Lutte contre l’homophobie et la transphobie : Les Outre-mer participent à la conférence Amérique latine-Caraïb

Lutte contre l’homophobie et la transphobie : Les Outre-mer participent à la conférence Amérique latine-Caraïb

L’Expert Indépendant Victor Madrigal-Borloz est au centre ; à sa droite, se trouvent Céline FAURE (KAP CARAIBE), Moïse MANOEL (Gay Attitude Guyane) et Steven Kuzan (Le Refuge Guyane); à sa gauche, se trouvent Pedro Paradiso Solitle, Président d’ILGALAC, Alice Ochsenbein, adjointe de l’Expert Indépendant © DR

Pour la première fois, l’Association Internationale des Gays, Lesbiennes, Bi et Trans en Amérique Latine et Caraïbe (ILGALAC) a invité les militants de Martinique, Guadeloupe et Guyane à participer à sa conférence annuelle. Cette démarche correspond à la volonté de l’ILGALAC de développer des relations plus denses et plus profondes avec les territoires français d’Amérique par-delà la barrière de la langue.

La présidente de KAP CARAÏBE Céline FAURE, le délégué territorial du Refuge Guyane et coordinateur Outre-mer Steven KUZAN et le doctorant à l’université des Antilles et militant au sein de Gay Attitude Guyane Moïse MANOEL participent ainsi à la VIIIème Conférence Régionale de lutte contre l’homophobie et la transphobie qui se tient cette année à Bogota, en Colombie.

Une rencontre avec l’Expert Indépendant sur l’Orientation Sexuelle et l’Identité de Genre de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Victor Madrigal-Borloz, a été organisée pour lui faire connaître la situation des LGBT+ en Martinique, Guadeloupe et Guyane.

l'Expert Indépendant Victor MADRIGAL-BORLOZ est au centre ; à sa droite, se trouvent Céline FAURE (KAP CARAIBE), Moïse MANOEL (Gay Attitude Guyane) et Steven KUZAN (Le Refuge Guyane); à sa gauche, se trouvent Pedro PARADISO SOLITLE, Président d'ILGALAC, Alice OCHSENBEIN, adjointe de l'Expert Indépendant  © DR

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Parmi les problèmes évoqués, figurent la situation très spécifique des Outre-mer : une forte influence post-coloniale sur les mentalités, une application des lois qui reste différenciée entre l’Hexagone et les Outre-mer et une volonté politique qui demeure trop inconstante et changeante selon les différents responsables en poste. Mesurer le taux de violences s’avère également très difficile : les victimes ne souhaitent pas porter plainte ou les autorités refusent de les enregistrer si bien qu’en Martinique il n’y a par exemple aucun chiffre concernant les LGBTphobies. Des faits divers dramatiques, comme la séquestration puis torture d’un homme homosexuel en Guadeloupe ou les brûlures au fer à repasser subies par un autre dans le même département, viennent cependant rappeler que l’homophobie est réelle. Ces violences peuvent survenir dans l’espace public mais peuvent également être intrafamiliales. Enfin, le cas des nombreux réfugiés haïtiens LGBTI en Martinique mais surtout en Guyane (plus de 100 demandes d’aide auprès du Refuge depuis le début de l’année) fut évoqué avec l’Expert Indépendant.

Les militants ont présenté leurs différentes actions pour combattre l’homophobie. KAP CARAÏBE, qui organise de nombreux ateliers culturels pour permettre de libérer la parole des victimes, va ouvrir un local d’accueil mi-décembre et une ligne d’écoute téléphonique mi-janvier. Le Refuge Guyane, qui accueille et loge des jeunes LGBTI victimes de discriminations, forme également les services de l’Etat à la lutte contre l’homophobie : suite aux interventions du Refuge, la police de Cayenne s’est ainsi dotée d’un référent LGBT. Enfin, Gay Attitude Guyane, avec le soutien du Refuge, tente d’organiser la première Gay Pride de Guyane en mai prochain.

Coopération futures entre l’Expert Indépendant et les militants ultramarins

Victor Madrigal-Borloz, qui a posé de nombreuses questions aux militants, s’est dit très heureux de les avoir rencontrés car il ne connaissait pas la situation des LGBTI au sein de ces territoires. L’Expert Indépendant de l’ONU a rappelé ses différentes fonctions. Nommé par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et doté d’une totale liberté par rapport aux Etats comme par rapport aux organisations internationales, l’Expert Indépendant rédige différents rapports thématiques et géographiques sur les questions d’homophobie et de transphobie. Notant qu’il n’avait reçu aucune contribution pour l’ensemble de la zone Caraïbe lors de ses précédents rapports, il a invité les militants ultramarins à lui envoyer des éléments en vue des prochains rapports thématiques qu’il écrira (thérapie de conversion, droit à la santé, colonialisme et impact sur les LGBTI…).

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En parallèle à ses fonctions d’observation, l’Expert Indépendant peut également être saisi pour des plaintes relatives à des violations de droits fondamentaux par les Etats. Les informations qui lui sont transmises sont confidentielles et peuvent concerner des violations déjà parvenues ou pouvant parvenir. L’avocat costa-ricain a ainsi déclaré que les militants ultramarins pouvaient le saisir pour toute violation de droits de personnes LGBTI qu’ils pouvaient connaître sur leurs territoires.
Enfin, Victor Madrigal-Borloz a annoncé vouloir se rendre au sein des Outre-mer français pour mieux comprendre la situation et les formes de discrimination ressenties sur place.