©T. Faatau / Outremers360
Ce mercredi matin, à la Délégation de la Polynésie française à Paris, la ministre polynésienne de l’Education, de l’Enseignement supérieur et des Sports, Nicole Sanquer-Fareata, a signé une convention avec sept Instituts d’études politiques (IEP) pour « réduire les inégalités de chances liées à l’éloignement géographique » et délocaliser les concours d’entrée en Polynésie française.
La convention signée ce matin entre la ministre polynésienne de l’Education, la Déléguée des 7 IEP du réseau du concours commun et Directrice de l’IEP de Saint-Germain-en-Laye, Céline Braconnier, ainsi que le Vice-recteur de la Polynésie française, offrira « la possibilité de préparer et de passer en Polynésie française les épreuves d’admission au concours d’entrée en 1re année dans les IEP ». « Cette convention a pour but de développer les filières d’excellence et de donner de l’ambition à nos élèves polynésiens. Elle va permettre de mieux accompagner l’élève polynésien pour une poursuite d’études en métropole et notamment dans les IEP », souligne Nicole Sanquer-Fareata, ministre de l’Education de la Polynésie. « La première étape est de délocaliser le concours, nous pouvons le faire au niveau du territoire et surtout, de proposer un choix d’IEP à l’élève et de savoir qu’il sera accompagné grâce à cette convention » a-t-elle précisé.
Sur place, « c’est le Vice-rectorat qui sera chargé d’organiser ces concours. Nous avons l’habitude car nous participons déjà aux concours nationaux ». « C’est à nous, en partenariat avec le Vice-rectorat, de faire en sorte que les concours se passent dans les meilleures conditions et qu’il n’y ait pas de discrimination par rapport à l’éloignement géographique. Les conditions seront respectées, c’est ce qui est stipulé dans la convention et c’est aussi notre engagement », assure la ministre. Pour cette convention, l’IEP de Saint-Germain-en-Laye a été désigné comme « IEP négociateur » et interlocuteur permanent du vice-rectorat de Polynésie française et du ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports de la Polynésie française. Il représente les six autres IEP du réseau des concours communs.
Quatre questions à Cécile Braconnier, Directrice de l’IEP de Saint-Germain-en-Laye et délégué des 7 IEP du réseau du concours commun:
Est-ce que cette convention s’inscrit dans la démocratisation de l’éducation chère à Sciences Po ?
Tout à fait. Les IEP ont été assez novateurs dans la mise en place de dispositifs visant à susciter des vocations pour les Sciences Po dans les milieux où on ne pense pas forcément à préparer ces concours là et où on pense qu’ils sont réservés aux élites. Donc, l’une des ambitions de ces programmes est de favoriser des candidatures d’enfants polynésiens qui ne pensent pas à préparer Sciences Po et à qui on va essayer de faire comprendre que c’est un concours qu’ils peuvent réussir. Il y a une ambition de démocratisation très forte des programmes mis en place par les IEP.
Quel est l’objectif concret ? Est-ce qu’on peut s’attendre déjà à des chiffres sur les résultats ?
Non, l’idée est d’arriver chaque année à préparer des jeunes qui vont réussir les concours des IEP, 10 en France et 7 dans le réseau d’IEP que je représente, donc on peut s’attendre à quelques jeunes qui intègrent les IEP et au-delà, les dispositifs que l’on met en place aujourd’hui visent à préparer les jeunes lycéens à être ambitieux dans leurs parcours d’études et s’ils ne réussissent pas les concours de Sciences Po, à réussir d’autres concours et à se lancer dans des études auxquelles ils ne pensent pas spontanément. L’idée c’est de montrer que les Sciences Po, comme d’autres parcours, accueilleront avec plaisir ces jeunes.
Dans votre promotion, vous comptez une Polynésienne, est-ce quelque chose d’assez rare pour vous ?
Nous sommes le dernier né des IEP de Sciences Po (Saint-Germain-en-Laye, ndlr) et nous avons eu l’honneur d’accueillir dans notre promotion une jeune polynésienne et une de nos meilleures étudiantes (actuellement en année de mobilité au Japon, ndlr). Quand nous avons été sollicités pour devenir les représentants des IEP de régions en lien avec la Polynésie, nous avons immédiatement accepté avec cette idée que nous avions eu la chance d’avoir, à travers Poeiti, un exemple très réconfortant de ces jeunes et nous avons envie de promouvoir les IEP en Polynésie avec l’espoir d’accueillir d’autres Poeiti dans l’avenir.
En parlant d’accueil, est-ce que ça passe aussi par le logement et l’encadrement ?
Oui tout à fait. Le problème du logement et du coût du logement est une vraie difficulté pour les jeunes qui viennent à la fois d’autres régions métropolitaines et aussi de Polynésie. Nous accompagnons nos jeunes, nous sommes aidés par les collectivités territoriales et nous offrons un certain nombre de possibilités d’accueil à des prix très concurrentiels à proximité immédiate de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Les autres IEP du réseau sont aussi sensibles à cette question et via le tissus d’associations étudiantes, que ces jeunes rejoignent dès leur rentrée en IEP, et puis à travers les administrations qui sont très sensibles à la question du logement, nous ne les laissons pas seuls une fois qu’ils sont arrivés. L’idée c’est de les faire réussir ces concours et de ne pas les abandonner une fois qu’ils sont là.