La Caisse de prévoyance sociale qui gère la protection sociale en Polynésie
Après l’urgence de la réforme des retraites, prise à bras le corps par l’exécutif local en 2018, se pose en Polynésie française la question de la refonte de la protection sociale. Compétente en la matière, la Collectivité devra y répondre en prenant en compte son évolution démographique. Joël Destom, Directeur des Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE, fait un point sur cette réforme et les champs qu’elle devra couvrir.
La Polynésie française, collectivité d’outre-mer régie par la loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 est, conformément à son statut, compétente et autonome en matière de couverture sociale. Les institutions de celle-ci ont la pleine responsabilité d’exercer les compétences en matière de santé, d’affaires sociales, de solidarité et de protection sociale.
A 15 000 kms de Paris, la PSG. C’est le groupe d’initiales de la « Protection Sociale Généralisée », la couverture sociale de tous les polynésiens.
La finalité de la Protection Sociale Généralisée est de permettre l’accès aux soins, de subvenir aux besoins des personnes dépendantes et d’organiser une certaine forme de solidarité entre les familles. Mise en place en 1994 par le gouvernement Flosse, cette PSG et les défis auxquels elle est confrontée imposent une réflexion de fond sur la conduite de la politique sociale en Polynésie française dans les années à venir.
Selon les dernières projections de l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), si les tendances démographiques se poursuivent, la Polynésie française aura une population estimée à 330 000 habitants en 2050. La croissance de près de 10%, essentiellement due au vieillissement et l’augmentation de l’espérance de vie (de 76,7 ans en 2015 à 83,8 ans en 2050), amplifierait sensiblement la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus. Il apparaît évident que le vieillissement rapide de la population polynésienne oblige à penser l’adaptation de l’offre de soins et plus particulièrement celle qui concerne les personnes en perte d’autonomie. Comme en France hexagonale, la prise en charge de la dépendance est loin d’être une évidence pour les polynésiens qui seront confrontés à un enjeu sociétal majeur.
Avec des plans, en cours d’élaboration, de santé publique (cancer, santé mentale, lutte contre les addictions, modernisation des hôpitaux, etc.) et de solidarité (politique familiale, handicap, etc.), le champ de la protection sociale en Polynésie française est encore limité.
De plus, les équilibres des régimes de retraite ne sont pas encore achevés et les évolutions indispensables auront un impact financier considérable sur les finances de la Collectivité. Une expertise du 8 février 2019, présente la loi de Pays n° 2019-6 portant diverses dispositions relatives à l’assurance vieillesse et autres mesures d’ordre social (publié au journal officiel de la Polynésie française du 1er février 2019. Pour rappel, cette loi, affichant l’objectif de « consolider les régimes de retraite polynésiens en renforçant le principe de solidarité et en rénovant la concertation », devenait urgentissime mais sera insuffisante pour rendre le régime viable.
Dès lors, sans remettre en question l’existence de la PSG, il parait indispensable de poser les bases d’une « PSG 2 » pour anticiper l’évolution des risques à couvrir et repenser l’architecture financière de l’ensemble des orientations et des plans. De même, l’épineuse question de l’équilibre entre les cotisations sociales et les impositions devra être rapidement traitée.
Si la réforme des retraites fut l’une des priorités d’Édouard Fritch, avant et après sa réélection à la présidence de la Polynésie en mai 2018, celle de la PSG dans son ensemble apparaît comme une urgente priorité que son gouvernement devra prendre en main.
Joël Destom, Directeur des Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE