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Le Conseil économique, social et culturel (CESC) de la Polynésie française a émis un avis défavorable à un projet de loi visant à garantir l’indépendance de la presse dans la Collectivité.
C’est un avis défavorable qu’a rendu le CESC ce mardi matin, concernant un projet de loi visant à garantir l’indépendance de la presse polynésienne et à modifier le code du travail pour la profession de journaliste, rapporte TNTV. Les dispositions proposées concernent plus particulièrement les indemnités de licenciement, la clause de conscience et la clause de cession qui, depuis 1935, garantissent l’indépendance de la presse et la protection des journalistes dans l’Hexagone. En Polynésie française, le Droit du Travail ne mentionne aucune de ces dispositions et un journaliste n’est pas protégé s’il est en désaccord avec sa direction. « (…) Sans que le tribunal du travail ait à se prononcer sur cette réalité juridique, un propriétaire de journal peut imposer une ligne éditoriale, sans autre possibilité pour le journaliste que de s’y soumettre ou de démissionner », constataient les magistrats du Tribunal du travail de Papeete lors d’un jugement rendu en août 2015.
Depuis, le Président de la Polynésie française Edouard Fritch s’était engagé à renforcer le statut de journaliste en Polynésie française et à lui garantir la liberté et l’indépendance nécessaire à la bonne pratique de ce métier, d’autant que Reporters sans frontières avait pointé du doigt la Polynésie française pour ses manquements en termes d’indépendance de la presse. Pour le CESC, qui vient donc d’émettre un avis défavorable, « l’étroitesse du marché local et le nombre restreint d’entreprises » justifie, entre autres, cet avis. Sur Facebook, le Rédacteur en chef adjoint de la Dépêche de Tahiti, Bertrand Prévost, dénonce une « triste position ». « Les élus se sont ainsi abrités derrière la constitution française garantissant « la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias » et sur la Déclaration des droits de l’homme, parlant de plus « de l’étroitesse du marché local » et renvoyant la profession à l’élaboration d’une convention collective spécifique… cette même convention que les patrons de presse locaux essayent depuis plusieurs années de casser » souligne-t-il.
En 2012, l’élue indépendantiste Cathy Buillard avait déjà proposé un projet de loi introduisant les mêmes dispositions pour garantir la liberté et l’indépendance de la presse en Polynésie française, juste avant la fermeture brutale des Nouvelles de Tahiti, bête noire de la classe politique polynésienne. Mme Buillard est décédée depuis. Son projet de loi avait lui aussi reçu un avis défavorable du CESC. Pour autant, le projet de loi présenté par le gouvernement polynésien, et plus particulièrement par la ministre du Travail Tea Frogier, passera tout de même devant le vote de l’Assemblée territoriale, puisque le CESC n’émet qu’un avis consultatif. Sans préjuger de la position finale de l’Assemblée, il est probable que les élus de l’opposition indépendantiste lui apporteront leur soutien, en plus des élus de la majorité.