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Après Marseille et Paris, les prisons de Baie-Mahault en Guadeloupe et de Nuutania en Polynésie française possèdent les taux de densité carcérale les plus élevés de France. Plusieurs plaintes ont été déposées contre l’Etat français auprès de la Cour européenne des Droits de l’homme.
Un surveillant de prison ébouillanté par un détenu, un détenu poignardé par son camarade de cellule en Guadeloupe, le suicide de deux jeunes prisonniers en Nouvelle-Calédonie, les actes de violence ont été de plus en plus fréquents cette année. Une tension largement due à une surpopulation carcérale qui rend difficile les conditions de détention tant pour les détenus que pour les gardiens des établissements.
En Outre-mer, on compte 5072 détenus pour 4069 places de prison, soit un taux d’occupation de 125%. Une densité carcérale importante qui a poussé dix détenus du centre pénitentiaire de Ducos en Martinique à saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme en 2015 pour « traitements inhumains et dégradants » contre l’Etat Français. Des plaintes émanent aussi de la prison de Nuutania en Polynésie française qui a le taux de densité carcérale le plus élevé en Outre-mer, avec 223% d’occupation.
Selon le journal le Monde, la France pourrait être une nouvelle fois condamnée par la CEDH. En juin dernier, le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, lors de sa visite aux Antilles était venu se rendre compte des réalités du terrain. Le ministre de la Justice a annoncé la création de 120 places dans la nouvelle maison d’arrêt de Basse-Terre en Guadeloupe d’ici 2019.
Invité de l’émission « Les Témoins de l’Outre-mer », François Bès, le coordonnateur pour l’outre-mer de l’Observatoire international des Prisons, a affirmé que la politique gouvernementale en matière carcérale n’est pas adaptée. « Depuis les années 80, l’Etat Français construit avec cet argument-là et on a assisté parallèlement à une augmentation du nombre de détenus », ajoute-il. Pour sortir de cet engrenage, François Bès plaide pour un aménagement des peines. Une solution émise dans la réforme entreprise par Christiane Taubira il y a deux ans, mais qui peine à s’appliquer de manière concrète. « Il faut qu’il y ait une volonté politique pour que cette réforme s’applique », poursuit-il.