ont reçu des outils de prévention

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Guyane : Avec Tumeplay, un millier de jeunes ont été informés sur la santé sexuelle et ont reçu des outils de prévention

Expérimenté depuis avril 2021 dans l'Ouest Guyanais, Tumeplay est un dispositif d’information et de prévention en matière de santé sexuelle, à destination des moins de 25 ans. Tumeplay est également expérimenté en Ile-de-France et en Nouvelle-Aquitaine.

 

 Lancé au début d’une vague de Covid-19, le dispositif de sensibilisation des jeunes consacré à la santé sexuelle Tumeplay, expérimenté dans l’Ouest guyanais depuis avril 2021 et le début de la vague gamma, aura en bonne partie atteint ses objectifs, selon un rapport rendu à l’ARS le mois dernier. 

Il a permis à plusieurs centaines de jeunes d’avoir une meilleure information sur la santé sexuelle et un meilleur accès aux préservatifs, et à l’information quant aux acteurs qui peuvent les accompagner. Le but poursuivi – diminuer la prévalence des infections sexuellement transmissibles (IST), du VIH, ainsi que la fréquence des grossesses précoces ou non désirées – ne pourra être mesuré qu’à plus long terme. Et sera le résultat des différentes actions menées en ce sens, dont Tumeplay n’est qu’un élément.

Un site, un compte Instagram, un compte TikTok des box

Tumeplay, c’est un site internet, un compte Instagram, un compte TikTok et une application, avec de nombreuses informations sur la santé sexuelle et des quiz. Quand un participant atteint mille points, il gagne une box qu’il récupère auprès d’un référent. A l’intérieur, il y trouvera des outils de prévention (préservatifs masculins et féminins, tests de grossesse, lubrifiant, chéquier contraception, autotest VIH, serviettes hygiéniques lavables, des invitations à se rendre à une consultation de sage-femme ou dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic, Cegidd) et d’information (jeu de cartes « Les idées reçues », livrets, carte d’orientation pour retrouver les acteurs de la santé sexuelle dans l’ouest). Sur ce point, les jeunes ayant participé à l’évaluation apprécient de recevoir des préservatifs de marque avec lesquels ils se sentent plus à l’aise qu’avec les modèles parfois offerts gratuitement. Quant aux serviettes hygiéniques lavables, « elles ont surpris au début mais ont été appréciées, souligne Swati Perrot, auteure du rapport d’évaluation du dispositif. Quand on connaît les enjeux de précarité dans l’ouest, c’est important. »

Différentes box sont proposées, en fonction de la situation des participants : « Découvre ton corps », « Les premières fois », « Explore ta sexualité ». Le site internet propose aussi un onglet « SOS, à qui t’adresser » pour les cas les plus sensibles. Au total, 859 participants ont gagné au moins une box. Un peu plus de mille box ont été distribuées, moins que l’objectif initial.

Toucher les jeunes les moins insérés et les moins informés

Tumeplay s’est bien implanté dans certains établissements scolaires, en particulier les lycées généraux. Dès le mois de mars, Luc Blondy, ancien coordinateur du dispositif, soulignait l’importance du bouche-à-oreille et de l’effet d’entraînement entre élèves pour faire connaître le site internet et son compte Instagram. C’est aussi une des limites identifiées dans le rapport : Tumeplay semble avoir déjà touché des jeunes mieux informés que la moyenne et davantage insérés. Mieux informés ou… moins mal informés : parmi ceux ayant répondu au questionnaire d’évaluation du dispositif, 61 % disaient savoir où trouver les réponses à leurs questions sur la sexualité mais plus de la moitié avouait avoir encore des questions restées sans réponse ! Les référents, parmi lesquels des infirmiers scolaires et des médiateurs en santé, ont d’ailleurs relevé la sous-information des jeunes au moment de leur entrée dans la sexualité active.

Un des objectifs de l’année 2023 sera de toucher d’autres jeunes. Le Cegidd du Chog, qui pilote désormais le dispositif, s’est d’ores et déjà rapproché du service militaire adapté (RSMA), qui accueille des jeunes majeurs (18-25 ans) démunis, faiblement diplômés ou en situation d’illettrisme. Mi-octobre, une équipe de l’ARS a rencontré tour à tour des représentants du RSMA et du Cegidd du Chog, pour discuter notamment des sujets de santé sexuelle. Un autre objectif sera d’intervenir davantage auprès des collégiens et des lycéens des filières techniques et professionnelles. « Les 11-15 ans ont moins bénéficié du dispositif, constate Swati Perrot. Ce sont des jeunes qui entrent dans la sexualité active ou qui y sont confrontés sans avoir forcément les connaissances associées. »

« Un réseau de référents en santé sexuelle s’est constitué »

Sur le sujet des jeunes moins insérés, Swati Perrot constate que le rôle de la Croix-Rouge française, qui fait partie des lieux ou la box peut être récupérée : « Son public est clairement différent : il s’agit d’un public plus âgé (17 à 22 ans) et plus vulnérable : près de 30 % de ces jeunes sont en recherche d’emploi et plus de 15 % déclarent n’être ni scolarisé, ni en formation, ni en emploi, ni en recherche. La Croix-Rouge se situe à côté de la Mission locale, où le dispositif avait été présenté. Le référent a également systématisé la réalisation d’un bilan complet qui rendait la remise de la box assez intéressante. Il a également précisé le profil de ceux qui acceptaient le bilan et de ceux qui le refusaient. »

Tumeplay n’a, en revanche, pas réussi à faire rentrer les jeunes dans un parcours. D’abord, 20 % d’entre eux n’ont jamais récupéré la box qu’ils avaient gagnée. Ensuite, les jeunes pouvaient retirer jusqu’à six box – les trois préfabriqués et trois sur mesure – en respectant un délai d’un mois entre chaque. En pratique, rares sont ceux qui en ont retiré ne serait-ce que deux, et seuls deux jeunes en ont retiré les six.

Enfin, un aspect intéressant de Tumeplay est le rôle joué par les référents, c’est-à-dire les adultes chargés de remettre les box. Les infirmiers scolaires ont constaté qu’ils étaient mieux identifiés, qu’ils rencontraient des élèves qu’ils n’avaient jamais vus jusque-là. Avec les médiateurs en santé, note Swati Perrot, s’est constitué « un réseau de référents qui se connaissent et peuvent monter des projets ensemble ».