Le campus de l’Université de Nouvelle-Calédonie à Nouméa ©DR
Après le Président de l’Université des Antilles Eustase Janky, Outremers360 donne la parole aujourd’hui au président de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, Gael Lagadec. Il revient sur l’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 sur la rentrée universitaire mais aussi sur les projets et défis de l’Université pour la rentrée 2020/2021.
Outremers360 : Quelles sont les dispositions prises par l’Université durant le Covid-19 ? Quels impacts avez-vous constaté sur le fonctionnement de l’Université (enseignement, déroulement des examens) ?
Gaël Lagadec : Dès que l’UNC a été contrainte de suspendre ses enseignements en présentiel, le 20 mars 2020, son plan de continuité pédagogique a été mis en œuvre. Avec le soutien des services administratifs et techniques, les enseignantes et enseignants se sont immédiatement mobilisés pour proposer leurs enseignements en ligne : en quelques jours, 80% des enseignements étaient ainsi disponibles via notre plateforme numérique, souvent avec un accompagnement synchrone, par voie de tchats, d’audioconférences voire de visioconférences.
Du matériel informatique connecté disponible a pu être mis à disposition des étudiantes et étudiants, et un système de connexion gratuite via le réseau de téléphonie mobile a été expérimenté durant le confinement, avec le soutien du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de l’office des postes et télécommunications. A la réouverture des campus, des dispositifs de rattrapage ont été proposés par la grande majorité des filières, pour accompagner les étudiantes et étudiants qui n’avaient pas eu accès à internet.
J’estime que l’université s’est vite adaptée à ce contexte nouveau, sans doute aussi parce que la situation sanitaire a été plus favorable en Nouvelle-Calédonie qu’ailleurs. La période de fermeture de l’établissement a été plus courte (6 semaines) qu’en métropole ou d’autres territoires ultramarins, ce qui a limité l’impact de la crise dans l’organisation des cursus, notamment en licence grâce à la nouvelle organisation des emplois du temps mise en place dans le cadre du projet TREC (lauréat de l’appel à projet Nouveaux Cursus à l’Université en 2018). Quelques évaluations ont été organisées à distance, lorsque l’exercice s’y prêtait, mais généralement elles ont été reportées à la réouverture des campus, sans trop de difficulté.
Quels impacts avez-vous constaté sur le fonctionnement de l’Université (enseignement, déroulement des examens) ?
Mais parce que cette fermeture est intervenue très tôt, un mois à peine après la rentrée universitaire en Nouvelle-Calédonie (février), elle a malheureusement eu des conséquences sensibles en matière de décrochage des étudiants de première année de licence, considérée comme l’année de transition la plus difficile. C’est un constat difficile compte tenu de nos ambitions et des moyens que nous consacrons à la réussite de tous les étudiantes et étudiants. Il a aussi trop souvent mis en exergue la fragilité des publics, tant sur le plan social que pédagogique.
Cette période a ainsi montré les enjeux, et souvent aussi les limites, des alternatives à l’enseignement présentiel : réduire la fracture numérique en accompagnant l’équipement informatiques des étudiants et leur capacité de connexion à internet, mais aussi accompagner les enseignants à l’hybridation des formations lorsque cela peut contribuer à la réussite étudiante. Enfin, il faut rester vigilant sur les conditions d’études et l’environnement de travail, ce qu’apportent nos campus.
Vous avez présenté le 4 septembre les projets innovants pour lesquels l’Université de la Nouvelle-Calédonie est lauréate et bénéficiera d’une subvention de 600 millions CFP. En quoi consiste ces projets novateurs ?
Ces trois projets novateurs pour lesquels l’Université de la Nouvelle-Calédonie et ses partenaires ont décroché plus de 5 millions d’Euros (près de 600 MF CFP) dans le cadre d’appels à projets du Programme d’Investissement d’Avenir 3 (PIA3) ont le principal objectif d’offrir aux étudiants toutes les chances de réussite dans leurs études supérieures.
Le projet CROSS (Carrefour pour la Réussite de l’Orientation du Secondaire vers le Supérieur) qui a reçu un montant de 3 686 023 € soit 439 860 496 F CFP, a été élaboré en partenariat avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la direction générale des enseignements/vice rectorat de la Nouvelle-Calédonie.
Il s’agit de mettre en place un réseau de l’orientation en Nouvelle-Calédonie ouvert et dynamique pour favoriser les échanges, la création, l’expérimentation, mais aussi la recherche scientifique autour de ce domaine, par nature interdisciplinaire. CROSS propose ainsi de réunir et de fédérer l’ensemble des acteurs de l’orientation des élèves en Nouvelle-Calédonie afin de maximiser leurs opportunités de poursuivre des études supérieures.
Avec le projet PHARE (Pour l’Hybridation des Apprentissages au service de la Réussite Étudiante), qui a reçu un montant du MESRI de 119 331 700 F XPF (1 000 000 €), nous souhaitons mettre rapidement en place un enseignement à distance performant au service de tous les étudiants de l’UNC et de lutter contre la fracture numérique en Nouvelle-Calédonie. L’hybridation des formations permet ainsi de répondre aux enjeux de l’enseignement et de l’apprentissage à distance, qui nous apparaît indispensable au regard du contexte géographique et juridique particulier de la Nouvelle-Calédonie, mais également face à la crise sanitaire et au cyclone qui n’a pas épargné le Vanuatu durant le confinement.
Enfin, concernant le projet UnWF (Université numérique des îles Wallis-et-Futuna), qui a obtenu un financement de 80 621 893 F XPF (675 610 €), nous avons étroitement collaboré avec le Territoire des îles Wallis-et-Futuna et le vice-rectorat des îles Wallis-et-Futuna afin de rendre accessible les formations d’enseignement supérieur disponibles à distance aux Wallisiens et Futuniens vivant sur le Territoire des îles Wallis-et-Futuna, (collectivité d’outre-mer la plus éloignée de la métropole).
Les étudiants s’inscrivant dans ces formations bénéficieront également d’un accompagnement spécifique avec des personnes dédiées.
Le 4 octobre prochain, la Nouvelle-Calédonie connaîtra un second référendum d’autodétermination. Que peut changer une victoire du OUI sur la gouvernance et les statuts de l’UNC ?
Au terme de la question posée aux électeurs, le OUI signifie indépendance et accès à la pleine souveraineté. Il y aurait probablement une phase de transition de quelques années, mais la suite serait à ce jour surtout marquée par l’incertitude notamment concernant l’université.
Indépendamment de cette consultation, un enjeu majeur concerne la décision du Congrès de la Nouvelle-Calédonie de se voir ou non transférer la compétence enseignement supérieur. Selon un avis de 2016 du conseil d’Etat, un tel transfert de compétence induirait la nécessité de créer un établissement public local d’enseignement supérieur (la recherche n’étant pas transférée) ; autant dire que les incertitudes ne relèvent pas que des consultations référendaires.
Quelles sont les prochaines nouveautés et priorités pour la rentrée universitaire 2021/2022 ?
Relevant du calendrier boréal, la rentrée de l’UNC est en février et années universitaire et civile concordent. Suite à la réforme de nos licences (projet TREC, PIA 3), qui passent à des rythmes de 5 ou 7 semestres, nous avons depuis 2019 modifié la rentrée de nos masters qui est maintenant en septembre.
Cette rentrée des masters, et la rentrée universitaire prochaine, ont entre autres pour nouveauté la création d’un IAE, visant à développer les formations en gestions (MAE, MIAGE…) et à développer de nouveaux partenariats régionaux, notamment avec la Nouvelle-Zélande.
Propos recueillis par Eline Ulysse.