Mémoire : Dilemme autour de la conservation d’ossements d’esclaves en Guadeloupe- EXCLU

Mémoire : Dilemme autour de la conservation d’ossements d’esclaves en Guadeloupe- EXCLU

Quand le passé refait surface, se pose la question de sa préservation. Le 11 novembre dernier, la commémoration de l’armistice en Guadeloupe a été marquée par l’apparition d’ossements d’esclaves sur la plage de Raisins Clairs à Saint-François. L’anthropologue et écrivain Michel Falémé revient sur cet élément pour Outremers 360.

Le cimetière d’esclaves de Saint-Francais: Un ossuaire au Mémorial Acte ou un lieu sanctuarisé ?  

Tandis que toutes les communes de France et de Navarre ont célébré un 11 novembre 2015 somme toute normal ou banal, des autorités civiles et militaires déposant une gerbe de fleurs devant le monument aux morts de leur commune, il en était tout autrement en la commune de Saint François en Guadeloupe. Oui, un 11 novembre agité et dont l’épicentre était la plage des Raisins clairs. Sur cette plage dédiée à la farniente quotidienne des touristes ou à la détente du week-end des guadeloupéens une polémique est en train de naître. En effet que faire des ossements humains qui font surface épisodiquement depuis des années ? Ce site connu de certains franciscains, est célèbre pour abriter le repos éternel d’esclaves enterrés là depuis des siècles. La question quant à savoir que faire des lieux est remis régulièrement sur le tapis depuis 1992. Mais cette fois-ci, la polémique a pris une ampleur passionnelle, lorsque l’un des leaders du groupe Akiyo, Joël NANKIN a interpellé directement les autorités politiques au niveau local et régional en appelant la population à intervenir afin qu’une décision définitive soit apportée au respect de ces lieux. Deux logiques s’affrontent. L’une dans le cadre de l’intérêt touristique des lieux, logique avancée par le maire de Saint François, M. BERNIER et celle proposée par Joël NANKIN, qui appelle à la sanctuarisation des lieux dans le cadre d’une dimension plus spirituelle.

La question quant à savoir que faire des lieux est remis régulièrement sur le tapis depuis 1992.

En attendant une véritable solution qui passerait peut-être par la création éventuelle d’un ossuaire au Mémorial Acte, ou comme le préconise l’artiste plasticien d’Akiyo, un espace dédié sur cette plage à la mémoire de l’esclavage, les ossements ne devant pas être déplacés, il reste qu’il soit choquant que des touristes déambulent ou bronzent entre des squelettes parfois pillés dans leur intégrité par des indélicats à la recherche de quelques pratiques occultes ou pour des intérêts ridiculement mercantiles. Le président en exercice de la région Guadeloupe, M. Victorin LUREL, s’est lui aussi rendu sur les lieux en ce 11 novembre, démentant toutes affirmations à caractère politique dans le cadre de la campagne des régionales, houleuses se déroulant actuellement en Guadeloupe. Il a, au contraire affirmé, sa venue en tant que citoyen et comprendre la cause de cette apparition pour laquelle, dit-il, avoir engagé des crédits de consolidations de l’endroit. Consolidation à priori mal effectuée qui seraient responsables de cet événement médiatico-politique.  Il reste en attendant une grande incompréhension entre des autorités politiques et un groupe de citoyen, qui ont décidé de se constituer en Comité pour la défense et le respect de la mémoire du passé esclavagiste de la Guadeloupe.

Retrouvez la réaction de Lurel interrogé sur ce sujet

Quant au Mémorial Acte, il a peut-être l’occasion de se voir enfin revaloriser aux yeux de nombre d’habitant de la Guadeloupe si elle entreprend une action de sycnchrétisation des lieux de l’histoire mémorielle du pays. Affaire à suivre, donc…

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À savoir: À la suite de récents travaux d’aménagements à proximité du Mémorial Acte, il semblerait qu’un nouveau cimetière d’esclaves ait été découvert. Les premières datations des ossements situent  ces restes vers les débuts de XIXème siècles. Plus d’informations à suivre sur Outremers 360