Illustration ©Jody Amiet / AFP
Trois Amérindiens se sont suicidés en un mois à Maripasoula, commune de l’ouest guyanais, relançant la problématique du mal-être des populations autochtones dans ce territoire, a-t-on appris lundi de source concordante.
Aikumalé Alemin, élu de Maripasoula, s’est dit lundi « totalement dépassé » par ce fléau. Les suicides d’Amérindiens en Guyane, qui habitent souvent dans les communes les plus reculées du territoire, sont 25 fois plus nombreux que les suicides en métropole, et 8 à 10 fois plus importants que les suicides sur le littoral guyanais.
En trois semaines, un homme de 20 ans, une lycéenne de 16 ans et la fille du chef suprême des Wayana, âgée de 43 ans, se sont pendus, selon les informations recueillies auprès de proches des victimes. « On ne fait pas le centième de ce qui est à faire » pour prévenir les suicides chez les Amérindiens de Guyane, a regretté Marianne Pradem, coordinatrice de la cellule régionale contre les suicides. « Les gens parlent beaucoup de sacrifices. Ces jeunes qui meurent ne peuvent pas faire la guerre contre quelque chose de trop puissant qui est en train de manger (…) leur territoire, leur spiritualité, leurs modes de vie », a ajouté Marianne Pradem, également docteure en anthropologie.
Le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, dont les orientations politiques sont contestées par les militants autochtones, a regretté lundi par communiqué un « véritable écartèlement identitaire et social ». « Il faudrait que tout le monde s’y mette vraiment au niveau national et local » pour trouver des solutions, a estimé auprès Sylvio Van der Pijl, président du grand conseil coutumier des populations amérindiennes et bushinengue de Guyane.
Après des vagues de suicides en 2011 et 2015, la préfecture de Guyane avait mis en place des cellules de crise. Mais la cellule régionale pour le mieux-être des populations de l’intérieur, créée en 2015, n’a « jamais eu de ligne budgétaire » et « n’existe plus » faute de moyens humains, a regretté Marianne Pradem. Un rapport parlementaire de décembre 2016 préconisait 37 propositions pour enrayer cette « épidémie ». « On attendait que ces propositions soient appliquées, mais ce n’est pas vraiment suivi », a commenté Sylvio Van der Pijl. Un an après sa présentation, le bilan de l’application de ce rapport fut mitigé.
Dans un communiqué, Sud-éducation réclame notamment « l’embauche d’infirmières supplémentaires » et « la présence permanente d’un psychologue » pour les établissements scolaires, et « plus de moyens et de personnels pour les services sociaux et médico-sociaux » dans les villages.
Avec AFP.