Pollution au chlordécone aux Antilles: Les députés européens Younous Omarjee et Michèle Rivasi dénoncent « un scandale d’Etat » et réclament une enquête parlementaire

Pollution au chlordécone aux Antilles: Les députés européens Younous Omarjee et Michèle Rivasi dénoncent « un scandale d’Etat » et réclament une enquête parlementaire

La députée européenne Michèle Rivasi (Europe Ecologie Les Verts) et le député européen Younous Omarjee ont dénoncé l’omerta du gouvernement sur la pollution causée en Guadeloupe et en Martinique par l’insecticide du chlordécone, utilisée dans les bananeraies entre 1977 et 1993.

« Dans le dossier du chlordécone, il s’agit d’un crime d’Etat car on a permis l’utilisation du chlordécone malgré l’interdiction du produit en 1990 » a déclaré la députée européenne Michèle Rivasi lors d’une conférence de presse ce vendredi 29 juin au bureau du Parlement européen à Paris. La députée a également dénoncé l’impunité totale des autorités. « Jusqu’à présent, ils ont fait des petits plans pour calmer les populations mais il y a de plus en plus d’éléments qui montrent que le risque ait été sous-estimé ».

Le député Younous Omarjee a souligné « une omerta organisée » marquée par trois élements: l’absence de transparence, la primauté des intérêts industriels sur les intérêts de la vie humaine de la biodiversité.  » Ce scandale d’Etat comprend une dimension politique, scientifique et juridique » a indiqué Younous Omarjee, soulignant un manquement très grave voire criminelle dans ce dossier. « Il faut poser la question de la reconnaissance de la reconnaissance des victimes dans ce dossier ».

Les députés européens exigent que la vérité et la justice soient faites. Ils ont réclamé qu »une commission d’enquête parlementaire » sur ce pesticide, « des mesures d’urgence » pour l’alimentation des femmes enceintes et des jeunes enfants aux Antilles, et un colloque sur le sujet à l’Assemblée à la rentrée.

Présent lors de cette conférence, l’avocat guadeloupéen Harry Durimel à l’origine d’une plainte sur le chlordécone en 2006, demande davantage de financements pour la recherche. « Aujourd’hui, il est impossible pour les Guadeloupéens de faire des analyses pour connaître leur taux de chlordécone dans leur sang.La recherche doit être financé pour connaitre ou découvrir le taux du chlordécone dans le sang des Guadeloupéens.

Selon André Cicoletta, toxicologue et président du Réseau Environnement Santé, « les Antilles sont champions du monde des cancers de la prostate », avec 227 cas pour 100.000 en Martinique et 184 en Guadeloupe », soit des taux deux fois plus élevés que dans l’ Hexagone.

Le chlordécone, interdit dès 1977 aux Etats-Unis, a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Il a été interdit en France en 1990, mais utilisé jusqu’en 1993 par dérogation aux Antilles. Il est depuis toujours présent dans les sols -où il peut rester jusqu’à 600 à 700 ans- et peut se retrouver notamment dans certaines denrées d’origine végétale ou animale ainsi que dans certains captages d’eau.