Polynésie : Des « mesures d’urgence » après le décès d’un nourrisson en évacuation sanitaire

Polynésie : Des « mesures d’urgence » après le décès d’un nourrisson en évacuation sanitaire

Une marche blanche a été organisée en soutien à la famille du nourrisson ©Facebook « Que de neuf à Ua Pou » / Lionel Tehaamoana pour Polynésie La 1ère

Réagissant depuis le siège des Nations Unies à New York au décès du nourrisson de trois mois en pleine évacuation sanitaire, le président de la Polynésie Édouard Fritch a annoncé une « enquête (…) afin que nous comprenions les faits réels et ainsi identifier les lacunes éventuelles de la chaîne de décision de nos évacuations sanitaires ». 

« Le Pays assumera sa part de responsabilité » a assuré Édouard Fritch depuis New York. « Dès notre retour (…) ce vendredi, je convoquerais les acteurs concernés par ce drame pour qu’ensemble, nous prenions les premières mesures d’urgence sans attendre les résultats de l’enquête », a-t-il poursuivi. Cette enquête avait été annoncée dès le lendemain du drame emportant Hoane, 3 mois, décédé d’une infection pulmonaire alors qu’il faisait l’objet d’une évacuation sanitaires dans des conditions difficiles, depuis son île natale de Ua Pou à Tahiti, où se situe le Centre hospitalier de Polynésie française.

Le décès du nourrisson dimanche matin a suscité une vive émotion et relancé le débat sur la prise en charge des urgences dans les îles éloignées de Polynésie, dont la plupart ne disposent ni port, ni aéroport, ni structure adaptée pouvant gérer de tels cas urgents. « En tant que mère et Marquisienne je suis en colère. Après ce n’est pas avec la colère qu’on peut régler les choses », a dit l’élue des îles Marquises à l’Assemblée territoriale, Sylvana Puhetini. « Depuis le 19 septembre, on a mis en place (une) mission d’information avec Eliane Tevahitua. Ce sont des auditions qu’on convoque, toutes les personnes qui gravitent autour des evasan, que ce soit le SAMU, SMUR, Air Archipels, Air Tahiti et Tahiti Nui Helicoptère », a-t-elle poursuivi, interrogée par TNTV.

Médecins cubains

Pour Jean-Christophe Bouissou, ministre de l’Aménagement du gouvernement d’Édouard Fritch, ce drame « démontre (…) la nécessité d’aménager notre territoire pour faire en sorte que demain, nous ayons une meilleure desserte ne serait-ce qu’au niveau de nos aéroports qui existent aujourd’hui ». « Nous avons inscrit à l’intérieur du Sage (schéma d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr) le fait de doter les îles Marquises d’un hélicoptère », a-t-il également souligné. L’archipel des Marquises, le plus au nord de la Polynésie, disposait d’un hélicoptère jusqu’en 2007. Récemment, un hélicoptère de l’armée avait secouru des randonneurs sur l’île de Hiva Oa.

De son côté, le leader indépendantiste Oscar Temaru a pointé du doigt la responsabilité de l’État et de la Collectivité dans ce décès. « On a fait passer l’argent avant les valeurs fondamentales », a-t-il fustigé, estimant qu’« on ne décède pas d’un problème pulmonaire en 24 heures » et que le nourrisson aurait dû être évacué plus tôt. Oscar Temaru a également évoqué la possibilité de faire venir en Polynésie des médecins cubains ou fidjiens.

« Ce pays (Cuba, ndlr) est prêt à nous envoyer des médecins qui ont été formés pour aller travailler dans les îles éloignées (…). L’idée c’est ensuite d’envoyer nos jeunes à Cuba pour les former pour qu’ils reviennent et aillent partout dans nos îles pour exercer leur métier », poursuit-il. « Pour pouvoir faire venir ces médecins cubains (…) il leur faut un Visa. C’est une compétence de l’État. Et c’est ce qui freine le développement ».