Même à 8000 km de leur îles, ils suivent de près les évènements qui se déroulent à Mayotte. Entre colère, indignation et inquiétudes, les mahorais de l’Hexagone restent toutefois solidaires avec la population du jeune département, perturbée par une grève depuis deux semaines.
« Aujourd’hui, je suis un homme abattu, en colère car j’ai l’impression de vivre une répétition », témoigne Mohammed Nassufdine, président du Comité Mayotte Développement. « Mayotte n’a pas échappé au mouvement de grève qui a touché les départements d’outre-mer en 2011. Aujourd’hui, on se retrouve dans la même situation avec une économie moribonde et qui enfonce davantage le département de Mayotte », poursuit Mohammed Nassufdine. Que le conflit s’éternise, c’est sa principale crainte. « Il faudra faire vite pour apaiser pour que chacun puisse reprendre sa vie normale, que les mahorais puissent retrouver le calme comme cela fût le cas jadis », poursuit Mohammed. Toutefois, le président du Comité de Mayotte Développement précise qu’il ne conteste la grève ou encore le droit de manifester mais critique « la manière et la méthode » de l’intersyndicale. « Ma colère se porte avant tout sur la méthode et la manière que je ne soutiens pas. Le syndicat est aujourd’hui dépassé par certains barrages qu’il n’arrive pas à contrôler. Sur ces lieux, on retrouve des individus qui cassent, intimident. Aujourd’hui, la population mahoraise ne sort plus et reste emprisonnée chez elle », déclare-t-il. « Nous sommes en train de pénaliser une jeunesse mahoraise qui va à l’école, qui fournit déjà des efforts considérables pour se mettre à niveau. Ce sont eux qui vont payer les pots cassés pour des revendications sur lesquelles syndicat, élus et État peuvent se mettre autour de la table et dialoguer ». Parmi les victimes de ce mouvement social, Mohammed Nassufdine cite également les petites entreprises de l’île qui connaissent déjà des difficultés.
Déception vis-à-vis des élus
Hormis le procédé du syndicat, c’est l’attitude de certains élus qui l’exaspère le plus. « On retrouve certains responsables et élus politiques locaux qui se permettent de soutenir ces méthodes-là, je ne peux pas accepter cela. Lorsque je vois le président du conseil départemental qui soutient les grévistes alors qu’il peut prendre une délibération avec sa majorité sur l’indexation des salaires par exemple, je suis consterné. Pour moi, c’est démagogique et irresponsable ». Pour Mohammed Nassufdine, les élus ne font pas suffisamment preuve de sincérité. Il critique le manque de transparence des élus. « Ces élus savent très bien qu’il est impossible de satisfaire l’indexation des fonctionnaires à 1, 53 alors que la collectivité départementale peine à 1,30 et arrivera avec difficulté à 1, 40, vu sa situation financière », précise -t-il. Immigration, insécurité, délinquance juvénile, ce président d’association ultramarine est conscient de ces problèmes qui aggravant la situation de l’île mais reste persuadé des potentialités du département. « Mayotte est un bijou où il y a plein d’autres secteurs comme le tourisme à développer. Aujourd’hui, Mayotte n’attire personne du fait de l’insécurité. » Cependant Mohammed garde espoir quant à la poursuite des événements avec la prochaine réunion avec le Ministère des Outre-mer. À l’instar de Mohammed Nassufdine, d’autres Mahorais ont choisi de manifester leur inquiétude via les réseaux sociaux.
Mon petit quartier Cavani ?????? #SaveMayotte loin des yeux mes près du coeur les miens ?
— Soumaya (@_soum_s) 12 avril 2016
Je ne reconnais plus mon île ? #SaveMayotte
— Mimoune2.0 (@BbooyElaamine) 12 avril 2016