Sainte Geneviève des Bois:  la Journée Nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions se veut une cérémonie portée vers l’avenir.

Sainte Geneviève des Bois: la Journée Nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions se veut une cérémonie portée vers l’avenir.

© Zephyrin Evariste

Comme chaque année, la ville de Sainte Geneviève des bois dans l’Essonne a tenu à célébrer la Journée Nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Cette commune s’engage depuis de longues années aux cotés des associations d’outre-mer pour honorer la mémoire des victimes de la traite.   

La place Toussaint Louverture à Sainte Geneviève des bois n’a jamais aussi bien porté son nom ce 10 mai. Cet homme politique français descendant d’esclaves, anticolonialiste et abolitionniste, aurait été touché par cette commémoration émouvante. Sous un soleil éclatant de fin de journée, une centaine de personnes, figures politiques locales (Olivier Léonardt, Frédéric Petitta, conseiller départemental et les élus municipaux), responsables d’associations (CM COM, SOFA, Merveilles Créoles) et nombreux anonymes, se sont retrouvés au pied des Colonnes de la liberté pour se souvenir et honorer les victimes des 400 ans d’esclavagisme. Initiée par Christine Taubira en 2006, cette journée rend hommage aux millions de victimes de la traite des noirs mais surtout, elle permet aux associations concernées de s’emparer d’un sujet particulier pour éclairer cette période sombre de notre histoire.

Un parcours est souvent plus éclairant que des généralités historiques. C ‘est ainsi que que l’association SOFA (Solidarité des Familles Africaines) a décidé de mettre en avant Jean Baptiste Lislet Geoffroy, fils d’esclave né en 1755, devenu premier ressortissant des colonies à siéger à l’Académie des Sciences en 1786. Rendre hommage à ces célèbres anonymes c’est célébrer la mémoire de tous les êtres déportés et vendus comme des marchandises.

Une mémoire vivante 

Entre chaque discours, le groupe de Gospel Sistaz Angels alterne chants religieux et hymne d’amour et de partage. « Se souvenir pour ne pas oublier et ne pas jamais laisser l’histoire bégayer » rappelle un orateur. Le discours du  premier édile de la ville va dans la même sens : « L’esclavagisme est une abomination universelle. Elle touche l’humanité entière et concerne tous les hommes. Il ne peut y avoir de concurrence mémorielle ; l’universalisme l’emporte sur le communautarisme quand les mémoires s’unissent ! ». On repense alors à cette citation de Victor Schoelcher, entendue plus tôt dans les discours : « L’asservissement d’un homme est celui de l’humanité toute entière. ». Luc Laventure, présent lors de cette cérémonie,  a insisté sur le fait « qu’il n’y avait pas qu’une seule date commémorant cette page douloureuse mais maintenant assumée de notre histoire. Ces différentes commémorations cimentent davantage notre histoire ». Après une démonstration de danse traditionnelle de l’association Les Merveilles créoles, le dépôt de deux gerbes dont l’une par par le député de l’Essonne Malek Boutih et le verre de l’amitié, le public était unanime ; la France qui n’oublie pas son histoire est une France qui se tourne vers l’avenir avec plus de sérénité.

Willy Richet