Protection sociale Outre-mer : Changer de regard sur les « gramounes » à La Réunion pour réaffirmer leur citoyenneté pleine et entière

Protection sociale Outre-mer : Changer de regard sur les « gramounes » à La Réunion pour réaffirmer leur citoyenneté pleine et entière

©Facebook / SOS Gramounes isolés

Le jeudi 28 mars 2019, Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, a remis un rapport sur la prise en charge de la perte d’autonomie à la ministre des solidarités et de la santé. L’horizon fixé par le Président de la République, celui d’une réforme annoncée comme ambitieuse, a créé de fortes attentes autour de la « concertation sur le grand âge et l’autonomie ». Une expertise de Joël Destom, Directeur Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT. 

Les ateliers nationaux, la consultation citoyenne, les rencontres bilatérales et les groupes d’expression constitués auront donné aux « domiens » la possibilité d’exprimer leurs attentes sur les enjeux du vieillissement, de la perte d’autonomie et du bien-vieillir. La spécificité démographique vieillissante de certains départements d’Outre-mer est connue. Le cinquième et dernier forum régional s’est tenu à La Martinique le 11 janvier 2019.

L’ampleur des enjeux associés à ces travaux donne l’occasion d’illustrer la capacité des Outre-mer à être des territoires précurseurs.

Financé par le Ministère des Outre-mer dans le cadre de l’Appel à Projets Recherche 2014 (arrêté n°4603 SGAR du 22 septembre 2014), le thème proposé par le projet G-RUN est « l’évaluation économique et l’acceptabilité sociale des gérontechnologies à La Réunion ».Cette démarche scientifique, placée sous la coordination de Frédéric Sandron, porte sur le rôle des nouvelles technologies dans la prise en charge de la dépendance des personnes âgées. Elle a une forte résonance économique, notamment pour les secteurs de la santé, des services à la personne, des TIC et du BTP.

La qualité et les paramètres du vieillissement à La Réunion sont préoccupants car la perte d’autonomie s’y fait de manière précoce. L’enquête HID de l’INSEE indique un niveau de dépendance pour les personnes âgées de 50 à 59 ans comparable à celui des personnes âgées de 70 à 79 ans dans l’Hexagone. Fragilité, vulnérabilité et pauvreté caractérisent la population âgée réunionnaise avec une offre d’hébergement bien inférieure à celle recensée en France hexagonale.

La publication intitulée « Vieillissement et gérontechnologies à La Réunion », parue en 2017, propose une démarche qui pourrait faire l’objet d’un essaimage et s’articule aisément avec les priorités présentées dans le rapport du 28 mars 2019. D’une certaine façon, un travail de concertation avait déjà été engagé à La Réunion.

La nécessité de changer de regard sur les « gramounes » ( personnes âgées) pour réaffirmer leur citoyenneté pleine et entière est bien posée. Le maintien à domicile, bien que souhaité par une majorité des réunionnais et par les pouvoirs publics, n’est pas toujours possible. Dès lors, l’émergence d’habitats aménagés et connectés doit être favorisée pour tendre vers cet objectif. La question de la réponse globale à un défi pour notre modèle social donne l’opportunité de penser la société réunionnaise qui n’attendra pas longtemps le quatrième âge.

Ces sujets font écho aux orientations données à l’engagement sociétal d’AG2R LA MONDIALE MATMUT qui y voit un sujet central de solidarité, plus que jamais au cœur des relations entre le public et le privé.

Joël Destom, Directeur Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT.