©T. Faatau / Outremers360
Chaque année, la Maison de la Nouvelle-Calédonie basée à Paris accueille et accompagne les étudiants calédoniens, « primo-arrivants », qui viennent en France hexagonale poursuivre leurs études. Entre volonté de les sécuriser face à leurs nouvelles vies et de les amener vers l’émancipation, la Maison de la Nouvelle-Calédonie a tout mis en oeuvre pour optimiser leurs chances de réussite en France. Outremers360 a suivi une session d’accueil et vous livre les secrets de la Nouvelle-Calédonie pour que ces jeunes apprivoisent leur nouvel espace. Reportage.
Vendredi 26 août à 9 heures, la canicule bat son plein dans toute la France et la capitale a des allures de four à ciel ouvert. Située en plein cœur de Paris, entre l’Opéra Garnier et le Musée du Louvre, la Maison de la Nouvelle-Calédonie s’active; ce matin, de nombreux étudiants calédoniens viennent d’arriver après un long périple aérien semé d’embûches. Au bout du « chemin initiatique », une oeuvre architecturale qui rappelle les racines Kanak de la Nouvelle-Calédonie, nombre d’entre eux écoutent, attentifs, les premiers conseils d’Agnès Siraut, Chef du service Etudiant formation jeunesse. Elle leur parle de mutuelle, de sécurité sociale, ou encore d’adresse postale, « parce qu’en France, il n’y a pas de BP« . « Mandatée par les Provinces et les institutions calédoniennes pour assurer l’accueil des étudiants « primo-arrivants », donc ceux qui quittent la Calédonie pour la première fois« , la Maison de la Nouvelle-Calédonie et son service étudiant se mobilisent entièrement pour l’accueil et l’accompagnement des jeunes calédoniens.
« Le service étudiant travaille en amont avec la Nouvelle-Calédonie. On va les chercher à Roissy-Charles De Gaulle, on organise tout leur hébergement -au minimum 3 nuits à Paris au bureau voyage-jeunesse-, ils ont une session d’accueil et passent dans divers ateliers : couverture sociale, mutuelles étudiantes, logements, démarches bancaires,… ». Rien est laissé au hasard. Et parce que la grande majorité part ensuite dans d’autres villes hexagonales, la Maison de la Nouvelle-Calédonie prend ensuite en charge les déplacements en train, « il y a aussi tout un travail avec les associations de calédoniens, notamment les associations étudiantes, pour que celles-ci réceptionnent les jeunes qui le souhaitent« . Ce dispositif, la Maison de la Nouvelle-Calédonie peut en être fière; « la Nouvelle-Calédonie est certainement, parmi tous les autres territoires d’Outre-mer, celui qui a mis en place le dispositif le plus approfondi, construit et abouti en matière d’accueil de ses primo-arrivants« , et c’est le Ministère des Outre-mer qui le dit. Pour se faire, la Maison de la Nouvelle-Calédonie a noué des partenariats: hébergement, banques, mutuelles ou encore, téléphonie mobile. Ainsi, les jeunes calédoniens disposent d’un accompagnement à 360° et peuvent profiter d’offres privilégiées.
« Les amener à prendre une vraie indépendance »
Elle édite aussi chaque année un guide de l’étudiant, « c’est un guide pratique : arrivée, inscriptions, éléments de la vie quotidienne comme le logement, la couverture sociale, les finances, le budget, les transports, la téléphonie, les jobs étudiants, les pièges à éviter,… Il faut savoir que les étudiants calédoniens arrivent sans carte Vitale, puisque nous avons notre propre système de sécurité sociale, et dans tout le Pacifique, on est en Francs CFP et non en Euro. Ils peuvent avoir l’impression que quelque chose qui coûte 1 euro n’est pas cher et très vite, ils peuvent se retrouver en difficulté puisque c’est une monnaie qu’ils ne connaissent pas. Ils ont des listes, des contacts, des adresses mails,… Cet outil a été mis en place grâce à l’expérience, en voyant au fil du temps à quoi ils se heurtaient« . Par la suite, la Maison de la Nouvelle-Calédonie accompagne ces jeunes tout au long de leurs études, « d’ailleurs, dans les jobs d’été embauchés par la Maison de la Nouvelle-Calédonie pour l’accueil des étudiants, ce sont des étudiants calédoniens qui sont en fait des grands frères et des grandes sœurs« . Il ne s’agit pas toutefois de les couver, « c’est un des dangers, il y a tout un travail pour équilibrer les choses : les mettre en situation de sécurité et les inviter à découvrir, à s’ouvrir à de nouvelles personnes et ne pas rester dans le cocon calédonien« . En somme, « les amener à prendre une vraie indépendance« .
Avec « un accompagnement qui dépasse largement l’intendance« , la Maison de la Nouvelle-Calédonie se pose comme problématique la « construction d’un jeune adulte dans le monde d’aujourd’hui ». Elle travaille également sur les représentations; « on leur dit qu’il ne faut pas qu’ils soient choqués que certaines personnes ne connaissent pas leur pays et que justement, il faut qu’ils le prennent positivement et comme une opportunité de l’expliquer aux autres« . Tout ce travail, préparé en amont avec les institutions calédoniennes, répond à une réelle volonté de favoriser l’excellence calédonienne, « l’ouverture de cette nouvelle version de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, qui date de 2006, fait consensus. Quels que soient les partis politiques et au niveau des trois Provinces, on retrouve cette capacité de concevoir que l’enjeu de formation des jeunes calédoniens est un enjeu majeur qui dépasse tous les clivages ». La Nouvelle-Calédonie chérie sa nouvelle génération. « Certains souhaitent avoir des expériences professionnelles en France, d’autres rentrent et sont assez pressés de rentrer au Pays mais ça dépend des niveaux (…). La question du retour est une question sur laquelle le service travail aujourd’hui, le but du jeu c’est le retour » en Nouvelle-Calédonie.
C’est donc tout l’enjeu de la Nouvelle-Calédonie et de son porte-étendard en France. « C’est un constat vrai pour beaucoup d’autres territoires d’Outre-mer: les abandons d’études supérieures en métropole ont lieu en général au cour de la première année, dus notamment au choc culturel, personnel« . Il ne fallait donc pas les laisser seuls face ce « nouvel espace » à apprivoiser. Accompagner ses jeunes tout au long de leur construction personnelles et professionnelles permet à la Nouvelle-Calédonie de faire savoir sa présence à leurs côtés. Elle ne les abandonnera pas, et tous ces jeunes semblent être reconnaissants de cet appui considérable.
Quelques chiffres :
– On estime entre 2 000 et 4 000 le nombre d’étudiants calédoniens en France, toutes années confondues. L’intranet étudiant de la Maison de la Nouvelle-Calédonie recense 2 780 étudiants. Néanmoins, certains d’entre eux, notamment les non-boursiers, ne s’y inscrivent pas.– Cette année, la Maison de la Nouvelle-Calédonie a accueilli 257 boursiers et au total environ 350 étudiants. S’ils sont non-boursiers, ils ne sont pas forcés de passer par l’accueil de la Maison de la Nouvelle-Calédonie. Pour les boursiers, le passage est obligatoire car c’est la Maison de la Nouvelle-Calédonie, mandatée par les Provinces, qui verse les bourses mensuelles aux étudiants boursiers.
– L’accueil se fait entre mai et septembre, avec une période de pic d’affluence pendant tout le mois d’août.