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Le deuxième ligne Sébastien Vahaamahina, peu à l’aise à l’époque de Philippe Saint-André, s’épanouit dans un XV de France au sein duquel il est devenu incontesté et qui compte sur son précieux apport pour dominer l’Ecosse dimanche.
Lors du seul essai français à Twickenham, samedi pendant la bataille perdue de peu face à l’Angleterre (16-19), Kevin Gourdon s’est fait remarquer par un « offload » en or pour Rabah Slimani. Mais qui réalise la passe après contact précédente ? Sébastien Vahaamahina, discret mais efficace, comme à son habitude.
A 25 ans et 22 sélections, le Wallisien d’origine mais né à Nouméa en Nouvelle-Calédonie est devenu un titulaire indiscutable en club comme en équipe nationale. En concurrence avec Julien Le Devedec, c’est lui qui a débuté face aux trois meilleures nations actuelles (Australie, Nouvelle-Zélande, Angleterre), se distinguant nettement contre les All Blacks (19-24). Son « meilleur match avec l’équipe de France », dit-il plein de franchise. Quatre saisons après ses débuts en sélection fin 2012, à tout juste 21 ans, le Wallisien repéré par Brive (2010-2011) et aguerri à Perpignan (2011-2014) clame: « je suis plus à l’aise ».
L’automne a tout changé ou presque. A la fin de la tournée, l’imposant (2,03 m pour 125 kg) avant disait avoir vécu ses « meilleures » semaines en Bleu « niveau ambiance, entraînements, jeu et matches. Je me sens beaucoup mieux », se réjouissait-il. Une pique de plus à l’intention de Philippe Saint-André, l’ancien sélectionneur sur lequel les joueurs se lâchent depuis son remplacement par Guy Novès. Sébastien Vahaamahina se dit aussi « beaucoup plus libre » depuis l’arrivée du Toulousain, mais « PSA » n’est pas seul en cause: Vahaamahina avait du mal à communiquer avec certains de ses coéquipiers. « J’ai ma façon de penser, qui ne correspondait pas à celle de certains. Du coup je me refermais sur moi-même, je n’avais envie de parler à personne, donc forcément ça te bloque tout, avec tout le monde. J’arrive maintenant à être beaucoup plus ouvert, à parler ».
Le schéma est le même avec les médias. « Je ne vais pas faire le timide comme avant. Avant, c’était une mission pour moi. Je ne savais pas ce que j’allais dire. Maintenant, les réponses viennent assez vite », s’amuse-t-il face à la presse. Des progrès corrélés avec ceux sur le terrain. Arrivé en Auvergne en 2014, Vahaamahina est devenu le patron de sa ligne à l’ASM, pourtant fournie en joueurs de qualité. Une étape préliminaire pour s’imposer en Bleu. « Il a enfin confirmé l’immense potentiel qu’on lui connaît, qu’en tout cas personnellement je lui reconnais depuis qu’on a commencé à le sélectionner il y a trois-quatre ans », dit de lui l’entraîneur des avants des Bleus Yannick Bru. Les projets de jeu de l’ASM comme de Novès ont aussi favorisé son évolution. « Il s’épanouit mieux dans l’atmosphère offensive actuelle de l’équipe de France », estime Bru. « Il exprime une agressivité différente, mais liée au jeu. C’est quelqu’un qui se révèle mieux quand c’est joué car il entraîne son immense potentiel physique dans cette joie, cette initiative ».
L’agressivité, c’était l’autre rengaine critique concernant cette nature calme. « Souvent ils disent qu’on doit être agressifs sur le terrain. Je ne suis pas trop dans cette optique-là. C’est toujours dans le plaisir que je joue », assume ce natif du Pacifique quand on lui demande de faire plus peur, compte tenu de son gabarit. Une liberté de ton qui lui a peut-être coûté sa place à la dernière Coupe du monde. Non retenu dans la liste finale après avoir dit qu’il ne serait « pas déçu » de ne pas être sélectionné, Vahaamahina a retenu la leçon: « Ça m’a quand même fait quelque chose ». Fort de cette expérience et de ce nouveau statut, Vahaamahina ne répétera pas cette erreur. « Je ne vais pas m’endormir sur cette tournée », disait-il après sa performance contre les Néo-Zélandais. On serait tenté, cette fois, de le croire.
Avec AFP.