Rétention administrative: le Parlement rétablit une dérogation à Mayotte

Rétention administrative: le Parlement rétablit une dérogation à Mayotte

Le parlement a rétabli aujourd’hui, via un ultime vote du Sénat, une dérogation à Mayotte qui augmente la durée possible de rétention administrative avant intervention de la justice, afin de faire face à l’immigration clandestine massive que connaît le 101e département français.

Le Sénat a adopté définitivement la proposition de loi, portée par le groupe LaREM, déjà votée par l’Assemblée nationale le 29 janvier.
Le texte – soutenu par la droite, mais contesté par la gauche – propose de maintenir un délai de saisine du juge des libertés et de la détention (JLD) de cinq jours pour les étrangers placés en rétention à Mayotte au lieu de deux sur le reste du territoire français. Il « vise à corriger une erreur de coordination » introduite lors de l’examen à l’Assemblée nationale du texte asile-immigration, a précisé le rapporteur de la commission des Lois Tani Mohamed Soilihi, sénateur LaREM de Mayotte.

Sans l’adoption de la proposition de loi, la dérogation accordée à Mayotte aurait été caduque au 1er mars avec l’entrée en vigueur des dispositions de la loi asile-immigration.
Le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez a défendu un régime dérogatoire « proportionné » et « parfaitement adapté à la réalité de la situation mahoraise », soulignant que « la pression migratoire y est massive et constante ».

Selon des données de l’Insee (2017), 48% de la population de Mayotte est de nationalité étrangère, dont la moitié en situation irrégulière. « 20.000 reconduites à la frontière » y sont effectuées chaque année, soit « près de la moitié des reconduites effectuées depuis l’ensemble du territoire national », a indiqué Tani Mohamed Soilihi. Décrivant une pression migratoire « hors norme », Lana Tetuanui (centriste) a jugé la dérogation « parfaitement justifiée ».

A gauche, en revanche, Jean-Yves Leconte (PS) s’est élevé contre un débat « indigne ». « Nous avons un devoir de respect du droit », a-t-il affirmé. « Ce choix n’est pas digne de notre République », s’est aussi indignée Esther Benbassa (CRCE à majorité communiste), pour qui « ce texte n’a qu’un seul objectif: celui d’éloigner de leur juge les personnes enfermées ». « La situation à Mayotte, il faut la vivre », a déclaré Tani Mohamed Soilihi en conclusion des débats.
Avec AFP