Nouvelle-Calédonie : Les récentes découvertes de l’archéologie

Nouvelle-Calédonie : Les récentes découvertes de l’archéologie

L’archéologue et conservateur Christophe Sand montre un pétroglyphe au centre Tjibaou le 2 juin 2016 ©Fred Payet / AFP

Dans ce nouveau dossier spécial de notre partenaire Caledonia, zoom sur les recherches et découvertes archéologiques en Nouvelle-Calédonie, dont les gravures rupestres dessinées avant l’arrivée des Européens.

Après plusieurs décennies d’observations à caractère archéologique menées par des amateurs à partir de la fin du XIXe siècle, les premières études locales sur le passé de l’archipel ont été effectuées à partir des années 1950 par le Musée, alors « Territorial », de la Nouvelle-Calédonie, sous la direction de Luc Chevalier.

A la sortie des événements des années 1980, un Département Archéologie a été créé en 1991 au sein du Service des Musées et du Patrimoine de Nouvelle-Calédonie, avec deux puis trois personnes. Bien que la compétence en matière d’archéologie revienne aux trois Provinces, dans le cadre de la mise en place des Accords de Matignon-Oudinot, les différentes instances du pays ont décidé la mise en commun des moyens au sein de la structure culturelle du Musée Territorial. Cette période a vu le développement de programmes de recherches sur des sites archéologiques s’échelonnant du premier peuplement humain de l’archipel calédonien il y a environ 3000 ans, à la période coloniale, en focalisant toute une partie des actions de terrain sur l’archéologie traditionnelle kanak du deuxième millénaire après J.C. Parmi de nombreuses découvertes réalisées au cours des inventaires et des fouilles, la plus spectaculaire est sans nul doute la découverte en 1995, sur la plage du site éponyme de Lapita à Foué (Koné), des deux premières poteries Lapita entières du Pacifique.

Un Institut d’Archéologie

La fin de l’année 2009 voit la création officielle d’un Institut d’Archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique (IANCP), dirigé aujourd’hui par Christophe Sand. Le début de cette décennie a été marqué par l’organisation d’une conférence archéologique internationale en 2002, commémorant le cinquantenaire de la première mission scientifique d’archéologues sur la Grande Terre. Cette rencontre, à laquelle participaient des délégations de l’ensemble du Pacifique sud-ouest, a été l’occasion d’une prise de conscience par les responsables et le public calédonien, de l’intérêt de la recherche archéologique en Océanie. La décennie, marquant le démarrage de l’IANCP, s’est achevée avec la première exposition internationale sur le Lapita, organisée au Musée du Quai Branly de Paris en collaboration avec le Centre Culturel du Vanuatu.

En 2011, l’IANCP crée une nouvelle collection, intitulée Archeologia Pasifika, mêlant un terme latin à orthographe francisée et un terme générique à orthographe « océanisée ». Cette collection vient remplacer « Les Cahiers de l’archéologie en Nouvelle-Calédonie » publiés par le Département Archéologie depuis 1992.

De nouvelles découvertes

Les archéologues continuent de faire des découvertes sur le passé du Pays. Un passé encore méconnu à l’image de cette découverte faite récemment dans une grotte… L’archéologue Christophe Sand et son équipe de l’Institut d’Archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, avaient découvert cet endroit par hasard alors qu’ils s’étaient lancés à la recherche de momies en 2004.

Il s’agirait d’une découverte exceptionnelle car aucun autre site du même genre n’a été découvert sur le territoire, ni dans la région Pacifique : des gravures rupestres qui auraient été dessinées avant l’arrivée des Européens !

Une première campagne de relevés d’une durée de 2 semaines avait été effectuée l’année dernière afin de reproduire les gravures avant qu’elles ne s’effacent sous l’action naturelle du temps et surtout de l’homme. Prosper Poagou a suivi la semaine dernière la 2ème campagne de relevés.

Le mystère des pétroglyphes

Longtemps attribués à un peuple qui aurait précédé le peuple Kanak, les pétroglyphes sont considérés par le public comme un des mystères du patrimoine archéologique calédonien.

Suivez l’histoire des pétroglyphes en partant sur les traces du passé !

« Monsieur, c’est qui qui a fait les pétroglyphes ? »

Après un long travail d’inventaire et une analyse rigoureuse de données archéologiques, Christophe Sand publie en 2004 (republication en 2015), sur la base d’études débutées en 1970 par Jean Monnin, une synthèse des différents volets du dossier sur les pierres gravées de la Nouvelle-Calédonie : Kîbô – Le serment gravé.

Ce livre a, avant tout été pensé comme un retour illustré de l’information aux nombreuses personnes qui – au cours des dernière générations – ont montré aux scientifiques les sites de pétroglyphes proches de chez eux, près de la tribu ou sur la propriété. Il est un outil de réponse aux nombreuses questions que se pose le public calédonien sur le sujet.

Il présente, entre autres, un historique des écrits sur le sujet, les dessins de la majorité des sites inventoriés, une typologie détaillée des motifs. En rappelant qu’il existe des traditions orales kanak sur les pierres gravées et en montrant combien les motifs calédoniens sont proches de ceux découverts dans le reste de l’arc mélanésien, il souhaite replacer la recherche passionnante des pétroglyphes dans un cadre dépassionné. Cette synthèse – accessible à tous – s’adresse au grand public, aux scolaires et étudiants, aux artistes, aux scientifiques et aux visiteurs curieux.

En 2016-2017, et avec le soutien de l’IANCP, le Musée de la Nouvelle-Calédonie et l’ADCK-centre culturel Tjibaou s’associent pour proposer au public deux expositions originales croisées, basées sur cet ouvrage : « Jâwî » (« nouer ensemble deux bouts » en langue a’jië) et « Kîbô » (faire un creux dans un corps dur pour marquer une décision [pétroglyhpes] » en langue a’jië).