Des étrangers ont été expulsés illégalement de leur logement par des citoyens dans le Sud et le Nord de Mayotte depuis samedi, a confirmé lundi le procureur de la République.
Le week-end dernier, à Kani-Kéli (Sud de Mayotte), et lundi à Acoua (Nord de l’île), des citoyens se sont livrés à des manifestations anti-étrangers, « incitant une partie de la population à quitter le territoire », a déclaré la gendarmerie.
En marge de ces manifestations, des expulsions, appelées décasages, avec des habitations brûlées et détruites, n’ont causé « aucune victime, aucun blessé », a affirmé Camille Miansoni, procureur de la République. Ce sont « les premiers faits caractérisant ces phénomènes (depuis le début de la crise), où il n’y a pas de doute sur les intentions », a détaillé le ministère public. Plusieurs opérations de même nature avaient été menées par des collectifs villageois en 2016.
Le procureur de la République a également indiqué qu’il allait « bientôt » communiquer de manière générale sur « la série de faits et d’exactions de toutes sortes commis en marge du mouvement social », évoquant des rançonnages sur les barricades, des « tentatives d’extorsion » et des atteintes aux biens. « Des enquêtes seront ouvertes », a-t-il promis. En outre, une dizaine de plaintes pour « entrave à la circulation » a d’ores etdéjà été déposée, a précisé le magistrat.
A #Mayotte, opérations de décasage à Kani-Kéli
où des habitants ont incendié des maisons de #Comoriens. L’Etat a le devoir de protéger les etrangers et de lutter efficacement contre l’immigration clandestine. L’Etat doit reprendre sa place avant que Mayotte ne sombre @EPhilippePM— younous omarjee (@younousomarjee) 26 mars 2018
Lundi, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Infirmiers Océan Indien a invité « tous les professionnels de santé (de Mayotte) à déclarer et signaler tout évènement sanitaire indésirable » à leur ministère de tutelle. Son représentant
local, Eric Roussel, évoque des « agressions verbales » sur les barricades, « des fouilles de véhicules et de matériel médical » par les manifestants et dénonce le blocage des personnels soignants aux barrages.
Alors que l’île était encore paralysée par une quinzaine de barrages lundi, selon la gendarmerie, la préfecture de Mayotte a indiqué que « durant les dernières 24 heures, deux situations sanitaires graves se sont produites dans le département
en lien avec les conditions de circulation », dont une ambulance « retardée de plusieurs minutes » sur un barrage transportant « une personne victime d’un accident vasculaire cérébral ». « Cette personne est décédée à son arrivée aux urgences », a ajouté la préfecture rappelant que « ces entraves sont des actes délictuels ».
Avec AFP