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Culturellement et historiquement, la Nouvelle-Calédonie est une société solidaire. Cette solidarité s’exprime au sein des clans et des familles, mais également par les dispositifs créés et mis en place par les institutions. C’est le cas entre autres de l’aide médicale dont l’importance n’est plus à souligner. Mais comment ça marche ? Un article de notre partenaire Actu.nc
Ce dispositif d’aide médicale existe depuis très longtemps, il était autrefois géré par le territoire, mais la provincialisation a changé les choses et donné plus d’ampleur encore au système. « Au moment de la provincialisation, explique Jean-Baptiste Friat, directeur de la DPASS-Sud, il a été acté que l’aide médicale serait gérée par les provinces. En 1990, par délibération, le congrès leur a donc délégué cette compétence. Cela permettait aux provinces de mettre en œuvre leur propre politique sociale. » L’aide médicale est organisée selon un cadre général éta- bli par délibération du congrès, mais chaque province conserve son auto- nomie d’action. « Il y a un cadre gé- néral qui établit les grands principes de l’aide médicale auxquels il ne faut pas déroger, explique Jean-Baptiste Friat, mais chaque province peut faire des variations, par exemple en province Nord il n’y a pas de ticket modérateur et aux îles la carte de l’aide médicale est payante. »
Des critères spécifiques
« L’aide médicale, explique Hélène Higuchi, chef du service de l’aide mé- dicale et des prestations sociales à la DPASS-Sud, est destinée aux Calédo- niens qui répondent à certaines condi- tions de résidence, de revenus et de couverture sociale. » Pour la province Sud, il faut justifier de six mois de ré- sidence, les conditions de ressources sont alignées sur le SMAG (salaire mi- nimum agricole garanti), soit 133 086 francs par mois pour une personne seule, un plafond augmenté de 26 000 francs par personne supplémentaire à charge. Enfin, ceux qui bénéficient de deux couvertures sociales, la CAFAT et une mutuelle, ne peuvent demander l’aide médicale. « Les personnes qui n’ont aucun revenu, précise Hélène Higuchi, sont prises en charge à 90 %, parfois 100 %, avec accès au secteur public, c’est-à-dire les centres médico-sociaux, ce qu’on appelait autrefois les dispensaires, les hôpitaux et les médecins conventionnés. »
Ce sont les services provinciaux de l’aide médicale qui après examen des dossiers délivrent les cartes. « C’est un service offert par les collectivités, précise Jean-Baptiste Friat, mais la part de l’administré est quand même de faire les démarches et de vérifier qu’il est bien à jour de ses droits. Il faut faire les démarches en temps et en heure. Il faut tordre le cou à l’idée selon laquelle l’aide médicale est gratuite. Elle n’est gratuite ni pour les gens ni encore moins pour les collectivités. » En effet, en province Sud si l’obtention de la carte d’aide médicale est gratuite, 10 % des dépenses de santé sont à la charge des patients, c’est le ticket modérateur, sauf pour les gestes médicaux ou chirurgicaux qui occasionnent d’importants frais.
Des budgets conséquents
Les trois provinces consacrent en effet des budgets importants pour finan- cer l’aide médicale. En 2019, la province Sud a consacré 6,192 milliards à ce dispositif. « C’est un budget qui ne diminue pas, explique Hélène Higuchi. Pendant longtemps il y a eu une forte évolution des dépenses de santé qui semblent être contenues depuis 2 ou 3 ans. » Toutefois, l’aide médicale est elle aussi soumise aux contraintes économiques et budgétaires que rencontre la Nouvelle-Calédonie et les provinces et dans ce contexte l’heure est aux écono- mies, tout en conservant au système sa pleine efficacité.
Dans ce contexte, une réflexion est menée sur l’intérêt qu’il y a pour un territoire peuplé de 280 000 habitants de financer quatre disposi- tifs de couverture sociale, à savoir ceux de la CAFAT et des trois provinces. « La question d’une aide médicale à visée pays est posée », souligne Jean-Baptiste Friat. Pour optimiser les budgets et en lien avec la Nouvelle-Calédonie, les différents services provinciaux travaillent donc sur les pistes d’économie, comme de renforcer le contrôle médical, accroître la fréquentation de la médecine publique, ou sur le prix des médicaments. La province Sud pour sa part est confrontée à une autre problématique.
Avec 28 000 cartes, elle concentre le plus grand nombre de bénéficiaires de l’aide médicale, notons que 20 % des bénéficiaires de l’aide médicale sont originaires du Nord. « Pour nous assu- rer que l’on n’accorde pas l’aide médi- cale à des gens qui n’ont pas vocation à en bénéficier, explique le directeur de la DPASS-Sud, nous faisons un gros travail pour déterminer qui a ses intérêts matériels et moraux en province Sud».