En cette période de pandémie, Outremers360 est parti faire un tour (virtuel !) chez ses confrères en radio situés dans les bassins indien, atlantique et pacifique. Après l’interview avec RTL Reunion pour ce deuxième épisode, nous avons interviewé Hervé de Haro, directeur délégué Guadeloupe du groupe RCI.
Outremers360 : Comment l’équipe a-t-elle réagi dès la mise en place du confinement ?
Hervé de Haro : Nous avons l’habitude des périodes cycloniques. Alors les équipes ont fait comme d’habitude lorsqu’elles sont en état d’urgence. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un état cyclonique violent et rapide. C’est un épisode long donc plus compliqué pour les équipes. Aussi, dans le monde du travail, on ne mélange pas le travail et le personnel. Là, l’environnement personnel est omniprésent dans le travail, avec sa dose de stress, d’angoisse. Tout ceci est nouveau. Les équipes sont formidables. Ça se passe bien dans l’ensemble. Il y a eu des initiatives originales. Du côté de l’organisation, il y a une équipe en « mode dégradé » et une autre confinée qui ne vient pas du tout à la radio. Pour nous, le challenge est de durer pour continuer notre service d’information et de proximité en direction des auditeurs.
OM360 : Quels dispositifs de couverture médiatique avez-vous déployés depuis le début de la crise ?
Hervé de Haro : On n’a jamais eu autant d’interactivité avec les auditeurs. C’est matin, après-midi, soir. Les auditeurs s’expriment sans filtre sur des sujets qui les préoccupent ou pour lancer des appels à l’aide. Les autorités interviennent avec des journalistes sur des conseils, des dispositions. Le Préfet de Guadeloupe intervient directement pour répondre aux auditeurs. L’Agence Régionale de santé aussi prend la parole sur notre antenne. Le groupe RCI, ce sont trois radios : RCI, NRJ Antilles – une radio musicale… et la musique est nécessaire durant cette période – et Bel’Radio. Avec cette dernière, on a proposé à l’académie nationale de diffuser les cours car tout le monde n’a pas forcément un ordinateur et/ou Internet. On a décidé de mettre à disposition des cours. Tous les matins, nous diffusons les cours de primaire et de maternel. Et bientôt, l’après-midi sera consacré au secondaire.
OM360 : En tant que média privé, RCI fonctionne essentiellement par les publicités, comment ont réagi les annonceurs face à la crise ?
Hervé de Haro : Notre chiffre d’affaires s’est effondré de 80%. On tourne à plein régime mais sans recettes. Pourtant, nous assurons bien une mission de service public, avec 50% de part de marché en Guadeloupe. Notre préoccupation première est d’être aux côtés des Antillais. On le fait, on sent les retours et il n’y a pas de soucis. On a un bras de mer à traverser et faut pas couler au milieu. Nous sommes dans une situation inédite : une entreprise qui doit continuer alors que tout le monde s’arrête. On ne va pas cesser l’activité mais faut qu’on tienne jusqu’à la fin mais la question est jusqu’à quand ?
OM360 : La crise peut aussi être un révélateur de points positifs, est-ce le cas pour le groupe RCI ?
Hervé de Haro : C’est selon moi trop tôt pour le dire. On est en plein milieu de la tempête, donc c’est difficile de faire un bilan. Mais on va être profondément marqués. Les équipes sont formidables, jouent le jeu, je tiens vraiment à le souligner. Après, je suis un peu inquiet concernant la cohésion d’équipe. Est-ce qu’on va réussir à la conserver ? Ce n’est pas facile avec des gens qui se voient pas ou peu, qui ont peu de rapports. Au bout d’un moment, les gens ne vivent plus la même chose ensemble. Aujourd’hui, on a besoin de beaucoup de souplesse dans le fonctionnement, et c’est ce que nous faisons.
Tour à 360° : comment les radios des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?