Ce mercredi au Sénat aura lieu le premier colloque sur la Ville tropicale en métamorphose. Une journée durant laquelle experts, scientifiques, juristes, élus régionaux ou municipaux se succèderont afin de donner un sens à la ville tropicale, essentiellement insulaire, qui sera le foyer des populations urbaines de demain.
Comme les grandes villes du monde, les villes ultramarines sont soumises à des défis démographiques. L’évolution du nombre d’habitants sur ces territoires insulaires fait également croître la consommation énergétique. Une demande en énergie qui se caractérise également par une augmentation du taux d’équipement des ménages en matériel électrique. Aujourd’hui, 90% de l’énergie employée dans les DROM-COM est d’origine fossile, selon un rapport de la Commission des Affaires économiques paru en 2014. Pour ces collectivités, l’enjeu est double: il s’agit de consommer moins d’énergie mais de façon plus propre. L’Outre-mer, laboratoire de technologies nouvelles est le troisième volet de notre dossier consacré à la ville tropicale en métamorphose.
Un riche potentiel en développement d’énergies renouvelables
A l’exception de la Guyane, les territoires ultramarins partagent une même spécificité: leur insularité. Privés de raccordement au réseau électrique continental à cause de leur isolement géographique, les Systèmes Énergétiques Insulaires (SEI) français que forment les départements ultramarins, représentent un défi pour le secteur de la production d’énergie. Ils présentent plusieurs caractéristiques spécifiques: petite taille du réseau et de la clientèle, éloignement de la métropole, climats différents et ressources naturelles différentes de celles de la métropole.Pour alimenter ces centaines de milliers d’habitants, l’introduction des énergies renouvelables dans le mix énergétique constitue la meilleure option. Dans cette entreprise, l’outre-mer ouvre la voie. Son recours aux énergies renouvelables est trois fois supérieur à celui de la métropole.L’hydraulique par exemple, représente une part importante de l’électricité produite en Guyane, à la Réunion, en Polynésie ou en Nouvelle Calédonie. La transformation de la canne à sucre en bagasse, source d’énergie verte assure 25% de l’électricité de la Guadeloupe et 40% en Réunion. Et l’on fonde de sérieux espoirs dans les hydroliennes, les éoliennes ou l’hydrothermie des mers.
Forts de tous les atouts naturels dont ils disposent, les départements ultramarins ont, lors du Grenellle de l’environnement, signé un objectif ambitieux : l’Outre-mer doit passer à 50 % d’énergies renouvelables en 2020 et à l’autonomie énergétique en 203 , avec comme objectif intermédiaire, 50% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 ». Pour réaliser cet objectif, les pouvoirs publics se sont engagés vers la croissance verte. A l’instar des régions Guadeloupe et Martinique qui sont habilitées depuis 2009 et 2011, au titre de l’article 73-3 de la Constitution, en matière de maîtrise des consommations d’énergie et de développement des énergies renouvelables. Cette habilitation leur a permis d’adapter les dispositions nationales en fonction de leurs spécifités locales : par exemple, de créer des réglementations thermiques et un diagnostic de performance énergétique adaptés, de réglementer l’installation de chauffe-eau solaires et la qualité des climatiseurs importés, ou encore de fixer les critères de développement des énergies renouvelables sur leur territoire. Autre exemple, fin 2015, Ségolène Royal, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer ont signé une « déclaration d’intention » qui vise à faire de la Martinique une « île durable, territoire à énergie positive pour la croissance verte ».
Un potentiel sous-exploité
Pourtant, les COM semblent être aujourd’hui les grandes oubliées des politiques de transition énergétique. Pourquoi leur développement est-il alors freiné ? Une inadaptation du cadre réglementaire national, conjugué à une absence de valeur prescriptive des différents documents de planification prive ces territoires de prise d’initiative en faveur des énergies renouvelables. Un arrêté technique, selon le Syndicat des énergies renouvelables, a instauré un seuil maximal de pénétration des énergies renouvelables variables sur les réseaux électriques (30%) qui interdit notamment le développement de ces moyens de production sans leur associer des dispositifs de stockage et de gestion du réseau.