Nouvel An : Le « bain démarré » traverse les années et la mer aussi

Nouvel An : Le « bain démarré » traverse les années et la mer aussi

L’année 2016 a pointé le bout de son nez depuis quelques heures. Pour débuter une année sans encombres, il existe des rites de passage qu’on ne peut pas louper. C’est le cas notamment du « bain démarré » aux Antilles, un rite ancestrale qui continue à perdurer.

À chaque nouvelle année, son lot de rituels qui l’accompagne. Aux Antilles, il est de coutume par exemple d’offrir des agrumes ou consommer des lentilles, des superstitions assurant abondance et prospérité pour l’année à venir. Parmi ces rites, se trouve également le « bain démarré ». Pour Pierre Bonan, propriétaire d’un magasin ésotérique dans le 19ème arrondissement à Paris, ce rituel est même nécessaire. »On peut recevoir des mauvais sorts, lorsqu’on se sent pas bien dans sa peau donc on se nettoie et se protège avec le bain démarré », dit Pierre. Il s’agit d’un bain de mer que l’on prend en fin d’année pour se purifier des mauvais flux accumulés au cours de l’année précédente. Dans sa boutique où la Vierge Marie garde un oeil sur le Bouddha, posé parmi des essences aux noms très suggestifs comme « Pou inmé mwen »(Pour m’aimer), « Brizé Krazé’ (Brisé- Ecrasé), Pierre Bonan nous confie que la « queue de morue salée » est un élément important dans ce bain marin mêlé de feuillages. Accompagnée de lavande rouge, de douvan-nèg ou de vétiver bouillis dans l’eau, la « queue de morue » permet de capter ces mauvais ondes. « Le pouvoir mal-odorant de la morue permet de chasser tous les flux négatifs et de se purifier en la jetant par dessus de son épaule », ajoute cet antillais. Ce rituel transmis de générations en générations, est durant une période tombée en désuétude face à la modification des modes de vies.

Pour perdurer, cette coutume peut compter toutefois les groupes carnavalesques qui ont remis cette tradition au goût du jour. Là, pas de queue de morue mais des offrandes composées de fruits, de fleurs posés sur un radeau laissés à la mer. Il s’agit surtout une manière de remercier la nature de ses dons. Les ultramarins dans l’hexagone ne sont pas en reste. Pierre Bonan conseille de prendre un bain uniquement de feuillages. Selon lui, « il existe encore des personnes qui respectent cette tradition même installés en France mais d’autres estiment que cela n’est d’aucune utilité ». Depuis une trentaine d’années,  Pierre Bonan prépare une centaine de bains démarré pour sa clientèle. Cette année ne déroge pas à la règle. Il suffit de faire deux pas au sein de la boutique, pour découvrir une pancarte sur laquelle est inscrite « bain démarré ». Notre regard se porte alors une dizaine de grands sacs noirs dans lequel se trouvent diverses enveloppes remplies de feuillages. Pierre Bonan affirme qu’il voit défiler autant de personnes âgées que de jeunes. « Il y a toutes sortes de religions qui viennent ici : catholiques, adventistes, témoins de jéhovah, etc. Tout le monde partage cette coutume qui fait tout de même partie de notre patrimoine », ajoute-t-il. Plus qu’une tradition, le bain démarré est devenu un rite universel.