Noémie Gaddarkan, Présidente de Sciences Ô: « Notre objectif, mettre les Outre-mer au coeur du débat »

Noémie Gaddarkan, Présidente de Sciences Ô: « Notre objectif, mettre les Outre-mer au coeur du débat »

Dès ce lundi 27 février, l’association Sciences Ô organise la 4ème édition de la Semaine de l’Outre-mer. Pour parler de  cet évènement, Outremers 360 a rencontré sa présidente Noémie Gaddarkhan. 

Originaire de Saint-François en Guadeloupe, Noémie Gaddarkhan choisit très vite la voie des grandes écoles. En classe de troisième, et avec pour objectif premier d’intégrer l’Ecole nationale de la Magistrature, elle est alors orientée par un des ses professeurs  vers le lycée Faustin Fléret. C’est l’un des 4  lycées en Guadeloupe qui propose une préparation aux grandes écoles telles que Sciences Po Paris.
Actuellement en Première année de Master Politiques Publiques spécialité Energies, Ressources et Développement, Noémie Gaddarkhan est devenue présidente de l’association en septembre 2016. Retour sur son parcours et sur les missions de Sciences Ô.

Comment  avez-vous intégré Sciences Ô ?

J’ai intégré Sciences Po en 2012 après l’obtention de mon bac au lycée Faustin Fléret, par la Convention Education Prioritaire, un partenariat qui crée une filière d’accès à l’IEP de Paris pour les élèves issus des zones d’éducation prioritaire (ZEP) mise en place par l’ancien directeur de Sciences PO Richard Descoing. J’ ai passé les oraux d’admission en Guadeloupe puis à Paris. J’ai été admise avec d’autres camarades réunionnais mais aussi saint-martinois.

Comment avez-vous découvert Sciences Ô?

J’ai découvert Sciences Ô lors des oraux d’admission à Paris. L’association avait organisé une réunion d’informations sur leur existence et leurs actions, sachant qu’elle a été créée un an avant mon intégration.Et je l’avoue, ils m’avaient charmé! Quand je suis arrivée en Septembre, j’ai trouvé un mouvement de solidarité, un mouvement de personnes unies avec un même objectif, l’intégration et notre réussite. Aujourd’hui, beaucoup de mes amis sont de Sciences Ö qui sont encore avec moi et qui m’aident pour la com’, je pense à Benoit Cascade, Jonathan Kandassamy après j’ai rencontré Jordan Eustache.

C’est tout à fait naturellement que j’ai décidé d’adhérer à l’association en devenant un membre actif. Ensuite, lors de ma troisième année, je suis partie en échange universitaire à Sao Paulo au Brésil, au sein de la Fundaçao Getulio Vargas, une école de référence en matière d’enseignement d’Administration des Affaires.

Depuis janvier 2016, l’idée m’est venue de me présenter à la présidence de Sciences Ô mais j’hésitais. C’est sous l’encouragement d’un ami également à Sciences Ô que je me suis présentée comme candidate face à une autre étudiante guadeloupéenne. Et donc en septembre 2016, une nouvelle aventure à Sciences Ô a commencé pour moi.

Présidente de Sciences Ô, une mission intense ?

Je peux dire que cela n’est pas de tout repos, surtout avec la préparation de la Semaine des Outre-mer, mais je le vis à fond ! Il faut dire que Jordan Eustache l’ancien président a mis la barre très haut l’année dernière. Il a fait de belles actions. Il faut aujourd’hui être à la hauteur de tout cela.

Au quotidien, comment valorisez-vous les Outre-mer au sein de Sciences Po ?

L’association favorise ce travail de connaissances des Outre-mer à travers des conférences, de débats ou des ateliers. Après le travail est fait aussi de manière individuelle, chaque étudiant en fonction de son cursus va apporter sa touche ultramarine.J’ai  eu un cours d’énergies et de régulation, on me parle surtout de la régulation de l’énergie dans le milieu hexagonal. J’ai  eu cette réflexion de me dire: « Daccord mais  comment cela se passe-t-il dans les Outre-mer ? Et quand j’ai posé la question à mon  professeur, j’avais l’impression de lui avoir posé une colle.

Mais cela commence à évoluer petit à petit. J’ai été agréablement surprise récemment d’entendre certains professeurs  parler de l’outre-mer, mais là encore ce sont sur des sujets spécifiques. Dans un cours intitulé Action publique et nouvelles ressources économiques, le professeur a ainsi insisté sur la possibilité de l’électrification en Guyane. J’ai eu un autre cours sur la  responsabilité sociale des entreprises dans le milieu extractif où mon professeur qui aurait pu prendre 20 000 autres exemples mais cite principalement le nickel en Nouvelle-Calédonie. Vous savez, à ce moment-là vous ressentez un sentiment de fierté lorsqu’on parle de vous, et qu’on ne s’arrête pas uniquement  à la violence ou les Outre-mer coûtent cher. Dans les cours d’institutions politiques, les spécifiés des territoires d’outre-mer sont évoquées. C’est toujours agréable d’entendre parler de nos Outre-mer.

Parlez-nous des missions de Sciences Ô?

L’Association a trois missions. D’abord, promouvoir les outre-mer au sein de notre milieu science-piste, comme on l’appelle chez nous. Au départ, il s’agissait de faire tomber les stéréotypes et les clichés connus sur nos départements d’origine et pallier cette méconnaissance des Outre-mer. C’est important lorsque l’on sait que le quart des décideurs de demain dans le privé comme le public qui sont dans notre école, ne savent pas où se situe la Guadeloupe ou la Réunion. C’est une mission qui nous tient à coeur d’où l’importance de notre évènement la Semaine des Outre-mer.

La deuxième mission à laquelle j’attache une attention particulière est d’accueillir les étudiants qui prennent l’initiative de passer les concours, par n’importe quelle voie d’admission. On leur propose un soutien pour les aider à préparer leur concours à travers un parrainage.En décembre, nous avons parrainé des lycéens de Nouvelle-Calédonie dont trois ont été admis à Sciences Po pour la rentrée prochaine.

La troisième mission est de se proposer comme étant une association incontournable en mettant au coeur du débat les Outre-mer sur toutes les questions économiques, culturelles, politiques, s’intéresser à des histoires comme les Enfants de la Creuse par exemple. Ainsi, c’est une autre manière de participer à la réussite de nos étudiants ultramarins

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Pouvez-vous nous en dire plus sur la Semaine de l’Outre-mer ?

Pour cette année, le thème que nous avons retenu est « l’Outre-mer, un vivier français ».Nous avons un programme très riche. Dès lundi 27 février, nous avons la conférence politique sur la question « Quel avenir pour l’outre-mer?. Nous avons tous vu que l’Outre-mer a été oublié des débats des primaires. Nous avons tout naturellement  décidé d’aborder ce thème lors de notre conférence où seront présents un représentant des candidats Hamon, Fillon, Le Pen, Mélenchon et Macron. Ils nous présenteront leurs visions pour les Outre-mer. Ce sera un débat comme à la télé avec un temps de parole attribué à chaque personne. Le mardi, nous avons une séquence économique. On tentera de répondre à la question  « Comment redynamiser l’économie  des Outre-mer avec nos invités Karine Claireaux, la sénatrice de Saint-Pierre-et-Miquelon et le président de la CCI de Guadeloupe Henri Nagapin.  Le 1er mars, on s’intéressa aux langues créoles. La semaine se clôturera avec la projection du film de William Cally, «Une enfance en exil ».

Un mot pour la fin ? 

On compte de nombreux talents en Outre-mer. Il est très important  que les jeunes se saisissent des nouvelles problématiques de ce monde  et qu’ils fassent entendre leurs opinions.