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Une consultation est lancée par la Collectivité Territoriale de Martinique, pour un drapeau et un hymne pour la Martinique. Une initiative qui suscite beaucoup d’interrogations au sein de la population martiniquaise.
Afin de mieux l’identifier lors de compétitions sportives internationales ou culturelles, la Martinique se cherche un nouveau drapeau et un nouvel hymne à l’instar de la Bretagne ou de la Corse. Si l’idée est bien accueillie de la part des ligues sportives comme la ligue de Football de Martinique, elle suscite de vives réactions auprès de certains élus. « Il faut faire la différence entre un drapeau et un emblème» souligne Fred-Michel Tirault à Martinique la 1ere, maire du Saint-Esprit et Président du parti Les Républicains à la Martinique. « Poser la question du drapeau revient à poser la question de la souveraineté. L’hymne et le drapeau sont des attributs d’une nation. Si l’on veut qu’il y ait une nation martiniquaise, qu’on le dise franchement» précise-t-il.
Deux drapeaux régionaux qui ne font pas l’unanimité
Pourtant, deux drapeaux régionaux pour la Martinique existent mais ils sont contestés. Le premier, «4 serpents», écusson de e la marine marchande, notamment utilisé par les navires qui se livraient à la traite négrière transatlantique, est lourdement critiqué en Martinique pour cette référence au passé esclavagiste. En juillet dernier, plusieurs députés ultramarins avaient co-signé un amendement à intégrer dans la loi de révision de la constitution pour demander le retrait de ce pavillon des édifices et des uniformes publics. Interpellé sur cet emblème lors de sa visite en Martinique à la mi-octobre, Emmanuel Macron demandera quelques jours plus tard, que cet écusson aux 4 serpents soit retiré des uniformes des gendarmes.
Puis il y a le drapeau «rouge, vert, noir». Selon certaines sources ce drapeau serait apparu la première fois en en 1665 lorsque Francis Fabulé, un Noir marron africain déporté en Martinique brandit ces couleurs lors de rebellions et des combats qu’il aurait mené du côté des Amérindiens contre les colons français. Ces couleurs sont ensuite réapparues lors de la révolte des jeunes de l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique) arborent ces couleurs au début de 1960. Ils critiquaient le statut départemental de la Martinique et revendiquait le droit à l’émancipation du peuple martiniquais.
Plus récemment en 1995, il était arboré dans les ronds-points de la ville de Sainte-Anne à l’époque où elle était dirigée par Garcin Malsa président du Modemas. Pour le Modemas, il symbolise la « résistance face à l’oppression coloniale des Français».
Il aurait pu s’imposer sur l’île mais la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), présidée par Alfred Marie-Jeanne, demande une « création unique », « originale », dont « aucune partie ne fait partie d’une oeuvre préexistante ». « ce drapeau rouge-vert-noir existe certes mais il n’est pas adopté par l’ensemble de la population » indique Francis Carole, membre exécutif de la CTM.
Les consultations pour l’adoption d’un hymne et d’un drapeau représentant la Martinique se tiennent jusqu’au 3 janvier prochain. Un comité de sélection choisira les trois meilleurs hymnes et drapeaux. La population devrait ensuite donner son avis mais une commission de sélection qui donnera le choix final.