Violences faites aux femmes: #Noustoutes974, une marche solidaire à La Réunion

Violences faites aux femmes: #Noustoutes974, une marche solidaire à La Réunion

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En écho de la marche nationale portée par l’association Noustoutes qui aura lieu samedi 23 novembre à Paris, pour protester contre les violences faites aux femmes, le collectif réunionnais Noustoutes974 appelle au rassemblement le même jour, dans l’ouest de l’île.

137, c’est le nombre de femmes assassinées par leurs conjoints ou leurs ex conjoints depuis le début de l’année (en date du 21/11/19). Un terrible décompte tenu par le mouvement Noustoutes. Lancé en 2018 dans l’hexagone mais aussi à La Réunion, le mouvement s’est fait connaître par son hashtag #JeMarchele23Novembre. « Nous devions marcher le 24 novembre 2018. Nous n’avons pas pu le faire. Mais cette année, ce ne sera pas le cas. Nous serons bien là », annonce, déterminée, Fabienne Couapel Sauret, présidente de Noustoutes974. Le point de rassemblement est prévu à l’Hermitage, à 10h, pour une petite marche jusqu’à la plage. Des temps forts sont ensuite prévus. Durant deux heures, vont s’enchaîner des prestations d’artistes locaux, à l’instar de la rappeuse slameuse Léa Noël, mais aussi le slameur Steed, les humoristes Teat Lakour et le chanteur Jim Fortuné. Aussi, des animations dance-hall et salsa seront assurées par Kahla et Marie-Annick. En parallèle, une exposition des œuvres du jeune artiste Fore D. Pour clore la manifestation, une photo de groupe est prévue à 12h30, après un petit mot de fin. Les réunionnais de France sont quant à eux invités à participer à la marche à Paris. Le lieu de rendez-vous est donné à 13h30 au café de la paix (Opéra). « Nous allons porter le drapeau réunionnais afin de rendre visible notre action et mobiliser un maximum de réunionnais », indique Gabrielle Savi, coordinatrice france de la marche Noustoutes974.

Ces rassemblements marquent un ras-le-bol général de la situation des violences faites aux femmes. Du geste déplacé à la formulation grossière ou décalée, en passant par l’injure, mais aussi les attouchements, les agressions sexuelles, les chantages à l’emploi ou à la promotion, voilà ce que les femmes réunionnaises ne veulent plus.    « Nous supportons le mouvement en France pour davantage de moyens mais aussi pour amplifier la sensibilisation à la lutte contre les violences et le sexisme subis par les femmes », déclare Fabienne Couapel Sauret. Pour se faire entendre, Noustoutes974 travaille en réseau avec d’autres structures : l’association Femmes 974, le collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales (CEVIS), l’AFFECT, le planning familial du Sud, l’association Cœur vert et Sœurs du 974.
« On parle des violences conjugales et intrafamiliales, mais il y a aussi ce problème en politique, dans les collectivités et dans le milieu du travail », soulève la tête de file de Noustoutes974. Près d’une française sur trois déclare avoir été harcelée ou agressée sexuellement sur son lieu de travail au sens juridique du terme (source IFOP, avril 2019). « Nous souhaitons briser le silence, redonner confiance aux victimes, dire aux auteurs que ça provoque de la souffrance physique et psychologique », martèle la présidente de NousToutes974. Ancienne avocate, fondatrice et présidente de l’association Femmes 974, Fabienne Couapel Sauret est déléguée au transport, au déplacement, à la mobilité rurale et au schéma d’aménagement régional.

L’univers politique n’est pas épargné par les actes de sexisme. « On estime qu’à La Réunion, la cause des femmes transcende les bords politiques, souligne Fabienne Couapel Sauret. Les femmes doivent manifester leur confiance en elle et se rebeller face à des propos ou des gestes inappropriés ». Et elle connaît bien le sujet puisqu’elle en a elle-même fait les frais dans sa fonction de déléguée régionale au transport. « Je suis dans un milieu extrêmement masculin. Je rencontre au quotidien des comportements inappropriés qui visent à décrédibiliser mon action car je suis une femme. Je suis victime régulièrement de propos inappropriés. Dans les transports, on est dans un autre univers ! Il faut mettre fin à ces pratiques illégales », s’insurge-t-elle.

Le gouvernement français a déjà fait des promesses, notamment lors de la venue début novembre de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. « Le gouvernement prend conscience mais les enveloppes budgétaires sont en deçà de la réalité des moyens nécessaires pour lutter contre la violence », affirme Fabienne Couapel Sauret. En effet, selon elle, « on ne peut pas tout réparer avec de l’argent, il faut
aussi des formations, notamment pour améliorer les dispositifs d’accueil et de prise en compte de la parole des victimes ».

Pour répondre à ce besoin, une démarche novatrice a été mise en place en 2017 au sein des gendarmeries de La Réunion : les groupes violences intrafamiliales (VIF). l’objectif est, à travers des formations spécifiques en direction des gendarmes, d’améliorer l’accueil, la prise en charge, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes de violences. « Quarante-cinq gendarmes ont reçu la formation sur l’île. Nous avons donc aujourd’hui un agent référent par brigade », souligne
le lieutenant colonel Lenne Rudy, officier adjoint à la prévention et au partenariat du commandement de la gendarmerie de La Réunion. Les victimes sont ensuite mises en contact avec l’un des quatre intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie (ISCG). Un effectif qui va doubler en décembre prochain. Cette démarche s’appuie aussi sur un travail de mise en réseau plus fluide avec les différents acteurs associatifs.

Enfin, les marches du 23 novembre s’organisent deux jours avant la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes durant laquelle sera organisée le grenelle des violences conjugales en Outre-mer, dispositif annoncé par Marlène Schiappa lors de sa venue sur l’ile en novembre dernier.

Par Amélie Rigollet

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