Lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane : 500 uniformes chaque jour dans la jungle

Lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane : 500 uniformes chaque jour dans la jungle

Les militaires du 9è RIMa se concertent avant une intervention pour débusquer les orpailleurs illégaux le long du fleuve Maroni dans le cadre de l’opération Harpie ©Jody Amiet / AFP

La lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, c’est chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers déployés sur un territoire plus vaste que l’Écosse où sévissent environ 10 000 orpailleurs clandestins, la plupart venus du Brésil.

Faute de pouvoir contrôler chaque sentier de la forêt tropicale, le dispositif, piloté par le préfet de Guyane, vise en priorité les flux logistiques des garimpeiros, pour entraver leur action et diminuer sa rentabilité. « Notre but est de maintenir l’orpaillage dans un seuil relativement bas », explique le directeur de cabinet du préfet de Guyane, Olivier Ginez. « Tant qu’il y aura de l’or, il y aura des garimpeiros. Notre but est de tenir le coffre, de faire retomber le niveau d’orpaillage illégal à un niveau acceptable. Et de travailler à trouver des alternatives économiques à l’orpaillage, via le développement ».

L'équipement des militaires du 9è RIMa stationnés à Saint-Jean-du-Maroni en Guyane française, le 20 janvier 2019 ©Jody Amiet / AFP

L’équipement des militaires du 9è RIMa stationnés à Saint-Jean du Maroni ©Jody Amiet / AFP

En forêt, les Forces armées en Guyane (FAG) maintiennent des postes avancés depuis lesquels les soldats, systématiquement accompagnés de gendarmes, de policiers ou de gardes dotés de pouvoir de police judiciaire, patrouillent, à pied ou en pirogues, les sites où les avions et les hélicoptères ont repéré des activités d’orpaillage. Deux barges saisies à des trafiquants ont été transformées en barrages flottants sur des affluents du fleuve Maroni, obligeant les garimpeiros à de long et couteux détours par des pistes taillées dans la forêt.

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En 2018, 1 323 patrouilles, soit en moyenne onze par jour, ont permis la découverte et la destruction de 765 sites clandestins et la saisie de 26 millions d’euros de matériel et d’avoirs criminels. 193 pirogues, plus de deux cents armes, 110 quads et 547 groupes électrogènes ont été confisqués ou détruits. Une partie de ces avoirs, notamment des quads ou des moteurs hors-bord, a été transférée, sur décision de justice, aux forces de l’ordre. « Notre but, c’est de générer de l’insécurité chez eux, de dégrader leurs flux logistiques », ajoute Olivier Ginez. « Je demande régulièrement aux soldats quel est le prix de la bière ou du litre de gasoil dans la forêt. S’il monte, c’est que notre action est efficace ». 

Des militaires français patrouillent le long du fleuve Maroni dans le cadre de l'opération Harpie ©Jody Amiet / AFP

Des militaires français patrouillent le long du fleuve Maroni dans le cadre de l’opération Harpie ©Jody Amiet / AFP

Selon les données de l’organisation non gouvernementale WWF, « dix à douze tonnes » d’or illégal sont exfiltrées annuellement de la Guyane et « treize tonnes » de mercure, servant à amalgamer les paillettes d’or pour les récupérer, sont relâchées annuellement dans le milieu naturel. Le Parc amazonien de Guyane, parc national de 34 000 km2 qui couvre le grand sud guyanais, est toujours très fortement touché avec « 122 sites » illégaux en activité au troisième trimestre 2018.

Avec AFP.