Martinique : Appel au calme après deux journées de vives tensions à Fort-de-France

Martinique : Appel au calme après deux journées de vives tensions à Fort-de-France

©RCI

De vives tensions ont eu lieu ce vendredi à Fort-de-France entre les militants anti-chlordécone « Rouge-Vert-Noir » et les forces de l’ordre, après une première journée de manifestations tendues dans le chef-lieu martiniquais jeudi. Le maire Didier Laguerre a appelé au calme. 

Les tensions ont éclaté suite au placement en garde à vue, au commissariat de police de Fort-de-France jeudi matin, de trois militants « Rouge-Vert-Noir » suspectés de violences à l’encontre des forces de l’ordre. Présentés au tribunal dans la matinée, deux d’entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire et seront jugés en comparution immédiate le 27 août, rapporte France-Antilles. Les militants du mouvement anti-chlordécone se sont alors mobilisés pour soutenir les trois jeunes mais des affrontements avec les forces de l’ordre ont alors éclaté, durant jusque dans la soirée de jeudi.

Vendredi, les émeutes se sont poursuivies à Fort-de-France jusque dans la nuit. Les militants accusent notamment les forces de l’ordre de violences policières à l’encontre d’un des trois jeunes entendu la veille, et ont en fait part au maire du chef-lieu martiniquais Didier Laguerre lors d’une rencontre écourtée en raison du climat tendu. Plusieurs nouvelles interpellations ont eu lieu pour des faits de violences commises à l’encontre des policiers et gendarmes, rapporte encore France-Antilles. Selon la police, deux fonctionnaires ont été blessés, dont un sérieusement.

Durant ces deux journées, militants et forces de l’ordre se sont échangés projectiles et tirs de gaz lacrymogène. Du mobilier urbain a également été incendié, ainsi que les statues de de Joséphine de Beauharnais et Pierre Belain d’Esnambuc. Dans un communiqué, le maire de Fort-de-France affirme « qu’aucune réponse aux problématiques auxquelles nous, Martiniquais.e.s, sommes confrontés aujourd’hui ne peut naître d’actes de violence ».

Évoquant « les conditions d’arrestation », Didier Laguerre « déplore les comportements qui ne font qu’exacerber les tensions et ne permettent pas de dépasser les antagonismes ». « La réponse ne peut en aucun cas être la violence, et ce venant des deux parties, tant des forces de l’ordre que des manifestants. Je ne veux pas que la Ville de Fort-de-France soit le théâtre d’affrontements et de dégradations de biens publics ou privés ».

« Par ailleurs, je ne saurais accepter que des insultes racistes soient proférées à l’égard du peuple Martiniquais. J’appelle donc tous les acteurs à l’apaisement et au respect des valeurs humanistes qui nous ont toujours rassemblées », insiste-t-il encore. Dans un courrier adressé au Préfet Stanislas Cazelles, le député Jean-Philippe Nilor et le maire du Prêcheur sur « des arrestations excessivement musclées de militants activistes dans un contexte de relatif apaisement ». Eux aussi évoquent des insultes racistes de la part des forces de l’ordre et demandent des « explications claires » au préfet.

« La violence contre la police et la gendarmerie, ce sont des faits de nature pénale, il faut qu’il y ait une réponse pénale, il y en aura une et elle sera sévère » a déclaré ce samedi matin le préfet, interrogé par Martinique La 1ère. « Sur la chlordécone, il y a eu beaucoup d’échanges aussi sur la préparation du plan 4, et ces échanges vont continuer après les grandes vacances et sur un certains nombre de difficultés économiques et sociales que va connaitre la Martinique ». En face, partis politiques martiniquais et syndicats soutiennent les manifestants.