Polynésie française: La Cour de révision saisie du cas du leader autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa

Polynésie française: La Cour de révision saisie du cas du leader autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa

© Tuatau Production/ Site Film-documentaire

La Cour de révision examinera bientôt le cas du parlementaire autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa, accusé en 1959 d’avoir voulu incendier Papeete, a-t-on appris mardi de source judiciaire. Le « Metua », amnistié en 1969, est mort en 1977. 

La commission d’instruction de la Cour de révision et de réexamen, composée de magistrats de la Cour de cassation, a décidé lundi « de saisir la cour de révision », ce qui pourrait aboutir à l’annulation de cette condamnation, a indiqué cette source judiciaire, confirmant une information de Tahiti Infos.Aucune date d’audience n’est encore arrêtée mais celle-ci devrait se tenir dans des délais allant « de plusieurs mois à un an », selon la même source.

Pouvanaa A Oopa, de son vrai nom Pouvanaa Tetuaapua, est mort il y a quarante ans, en 1977. Considéré comme le père de l’autonomie et du nationalisme polynésien, ce fervent opposant aux essais nucléaires français en Polynésie avait été condamné à 8 ans de prison et à l’exil fin 1959 pour avoir demandé à ses partisans d’incendier Papeete, sans que ces accusations aient été prouvées. Déchu de son mandat de député en mai 1960, il était rentré à Tahiti en novembre 1968 après avoir bénéficié de mesures de grâce, puis avait été amnistié l’année suivante et élu sénateur en 1971.L’ancien exilé avait tenté en vain de faire réviser son procès de 1959. En 1995, la Cour de Cassation avait rejeté un recours déposé par ses descendants.

Enfin, en 2014, le ministère de la Justice avait annoncé le lancement d’un processus de révision, acceptant de saisir la commission d’instruction comme le lui demandait l’Assemblée de Polynésie. Celle-ci se basait notamment sur des travaux de l’historien Jean-Marc Regnault, autorisé à consulter des archives auparavant classées secret-défense.

« Historiquement, on a la preuve que le gouvernement de De Gaulle a voulu éliminer Pouvanaa de la vie politique, ce qui a écarté le principal obstacle aux essais nucléaires en Polynésie », affirmait le chercheur à l’AFP l’an dernier. « La Cour de révision, si elle considère que les éléments nouveaux sont fondés, annule la condamnation », a expliqué la source judiciaire. L’annulation peut, ou non, être suivie d’un renvoi devant une juridiction appelée à rejuger l’affaire – un cas de figure  peu probable dans ce dossier ancien.

© Rémi Jouan/ Wikimedias Commons

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La classe politique polynésienne se félicite cette décision

Suite à cette annonce de révision, l’ensemble des groupes politiques de l’assemblée a salué mardi la décision favorable de la commission d’instruction de la cour de révision. Interrogé par Radio 1, Richard Tuheiava (UPLD) indique qu’il s’agit « une victoire ». « Nous sommes convaincus que Pouvana’a a Oopa a fait l’objet d’un complot politico-financier. Je veux continuer à croire que la justice, celle-là même qui l’a condamné en 1959 par erreur, sur un dossier monté voire truqué, a la possibilité de se déjuger et de rectifier cette erreur ».

De son côté, Armelle Merceron, élu du Tapura, considère que le dossier nucléaire et celui de Pouvana’a doivent maintenant être définitivement réglés. « Ce sont deux éléments qui pertubent les relations avec la France. Pour que tout soit apaisé, il faut sur ces sujets, qu’on aille vers plus de réalité ». En 2009, l’APF avait voté une résolution tendant à obtenir la réhabilitation de Pouvanaa a Oopa. En 2013, il s’agissait d’une résolution pour la révision de la condamnation du 21 octobre 1959, précise Radio 1.

Avec AFP