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Face à la vague de suicides dans la population amérindienne de Guyane, la ministre des Outre-mer a proposé jeudi de travailler avec « d’autres pays » qui ont eu à surmonter les mêmes crises.
Interrogée par le sénateur guyanais Antoine Karam (LREM) sur l’action du gouvernement pour enrayer les suicides qui affectent la population amérindienne de Guyane, Annick Girardin a reconnu qu’ils étaient « 25 fois plus nombreux que dans l’Hexagone. C’est un véritable drame », a-t-elle dit. Dix suicides ont été recensés depuis octobre, majoritairement chez des jeunes. La communauté amérindienne guyanaise a été frappée par plusieurs vagues de suicides ces dernières décennies, les plus récentes remontant à 2011 et 2015.
Selon Mme Girardin, « les changements sociétaux qui bouleversent profondément et très rapidement, la société amérindienne sont très certainement aussi à l’origine d’une partie de ces gestes de désespoir ». La ministre a souhaité « que nous puissions travailler avec d’autres pays qui, sur ces sujets ont largement avancé », citant le Canada.
Alors que le sénateur Karam a rappelé la demande des populations amérindiennes de ratification de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le droit des peuples autochtones, la ministre a précisé que « notre droit national fait obstacle à la reconnaissance d’un droit particulier à des groupes spécifiques ».
Cette convention est le seul texte juridique international contraignant qui donne des droits aux peuples indigènes, notamment des droits sur leurs terres et en matière de respect de leurs culture, coutumes et spécificités, et des garanties de non discrimination.
« Mais pour autant la France applique largement les grands principes de cette convention », a-t-elle assuré, soulignant que dans le cadre du plan d’urgence pour la Guyane, mis en place en avril 2017 après le mouvement social qui a paralysé le territoire, « il a été décidé le transfert de 400.000 hectares de foncier pour les populations amérindiennes ».
« Je veux qu’on puisse rapidement, avec les peuples autochtones, avec la collectivité, mettre en place ces transferts notamment avec la création d’un établissement public dédié », a-t-elle dit.
« La question amérindienne fait pleinement partie, vous le savez, de l’identité guyanaise et il faut en être fier. La France a deux peuples premiers, il faut que nous puissions nous impliquer aux côtés de ces peuples premiers, de leur spécificité, du besoin d’accompagnement », a-t-elle insisté.
Avec AFP