Protection sociale Outre-mer : En Guadeloupe et en Martinique, le défi d’une jeunesse « vieillissante » par Joël Destom

Protection sociale Outre-mer : En Guadeloupe et en Martinique, le défi d’une jeunesse « vieillissante » par Joël Destom

D’ici à 2030, la Guadeloupe et la Martinique compteront plus de séniors de 60 ans et plus, que de jeunes de moins de 20 ans. A peine dix plus tard, elles seront les deux plus vieux départements de France. Ce constat, Joël Destom, Directeur des Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT, le met en superposition avec l’efficience de la protection sociale et annonce « une campagne de sensibilisation sur la nécessité de comprendre que le législateur met à disposition des outils d’optimisation des régimes obligatoire et supplémentaire ». 

Dans les années 1960, ces îles françaises de l’arc caribéen sont les plus jeunes territoires du pays et le défi de la jeunesse est considéré comme majeur. Rappelons qu’un Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer (BUMIDOM) est créé le 7 juin 1963. Les statuts de cet organisme, chargé d’accompagner l’émigration des habitants de ces départements vers la France hexagonale, précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer ».

Comprendre la notion de vieillissement dans ce contexte local multiculturel, c’est avant toute chose maitriser un schéma complexe associant les histoires de peuplement avec des approches ethniques différenciées et les histoires économiques teintées par la départementalisation et l’intégration à l’Europe.

Quelle est la part des différentes communautés dans la structure démographique ? Quelle est la place des séniors et des actifs dans les différentes communautés ? Certains bassins d’emplois, certains secteurs sont-ils « réservés » à certaines communautés de manière historique et pourquoi ? Quels sont les mécanismes qui sous-tendent les logiques d’immigration et leurs impacts sur le marché du travail ?

Expression d’une longévité accrue au bénéfice du plus grand nombre, le vieillissement doit évidemment être valorisé pour ce qu’il a de positif au niveau individuel. Pour autant, il soulève des défis collectifs majeurs.Les changements qui en découlent ont déjà modifié les traits de la société antillaise et les formes traditionnelles de solidarité sont à scruter dans les décennies à venir.

De nouvelles exigences s’imposent aux générations les plus jeunes et toutes les questions posées ont un lien direct avec la protection sociale des antillais.e.s. L’un des défis imposés à cette « jeunesse vieillissante » est de maîtriser ce contexte local pour s’approprier un « bien commun » qu’il est possible d’optimiser.

C’est la raison pour laquelle, à partir du 1er avril 2019, les équipes d’AG2R LA MONDIALE MATMUT de Guadeloupe et de Martinique engageront une campagne de sensibilisation sur la nécessité de comprendre que le législateur met à disposition des outils d’optimisation des régimes obligatoire et supplémentaire.

L’absence d’anticipation sur l’appropriation des dispositifs existants et à venir pour une optimisation de la protection sociale (dans l’entreprise et dans la famille) pourrait peser autant que l’accélération du processus de vieillissement et son ampleur. D’une certaine façon, les Antilles sont à la croisée des chemins.

Joël Destom, Directeur des Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT.