Le 19 juin 2019 s’est tenu le deuxième SMAtelier qui avait pour thème «Identifier et stimuler les leviers d’acquisition des savoirs ». Une sociologue, un médecin des armées, une psychologue, une coach en développement personnel, des organismes d’accompagnement et de formation (ANLCI, Apprentis d’Auteuil, Compagnons du devoir, AVVEJ,…) étaient réunis à l’initiative du Service militaire adapté pour répondre aux questions suivantes : Comment favoriser l’acquisition des savoirs et des compétences au vu des freins affectant les volontaires du SMA ? Quels sont ces obstacles? Comment mettre en place des conditions favorables à l’acquisition des savoirs et des compétences ?
Les réflexions ouvertes doivent permettre d’établir un plan opérationnel afin de proposer un nouveau projet pédagogique pour 2020 visant à remédier aux obstacles médicaux, psychologiques et sociaux. Celui-ci sera par la suite décliné dans les régiments au regard des spécificités territoriales.
Le SMAtelier a été ouvert par Julie Coronné, chercheuse à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation nationale (INJEP), qui a fait une photographie de la jeunesse en difficulté. Il faut savoir qu’un quart des 18/24 ans vit sous le seuil de pauvreté et que 40 % des non diplômés sont au chômage.
Plusieurs dynamiques doivent être prises en compte : les jeunes des années 90 ont été affectés par la «massification» (accès au baccalauréat en masse) avec en parallèle une précarisation du marché de l’emploi, malgré certains secteurs fortement demandeurs. Cette double dynamique a fait évoluer le rapport des jeunes aux institutions et au marché du travail, en développant une vision fataliste, voire pessimiste, de leur avenir à court terme. Il convient aussi de prendre compte que ces jeunes en difficulté, sous couvert d’efforts de la puissance publique, font face à «l’hyperinstitutionnalisation»de leur prise en compte de 3 à 25 ans, non sans rupture forte durant leur parcours personnel et scolaire, avec notamment un décrochage scolaire constaté à l’âge moyen de 14 ans. En fin de parcours, l’accompagnement s’arrête, pour certains, sans insertion dans la société et l’emploi.
Face à ce constat, plusieurs pistes de résolutions ont été explorées et s’avèrent complémentaires. S’appuyant sur des méthodes éprouvées et enrichies depuis près de 60 ans, le SMA peut continuer à servir comme plate-forme à la mise en œuvre de ces pistes, visant à détecter au plus tôt les difficultés et les freins d’apprentissage et renforcer les compétences des volontaires ultramarins en vue de s’insérer socioprofessionnellement de manière durable les jeunes accueillis.
Qu’ils soient médicaux, psychologiques, physiques ou conjoncturels, les freins à l’apprentissage et au développement personnel nécessitent les expertises croisées des professionnels de la santé et de l’accompagnement social pour permettre une détection et une prise en charge plus rapide.
L’objectif est de proposer un parcours personnalisé permettant l’implication du jeune dans la formulation d’un projet cohérent et adapté à son profil. L’exemple de l’illettrisme fournit un axe de travail pertinent, notamment par l’installation d’un contexte de remise en confiance, la détection des compétences
détenues (lister les choses que le jeune sait faire, utilisation de l’imagination et d’activités moins scolaires) et la valorisation de «petites» réussites. Ainsi, le
jeune adulte peut réapprendre l’estime de soi et à avoir un regard positif sur ses capacités et compétences, et ainsi se remettre dans une dynamique
positive et valorisée d’acquisition des savoirs.
Une telle approche nécessite l’appui de cadres formés et de compétences externes dédiées, notamment quand il s’agit d’évaluer les freins à l’apprentissage et au développement personnel et, plus encore, pour mettre en place des outils pérennes et efficients d’accompagnement : prise en compte positive des échecs, facilitation des échanges au sein d’un groupe, explication des règles et des contraintes, implication du volontaire pour mesurer l’effort nécessaire et utile pour apprendre, notamment pour exprimer ses difficultés et ses attentes réelles.
La structuration de l’accompagnement médico-psycho-social (AMPS) au sein des régiments du SMA permettra, avec le renfort de psychologues cliniciens, d’appuyer les cadres dans leur mission de formation, de faire le lien avec les services sociaux et les organismes de prévention des addictions et surtout de fournir aux volontaires l’écoute et les outils nécessaires pour sortir du cercle vicieux des échecs répétés et subis, en effectuant un travail plus qualitatif et durable sur et pour eux-mêmes, en vue de leur réussite en sortie de SMA.