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Près d’un tiers de la population de Mayotte, soit 81 000 habitants sur 270 372, vit dans un logement qui n’a pas accès à l’eau courante, selon une enquête Insee sur l’évolution des conditions de logement à Mayotte, faisant suite au dernier recensement de 2017.
« Cette proportion est deux fois plus importante qu’en Guyane et cela représente 81 000 habitants », a déclaré Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne de l’Insee du 101e département français. Toutefois, la situation s’est considérablement améliorée.
En 1997, 80% des logements n’avaient pas l’eau courante. Entre 2007 et 2012, le nombre de logements sans eau courante a baissé de moitié, mais il est reparti à la hausse entre 2012 et 2017 avec la hausse des constructions des bangas (cases) en tôle. Ces constructions en tôle forment aujourd’hui 38% du parc immobilier mahorais. Et elles sont habitées dans 65 % des cas par des étrangers. Un peu plus de la moitié des bangas est dépourvue d’eau courante contre seulement 12% des logements en dur.
Sur les 18 300 ménages qui ne bénéficient pas d’eau courante dans leur logement, 7 900 ont malgré tout un robinet dans leur cour et 3 700 font appel à la solidarité des voisins, parents ou tiers. « Il y a 1 600 ménages qui s’approvisionnent dans une rivière ou dans un ruisseau. Cela représente une hausse de 37% entre 2012 et 2017 et c’est en lien avec la forte immigration récente », explique M. Mekkaoui.
« Les risques sanitaires associés à ce type d’approvisionnement (maladies hydriques, telles que la gastro-entérite ou la diarrhée) peuvent toucher 7 300 habitants, dont 1 450 enfants de moins de 5 ans. Et dans le même temps, on observe une augmentation de 54% d’approvisionnement aux bornes fontaines. Cela touche 3 000 ménages dont 1 000 dans les communes de Mamoudzou, Koungou et Dembeni, là où il y a le plus de bangas en tôle », explique Jamel Mekkaoui.
Le confort sanitaire de base est peu répandu dans l’habitat mahorais. Dans 60% des cas, il manque au moins l’eau courante ou les toilettes ou la douche à l’intérieur du logement. Ce taux monte à 95% pour les bangas en tôle, contre 37% pour l’habitat en dur. « Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’eau du tout. Souvent, il y a des toilettes ou un robinet dans la cour, mais ils sont partagés avec plusieurs habitations », précise Jamel Mekkaoui.
Avec AFP.