Rébecca Marival: « Mon combat est de mettre en avant ce qui vient de chez moi ! »

Rébecca Marival: « Mon combat est de mettre en avant ce qui vient de chez moi ! »

Rebecca Marival, le 14 juillet dernier © HappyMan Photography

Dans le milieu de la musique antillaise et caribéenne, il est difficile de ne pas connaître Rebecca Marival. Cette attachée de presse, guadeloupéenne s’efforce  depuis une dizaine d’années de valoriser les artistes antillais. Retour  sur son parcours.

Aussi connue que les artistes dont elle fait la promotion, Rébecca Marival, 38 ans, est une attachée de presse dynamique et très engagée pour promouvoir la culture musicale caribéenne. Une énergie qui lui vaudra même le surnom  de journaliste « la plus people de Guadeloupe » en 2010. Une passion pour la musique distillée dès sa plus jeune enfance, nous confie-t-elle. « J’ai grandi dans un milieu avec mes parents mélomanes  et amoureux de tout ce qui est jazz et variétés. Mon père me faisait écouter du Billie Holiday, par exemple ou encore Edith Piaf. En même temps, comme tous les Antillais de cette génération, j’ai été bercée par la musique antillaise avec des groupes comme Tabou Combo ou Kassav. De plus, ma mère a beaucoup fréquenté le Théâtre Noir à Ménilmontant, une scène où se produisent de grands musiciens à l’époque. » Mais Rebecca s’intéresse aussi à la littérature. « J’ai le souvenir, enfant, de passer des heures à dévorer des romans ». C’est donc naturellement qu’elle s’oriente vers un bac littéraire. Après le bac,elle choisit d’entreprendre un BTS Tourisme.

Des débuts comme animatrice

C’était une formation très en vogue. Ce qui me plaisait c’est de communiquer avec les gens. J’avais dans l’idée de fonder ma propre agence de voyage », explique-t-elle. Mais Rebecca qui confie aimer l’aventure, va préférer rentrer en Guadeloupe . Elle deviendra co-animatrice de l’émission Big Up, une émission de culture urbaine présentée par Brother Jimmy. « Je m’amusais à faire les  voix off pour son programme. Poussée par les téléspectateurs qui demandent à qui appartient cette voix, je me retrouve à co-animer avec Brother Jimmy, en présentant des chroniques. C’est à cette époque que je commence à côtoyer le milieu underground et de la musique urbaine de Guadeloupe de l’époque». La voix de Rebecca Marival continuera à séduire les Guadeloupéens, sur les ondes cette fois, car elle animera pendant deux ans les matinales de la chaîne musicale NRJ Guadeloupe. « Jacques Canneval qui assurait par le biais de RCI la tranche infos de NRJ  me propose  un jour d’écrire dans son journal. »  Début de la notoriété pour cette animatrice radio qui, entre-temps remplit donc les pages «Culture et Sortie » de l’hebdomadaire Sept Magazine. « Même si les réseaux sociaux n’existaient pas vraiment à cette époque, la radio avait un site sur lequel on voyait nos photos. En allant au centre commercial ou au restaurant, j’ai commencé â être reconnue dans la rue, parfois les gens m’interpellaient pour un autographe. J’ai tout de suite accepté.

Rebecca va successivement prêter sa plume à Sept-Magazine et travailler pour la rédaction de La Une Guadeloupe. Ensuite ce sont les années France-Antilles où elle s’occupe de la rubrique Culture durant 8 ans environ. « C’est vrai que les années France -Antilles me collent à la peau, c’est là que j’ai fait mes armes! J’aimais bien faire les coulisses, suivre les arrivées d’artistes à l’aéroport comme l’arrivée de Diam’s par exemple, suivre les expos ou les concerts le samedi soir. D’ailleurs souvent après les concerts, cela m’arrivait d’emmener les artistes en boîte ou en soirée. C’est un peu mon côté jet-setteuse! Je pense que c’est cela qui m’a rendu incontournable! ». Active, Rebecca Marival devient attachée de presse pour quelques artistes sous le label Creon Music devenu depuis Aztec.

© HappyMan Photography

© HappyMan Photography

Un look atypique

Toujours à l’affût des bons plans et des buzzs, grâce à un contact d’un ami, elle sera la première à diffuser l’arrivée de Lionel Richie en Guadeloupe. Un buzz qui lui permettra de travailler comme chroniqueuse télé à Guadeloupe Première. En mars 2010, elle présente la chronique « people » de l’émission « En attendant l’info ». « J’ai l’air  toujours enjouée comme ça mais je suis quelqu’un de très timide à la base. C’est mon kiff, j’ai toujours assumé  mon côté people.  Je crois que cela fait partie de moi. Quand j’ai fait ma première chronique à Guadeloupe première, je me suis surprise moi-même. Je me suis rendue compte que je passais à la télé dans une des émissions les plus regardées avec le 19H. Connue par tout le monde, j’étais attendue au tournant et scrutée ». Une apparition à la télé couronnée de succès.  « J’ai reçu tellement des messages et des appels de félicitations que j’en ai pleuré.  Cela a été une super expérience qui, je le reconnais, me manque aujourd’hui ». Son apparition télévisuelle sera aussi remarquée car Rebecca Marival, c’est aussi un look qui détone! « J’avais ce look que tout le monde a retenu : cheveux roses , coupés ras,  avec parfois une crète blonde. J’ai longtemps porté des mohawks avant que cela ne devienne la mode en Guadeloupe. J’ai même eu une fois les cheveux orange fluo », sourit-elle.

Un combat : la musique 

L’aventure va durer 2 ans, jusqu’en juillet 2012 où Rébecca décide de repartir en France. « Mon problème est que je me lasse vite. Aujourd’hui je n’ai plus cette pression comme avant, d’avoir quitté France-Antilles ou Guadeloupe Première. Ce qui me plaît, c’est surtout de m’amuser et de faire ce que j’aime ». Et ce que Rebecca aime, c’est le monde de la musique. Même à Paris, elle continuera d’entretenir le contact avec les artistes de la scène antillaise. En 2013, elle assurera même les relations-presse pour les concerts de Tanya Saint-Val, Tony Chasseur, Marvin  ou d’E. Sy Kennenga. Une fonction dans laquelle  la jeune femme s’attelle avec vigueur  et passion. « J’entends beaucoup de personnes dire que cela ne sert a rien d’avoir un attaché de presse. Je tiens cependant à mettre en avant qu’il est important que les artistes disposent de  relations presse, qui leur apprennent à communiquer avec les médias ». Elle cite pour exemple l’annonce de la suspension de la carrière de la chanteuse guyanaise Fanny qui a provoqué beaucoup de remous. « Mon combat aujourd’hui est de mettre en avant les miens. Selon moi, étant Guadeloupéenne, je me dois de mettre en avant ce qui vient de chez moi. Je ne baisserai pas les bras », ajoute -t-elle. Toutefois, elle reconnaît que c’est un milieu complexe et difficile.  Une contrainte encore plus exacerbée  avec l’étroitesse du marché musical antillais . « Pour ce qui est de la musique caribéenne, nous sommes dans un circuit assez restreint. Nous n’avons pas les moyens des grosses structures. Au niveau national par exemple, précisément dans les relations-presse, il y a une personne pour gérer les radios uniquement, un autre pour la télé, une troisième pour les web-médias. Etant une petite structure, je peux me retrouver à faire de la régie ou encore me charger de la billetterie. Il existe plusieurs métiers dans ce milieu et je pense que nous serions plus loin aujourd’hui ainsi que la musique antillaise si nous étions plus nombreux et mieux structurés, car nous avons beaucoup d’artistes talentueux ».

En fin de semaine, Outremers 360 vous fera partager la vision de la musique antillaise de Rebecca Marival.

Rebecca Marival, en compagnie des artistes Tanya Saint-Val et Victor O © Facebook Rebecca Marival

Rebecca Marival, en compagnie des artistes Tanya Saint-Val et Victor O © Facebook Tanya Saint-Val