© Palau Visitors Authority
Les îles paradisiaques des Palaos, dans le Pacifique, font partie des rares endroits du globe encore préservés du nouveau coronavirus.
Pourtant, les 18 000 habitants de ce micro-pays, situé à des centaines de kilomètres des îles voisines les plus proches, sont inquiets. Tout comme les Îles Tonga, Salomon, Marshall, la Micronésie ou encore Wallis et Futuna, également situées dans l’océan Pacifique, cet isolement géographique associé à des restrictions de voyage a, jusqu’à présent, permis à cet archipel de n’enregistrer aucun cas de Covid-19.
Mais il ne pourrait s’agir que d’un répit dans l’inexorable propagation de la pandémie. Les îles Mariannes du Nord, situées plus à l’est, ont recensé ce week-end leurs premiers cas de contamination ainsi qu’un décès suspect lundi.
Comme nombre d’habitants des Palaos, Klamiokl Tulop, une mère célibataire de 28 ans, continue d’espérer que les Palaos ne connaîtront pas le même sort que les villes de Wuhan, New York ou Madrid, où les services sanitaires, pourtant mieux dotés, ont été débordés.
Cette artiste sent l’inquiétude monter au sein de la population qui redoute que le virus finisse par atteindre cette île du bout du monde ou, pire, qu’il y soit déjà arrivé. « Rien qu’en faisant du shopping, vous pouvez sentir une tension et une anxiété croissantes », raconte-t-elle à l’AFP. « Les magasins sont bondés même les semaines où les gens ne sont pas payés ». Après plusieurs alertes, les autorités de ce petit État d’Océanie demeurent sur le qui-vive. Elles attendent notamment les résultats d’un dépistage effectué sur une personne placée en quarantaine.
Sur le plan économique, l’archipel des Palaos est déjà affecté par les craintes suscitées par le Covid-19. Les rayons des supermarchés de la ville de Koror, la plus grande du pays, ont été pris d’assaut par des habitants paniqués. Il y a désormais une pénurie de solutions hydro-alcooliques, de masques et d’alcool. Ces îles étant très dépendantes des importations, qui se font par bateau ou avion, les produits arrivent très vite à épuisement. La compagnie United Airlines desservait jusqu’ici six fois par semaine les Palaos depuis le territoire américain de Guam, qui a recensé plus de 50 cas de nouveau coronavirus.
« Cela semble inéluctable »
Désormais, un seul vol par semaine effectue cette liaison. A titre préventif, les habitants observent les mesures de distanciation sociale. De leur côté, les médecins attendent les tests de dépistage qui doivent arriver de Taïwan. Le gouvernement a procédé à la construction de salles qui permettront de placer des patients à l’isolement.
« J’aimerais être optimiste sur le fait que le virus n’arrivera pas aux Palaos mais cela semble inéluctable. Nous dépendons fortement du tourisme et la plupart d’entre nous doivent se rendre à l’étranger dans le cadre de leur travail », explique Klamiokl Tulop. Pour Rondy Ronny, spécialisé dans l’accueil de grands événements touristiques, l’activité est déjà au point mort et il se dit « très inquiet » et confie: « j’ai des prêts, des factures et des paiements à honorer ». Il espère donc « que le gouvernement fera aussi quelque chose pour notre économie ».
A des milliers de kilomètres de là, à l’extrême Sud de la planète, dans les quatre bases de recherche que compte l’Australie en Antarctique, environ 90 personnes se retrouvent sur le seul continent à ne pas avoir enregistré de cas de Covid-19. « A l’heure actuelle, ce sont probablement les seuls Australiens qui peuvent dîner autour d’une grande tablée ou trouver un bar ou une salle de gym encore ouverts », a déclaré le responsable des opérations de la Division Antarctique, Robb Clifton.
Les bases étant désormais isolées jusqu’en novembre, ils sont en sécurité, mais, selon M. Clifton, « la principale chose qui les inquiète est la situation de leurs proches ». Ainsi, avant même l’arrivée de la pandémie dans les endroits les plus reculés de la planète, ses conséquences se font déjà ressentir. Comme si aucun lieu ne pouvait en réchapper.
Avec AFP