Souvenir de Carême : « Il était interdit d’aller danser ou de porter des bijoux »

Souvenir de Carême : « Il était interdit d’aller danser ou de porter des bijoux »

Aujourd’hui, c’est le Mercredi des Cendres. Ce 10 février, les catholiques des Antilles et de Guyane sont entrés dans une période de recueillement et de jeûne: le Carême. Pour cette occasion, une Guadeloupéenne a partagé avec Outremers 360 le souvenir de cette période.

Alors que les carnavaliers s’apprêtent à brûler le Roi Vaval, les catholiques de la Guadeloupe, de la Martinique et la Guyane sont entrés dans le Carême, une période qui se caractérise pour les fidèles, à une préparation de la commémoration de la passion et à la Résurrection. Jusqu’à maintenant, le carême des Antilles débutait le vendredi qui suit le Mercredi des Cendres. Une dérogation d’entrée dans le carême plus tardive que le reste du monde permise par le Vatican. La raison est simple, la tradition très forte et la coutume vieille de plusieurs années fait que le carnaval ne s’achève que le mercredi soir dans nos départements. Désormais, cette coutume n’est plus comme l’indique le message du Monseigneur Riocreux. « Pour différentes raisons, liées justement au Carnaval,  les trois diocèses  de Fort de France, Cayenne et Basse Terre avaient décidé que l’entrée en Carême ait lieu le vendredi suivant le mercredi des Cendres. Après réflexion et concertation,  Mgr Macaire, Mgr Lafont et moi-même avons décidé de nous unir au calendrier de l’Eglise universelle. Cette année, la messe des Cendres est célébrée dès le mercredi 10 Février », a déclaré l’évêque de Guadeloupe sur le site du diocèse. Une décision qu’une guadeloupéenne Parise Didon qui a grandi dans la religion chrétienne accueille bien. Elle y est même favorable. « C’est une très bonne chose puisque l’on reste dans les règles, dans le suivi des principes émis par l’Eglise », dit-elle.

« Tout était vraiment mort »

Parise Didon partage avec Outremers 360 comment elle a vécu petite, cette période de 40 jours .« Dès le mercredi des cendres, on se préparait à une période de jeûne stricte où la consommation de viande était totalement interdite le mercredi et le vendredi. Les repas étaient exclusivement composés de légumes, du poisson ou encore de la morue et cela jusqu’à Pâques. La dernière semaine, dite la Semaine Sainte, était la semaine vraiment la plus stricte où on ne devait même pas boire du lait, ou encore allumer la radio le Vendredi Saint ». Pour cette croyante-pratiquante, le carême était également marqué par une recherche spirituelle. « C’est une période où l’on priait beaucoup, où enfants comme adultes, on participait tous au chemin de la Croix. C’était un moment où l’on nous faisait la morale sur beaucoup de choses, afin de mieux comprendre la vie » .Une abstinence marquée au sein des familles mais aussi dans la vie quotidienne. « Il était interdit d’aller de danser, de porter des bijoux. À cette période, les crucifix sont recouverts d’un drap, les plantes vertes remplacent les bouquets fleuris dans les églises. Plus particulièrement, durant les jours saints où il était interdit de même travailler la terre. Tout était vraiment mort et fermé. On recommençait à vivre normalement à partir du dimanche de Pâques ».

« La société a changé mais les habitudes restent »

Aujourd’hui adulte, Parise Didon affirme pratiquer son jeûne de la même manière que lui a enseigné sa grand-mère mais elle reconnait toutefois faire quelques entorses. « Si je suis invitée à dîner chez un ami en période de carême, je ne vais pas dire à la personne que je ne mange pas », précise-t-elle. Comme la société, la manière de pratiquer le jeune ou l’abstinence a beaucoup évolué. Ainsi, les consignes données aux chrétiens ont rendu les pratiques plus souples. Le jeûne peut être remplacé ou complété par des bonnes actions ou des prières. Pour autant, certains rites de carême sont restés fermement ancrés dans la société guadeloupéenne. « Certaines familles continuent à perpétuer cette tradition en mangeant du poisson le mercredi et le vendredi, même hors carême. J’ai également remarqué que les restaurations scolaires proposent du poisson aux enfants le vendredi. Cela montre bien que malgré l’évolution de la société, certaines habitudes restent », ajoute-t-elle. Malgré le caractère stricte de cette période stricte, Parise Didon dit garder un bon souvenir de cette partie de son enfance.