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Le 27 juillet dernier, le SIDELEC Réunion a inauguré, avec ses partenaires, le « microgrid » de Mafate, « un petit réseau comprenant des panneaux solaires, couplés avec une production et un stockage d’hydrogène qui permet de stocker de l’énergie pendant plus d’une semaine ». Innovation en termes de production et de stockage d’électricité, le « microgrid » avait été récompensé lors de la COP 21.

« Mafate sera la vitrine, l’exemple à suivre en matière de MDE (Maitrise de la demande en énergie) et de développement durable », estime le SIDELEC Réunion, partenaire d’une île qui souhaite à long terme atteindre « l’autosuffisance énergétique ». Créé en 2000, le SIDELEC est « un acteur essentiel de l’énergie à La Réunion ». « En tant qu’établissement public de coopération intercommunale, sa compétence est la redistribution de l’électricité dans les 24 communes de l’île », explique le SIDELEC. Présidé par Maurice Gironcel, le SIDELEC a inauguré le « microgrid » de Mafate le 27 juillet dernier, avec l’ensemble de ses partenaires du projet : les Mairies de la Possession et de Saint-Paul, les services de l’Etat, l’ADEME, EDF, le Parc National, le Conseil Régional, le Conseil Départemental, l’Office national des Forêts (ONF) et la Communauté d’agglomération du Territoire de la Côte Ouest (TCO). En phase d’expérimentation, le « microgrid » fournit de l’électricité pour l’école de La Nouvelle, l’atelier de l’ONF et le dispensaire de Mafate, pour l’heure.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi est-ce que le micro-grid expérimental 100% solaire est une innovation et une première mondiale ? Quelle est la grande différence avec des panneaux solaires traditionnels ? 

SIDELEC: A La Réunion, le site le plus isolé est le cirque de Mafate qui se trouve au cœur du Parc National. Dans ce relief arpenté, les villages sont dispersés sur des îlets et ne sont pas reliés au réseau électrique. C’est ainsi que, soutenu par l’Etat (CAS-FACé), le SIDÉLEC Réunion a lancé une étude de faisabilité technique pour fournir aux habitants de Mafate un service public de qualité dans l’objectif de tendre vers l’égalité de traitement de tous les Réunionnais. Très concrètement, le CAS-FACé nous accompagne dans cette démarche de développement durable à travers les énergies renouvelables. En effet, la solution pour pérenniser la fourniture d’électricité s’appuie sur des micro-réseaux avec batteries de stockage, alimentés par l’énergie solaire avec comme supports, des panneaux photovoltaïques. C’est dans ce cadre qu’EDF a saisi l’opportunité pour nous proposer une solution expérimentale innovante, à base d’hydrogène.

Cette solution innovante permet de stocker l’énergie solaire pendant plus d’une semaine grâce à des batteries à hydrogène. Le SIDÉLEC Réunion et les partenaires ont inauguré en juillet dernier avec cette nouvelle technologie, un micro réseau mis au point par la start-up Powidian. Ce dispositif est appelé « microgrid ». C’est un système novateur de management de l’énergie à distance. Ce micro-réseau comprend un local technique, des panneaux solaires, couplés avec une production et un stockage. Le concept a été récompensé du prix d’innovation lors de la COP 21 l’an dernier.

De manière générale, comment est alimenté Mafate ? 

Les 300 foyers du cirque de Mafate ont bénéficié il y a 15 ans d’un programme d’électrification réalisé par des solaristes, à travers des mesures de défiscalisation, avec l’implantation de nombreux générateurs photovoltaïques qui ne répondent plus à leurs besoins et qui sont devenus vétustes. Encore aujourd’hui, des groupes électrogènes y sont utilisés lorsqu’il n’y a pas de soleil, soit environ six mois de l’année.

Depuis la nouvelle mandature, un plan d’investissement d’un montant de près de 15 millions d’euros est mis en place sur 3 ans. L’objectif est de fournir de l’électricité à l’ensemble des Mafatais en répondant à leurs besoins. Avec ce projet, il s’agit pour le SIDÉLEC Réunion de fournir une électricité propre et de réduire, voire d’effacer les nuisances sonores et les émissions de gaz à effet de serre des groupes électrogènes. La volonté est également d’apporter une solution d’électrification efficiente à chaque situation, avec des systèmes individuels ou collectifs, pour assurer une gestion pérenne et intelligente de l’énergie entre la production, la consommation, les aléas climatiques et le stockage.

Va-t-on, à terme, vers une alimentation de tout Mafate par microgrid ? 

Pour cette phase d’expérimentation, il n’y a que le dispensaire, l’atelier de l’Office national des forêts et l’école de la Nouvelle qui bénéficient de cette technologie. Si elle se révèle concluante, le dispositif pourrait être étendu aux Mafatais et aux autres ilets, ainsi que sur d’autres endroits isolés de l’île.

A terme, à travers la PPE (Plan pluriannuel de l’énergie), notre volonté ainsi que celle des membres de la Gouvernance Energie, est d’atteindre l’autonomie énergétique et de faire de La Réunion, une île verte, à travers les énergies renouvelables.

Est-ce un projet qui pourrait être repris par d’autres communes de La Réunion ? Voire même au-delà ? 

D’abord, il faut savoir que le SIDÉLEC Réunion regroupe les 24 communes de l’île de La Réunion en matière d’électrification en zone rurale. A ce titre, nous bénéficions de subventions du CAS-FACé, ce qui nous permet d’engager ce genre d’opérations d’investissement sur les sites isolés. Ce choix d’alimenter les Mafatais en électricité par les énergies renouvelables est parfaitement adapté aux sites. A terme, nous allons, en fonction du résultat de l’expérimentation, choisir la meilleure solution. Toujours dans l’objectif de répondre aux exigences de la loi TECV (Transition Énergétique et Croissance Verte), les autres communes bénéficieront elles aussi d’énergies moins carbonées.