En cette période de crise, Outremers360 est parti faire un tour (virtuel !) chez ses confrères en radio situés dans les bassins indien, atlantique et pacifique. Après RTL Réunion et RCI, nous avons interviewé Oleg Baccovich, président de Radio Transat à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.
Outremers360 : Comment l’équipe a-t-elle réagi dès la mise en place du confinement ?
Oleg Baccovich : Radio Transat est la seule radio à diffuser sur l’ensemble des îles antillaises un même programme pop-rock-soul. Ses animateurs sont connus depuis la Martinique, en passant par la Guadeloupe et ses dépendances jusqu’à Saint-Martin et Saint-Barthélemy où se trouvent les studios. Un média privé leader depuis plus de vingt ans. Et comme pour toutes les radios, le covid-19 est venu tout chambouler. Les équipes ont dû s’adapter depuis leurs lieux de confinement. Certaines à Saint-Martin, en partie hollandaise ou en partie française, et d’autres à Saint-Barthélémy, en Guadeloupe et en France.
Quelle organisation interne avez-vous mis en place ?
À la base, l’ADN de radio Transat est la « bonne » musique. Mais pour cette période très anxiogène, toute la programmation a été revue. Par exemple, certaines rubriques comme la météo, n’étant pas des plus utiles en confinement, ont été stoppées et d’autres rendez-vous ont été créés et lancés en quelques jours. Parmi eux, trois nouveaux rendez-vous antenne qui viennent rythmer la journée entre 8 heures et 17 heures : le JDBN (Journal de Bonnes Nouvelles ), radio LOL (un rendez-vous de sketchs d’humoristes français), les Infos (flashs, journaux nationaux et internationaux). Coté musique, les équipes ont également fait en sorte de prioriser les « good vibes » et de mettre de côté les chansons dures ou tristes. Béa, l’animatrice du morning a choisi « de la bonne zik solaire avant tout…et en plus des infos utiles dans chacune des îles, j’essaye aussi d’apporter le maximum d’ondes positives ».
Tour à 360° : comment les radios des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?
Quels dispositifs de couverture médiatique avez-vous déployés ?
La radio est en contact avec les administrations et les préfectures de chaque île afin de partager toute l’actualité. Ainsi, les îles du Nord sont régulièrement informées de ce qui se passe dans les îles du Sud, et vice et versa. Une grande partie de ces informations est aussi publiée sur nos réseaux sociaux et fortement partagée.
Quels dispositifs d’interactivité avec la population avez-vous lancés ?
L’impossibilité d’avoir une personne à l’antenne dans les studios principaux de Saint-Martin a également obligé les équipes à se réorganiser afin de garder l’interactivité avec les auditeurs. Ainsi, au lieu de les prendre en direct à l’antenne, un circuit de communication via WhatsApp, mail et Messenger a été organisé. Il est très actif et vient nourrir les programmes quotidiennement.
En tant que média privé, comment ont réagi les annonceurs face à la crise ?
C’est très simple : la radio a perdu 95% des recettes publicitaires et est obligée malgré cela de rester ouverte. Ce segment professionnel ne fait pas partie des entreprises que le gouvernement a demandé de fermer et la radio doit continuer à fonctionner pour pouvoir repartir demain. Cela veut dire au moins neuf mois : trois mois de crises intenses avec zéro revenu, trois mois de début de reprise où quelques entreprises vont recommencer à communiquer, et l’espoir ensuite de voir une activité commerciale plus dense lors du dernier trimestre 2020. En résumé, la radio aura perdu plus de 50% de chiffre d’affaire sur l’année si tout va bien. Aucun média indépendant de cette taille ne peut s’en sortir sans aides. À suivre donc…
La crise peut aussi être un révélateur de points positifs, est-ce le cas pour vous ?
Après presque vingt ans d’existence, ce média avait fait faillite après le passage du cyclone Irma en 2017. Il s’est relevé en 2018 et a réellement commencé à retrouver sa place en 2019. Dans la continuité, est arrivé l’ennemi Corona. L’équipe est encore plus soudée et motivée que jamais pour passer cette énième crise, et les nombreux messages quotidiens sont très motivants pour la suite.
Tour à 360°- épisode 2 : comment les radios des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?