Un surfeur fend la vague de Hava’e à Teahupoo ©Gregory Boissy (Archives)
Tahiti, principale île de la Polynésie française, rêve d’accueillir le surf aux Jeux olympiques de Paris-2024, en espérant que ses vagues mythiques feront pencher la balance en sa faveur et oublier la difficulté du décalage horaire.
À ce stade, trois autres sites ont déjà annoncé qu’ils se lanceraient dans la course : Biarritz, alliée à trois communes du Sud-Ouest (Capbreton, Hossegor et Seignosse), Lacanau (Gironde) et le site de La Torche (Bretagne). Le comité d’organisation des JO (Cojo) a fixé au 15 juillet la date limite pour candidater. Principale faiblesse de cette candidature des antipodes : la distance (15 700 km séparent Paris de Papeete) et le décalage horaire de douze heures.
« Ce qui est clair dans le processus, c’est que si nous avons deux bonnes alternatives pour un sport particulier, et que l’une des deux donne aux athlètes la possibilité d’être plus près du cœur des Jeux et leur permet de mieux vivre la magie des Jeux, c’est celle-là que nous préférons », avait déclaré Thomas Bach, président du CIO, le 26 juin dernier.
La distance n’est toutefois pas un obstacle aux retransmissions télévisées des épreuves, quasiment toujours en différé : la discipline est en effet tributaire des « waiting period », ces heures ou ces journées d’attente des conditions optimales. « Associer l’Outre-mer, ce serait très positif pour que ce soient les JO de la France », juge un acteur public, sous couvert d’anonymat. « Je ne vois pas pourquoi on ne l’étudierait pas ! Tahiti fait partie de la France, et c’est la France qui a les Jeux », avait également défendu Jean-Christophe Rolland, membre du CIO et du conseil d’administration de Paris 2024.
« Si ça fait sens et qu’à la fin de cette analyse, on trouve qu’il y a plus de pour que de contre, pourquoi pas ? Ne commençons pas par fermer les choses. Si ça se trouve, c’est complètement fou et l’analyse va montrer que ce n’est pas possible. Mais on ne ferme pas la porte avant de l’étudier », poursuivait-il.
Papara ou Teahupo’o
La proposition tahitienne a par ailleurs ses forces : une vague mythique, Teahupo’o – l’une des plus belles et puissantes « gauches » de la planète -, l’habitude d’organiser des épreuves de niveau mondial, et surtout la houle du sud, idéale en juillet et en août, sur toutes les côtes sud et ouest de Tahiti. « En plus des lieux de compétition, il y aura des vagues partout pour s’entraîner, autour des épreuves prévues fin juillet, alors qu’en métropole, les vagues arrivent plutôt fin août », a fait valoir le président de la Fédération tahitienne de surf, Lionel Teihotu. La probabilité d’avoir des vagues à Tahiti à cette période est même de « 100% », selon le ministère des Sports de cette collectivité autonome d’Outre-mer.
« Pour nous, le meilleur spot serait celui de Papara : c’est une vague de plage pour hommes et femmes, adaptée pour que le public assiste à la compétition, il y a une tour de juges et le centre technique est au même endroit », estime Tiphaine Gribelin, conseillère technique au ministère de la Jeunesse et des Sports local. « On va quand même proposer aussi Teahupo’o, parce que c’est mythique, mais c’est vrai que les filles ne la surfent pas et que c’est un peu plus compliqué pour la logistique et les spectateurs », précise-t-elle.
Vague de récif, Teahupo’o est située à l’extrême sud-ouest de l’île de Tahiti, plus précisément sur la presqu’île de Taiarapu. La vague, joignable par bateau, est le théâtre d’une des étape incontournable du circuit mondial. La vague de Papara, un « Beach break », est à une trentaine de minute de la sortie Ouest de Papeete, sur la côte sud de la grande île de Tahiti.
« La France dans son ensemble »
Pour l’instant, toutes les hypothèses restent envisageables, comme une compétition masculine à Teahupo’o et féminine à Papara, par exemple. « Mais certaines surfeuses aimeraient aussi être à Teahupo’o », note Tiphaine Gribelin, même si cette vague est souvent jugée trop dangereuse pour y organiser des épreuves féminines. La vague de Papara a déjà accueilli les championnats de France de surf et de bodyboard, ainsi que les championnats du monde de kneeboard. Elle figure au calendrier mondial depuis dix ans.
Largement soutenue par les autorités polynésiennes – le président de la Collectivité, Édouard Fritch, avait notamment rencontré le président du Cojo, Tony Estanguet, le 18 juin -, la candidature de Tahiti entend défendre « la France dans son ensemble, avec ses collectivités », plaide Tiphaine Gribelin. En cas de succès aux pré-sélections, le Cojo doit envoyer une délégation en août pour constater les conditions de vagues et la qualité des infrastructures.
« D’ici 2024, on a une nouvelle génération d’excellents surfeurs qui pourraient faire les JO : Vahine Fierro chez les filles, et chez les garçons Mihimana Braye, ou Kauly Vaast, qui est leader européen en junior », prévient Lionel Teihotu, pour qui l’organisation d’une épreuve des JO à Tahiti serait une « immense fierté ». En attendant, le surf polynésien espère une participation de son champion Michel Bourez, sous le drapeau tricolore, aux JO de Tokyo.
Avec AFP.