Tensions à La Réunion autour de paillotes de plage à Saint-Paul

Tensions à La Réunion autour de paillotes de plage à Saint-Paul

©AFP

Des tensions ont eu lieu ces derniers jours à La Réunion autour de la dégradation de paillotes de plage à Saint-Paul (ouest), pour laquelle deux hommes ont été placés mardi sous contrôle judiciaire et seront convoqué au tribunal en mai, a-t-on appris de source judiciaire.

Les deux hommes ont été interpellés dimanche soir après qu’un rassemblement, organisé par le Kolektif Union Rényoné responsab (collectif de l’union des Réunionnais responsables – Kurr) contre l’implantation de six restaurants sur une plage à Saint-Paul, a dégénéré. Des manifestants ont détruit à coups de masse des clôtures et des toitures de certains de ces restaurants, installés depuis plusieurs années à quelques mètres de l’eau sur le domaine public maritime (DPM), un secteur strictement protégé par la législation. Les Collectifs dénonce notamment l’accès à la plage, publique, devenu difficile avec l’implantation des paillotes. Début janvier, la députée Nathalie Bassire (LR), à l’issue d’une rencontre avec le Collectif de Défense du Domaine public maritime (DPM), se disait « profondément consternée par les atteintes portées à la plage ainsi qu’au lagon, et plus généralement à l’environnement ».

Le 16 mars, à la suite d’une requête en référé déposé par le Collectif de défense du DPM, le tribunal administratif a prononcé la suspension des autorisations d’occupation temporaire (AOT) du DPM des six établissements. Une décision dont s’est réjoui le député de La Réunion Jean-Hugues Ratenon (LFI). Mais cette décision de justice, qui ne peut être suspendue par un appel, n’a toujours pas été appliquée par la préfecture et la mairie de Saint-Paul. Le Kurr s’est étonné de cette « lenteur » alors que « les décisions de justice contre les Réunionnais sont en général immédiatement appliquées ».

Au cours de cette manifestation, plusieurs revendications identitaires ont été lancées sur le thème « rendez la plage aux Réunionnais ». Des altercations ont eu lieu entre certains manifestants, des salariés des paillotes et des baigneurs métropolitains (« zoreilles »). C’est dans ce cadre que les deux hommes ont été présentés au parquet mardi et placés sous contrôle judiciaire, avant une convocation en mai devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Des polémiques souvent violentes et aux accents xénophobes se sont engagées sur les réseaux sociaux après les événements.

Le préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin, a condamné « fermement le recours à la violence » et appelé au « sens des responsabilités et du civisme de chacun ». Le maire de Saint-Paul, Joseph Sinimalé, a aussi « condamné les débordements » et demandé l’application de la décision du tribunal administratif. « Le repli communautaire que je constate sur les réseaux sociaux n’est pour moi qu’une forme d’expression du mécontentement ressenti » contre la non application de la suspension des AOT, a estimé mardi Me Alain Antoine, avocat du collectif de défense du DPM. Le dossier des paillotes sera examiné « au fond » par le tribunal administratif « le 30 avril, soit dans un délai très court », a-t-il indiqué, y voyant « un message clair d’apaisement ».

Avec AFP.